Merci Oscar! (Adi)
J’avais rendez vous avec le plus émérite de mes professeurs : Oscar Langlois.
Le professeur Langlois enseignait la littérature à l’université où j’avais été inscrite par mes parents.
Je n’aimais pas l’enseignement de la littérature. Les cours étaient longs, les œuvres à lire étaient selon moi insipides. Je n’éprouvais aucun plaisir à étudier pendant la première année.
Mais lors de la seconde année, j’avais pour professeur Oscar Langlois. Il avait écrit bon nombre de livres sur la littérature français à l’époque médiévale.
Je ne connaissais pas cette période. J’ai découvert, j’ai aimé. J’ai aimé surtout sa façon de nous la présenter. Je buvais ses paroles. Chacun de ses cours était un ravissement.
Le professeur souhaitait me rencontrer pour m’entretenir d’un projet original.
Je ne lui avais jamais parlé directement. Ce « tête à
tête » me troublait. Je ne savais pas si je serais à la hauteur. Quand il
arriva, avec son grand manteau noir jeté négligemment sur une épaule, ses
petites lunettes sur le bout du nez et son attaché case à la main, je fus pris
de vertige. Il m’impressionnait !
Nous nous sommes assis, nous étions dans un café proche de l’université. Je commandais un café lorsqu’il m’interrompit brusquement : « Mademoiselle prendra un thé. Un thé « Bonté ». Le thé « Bonté » transformera votre vie. Tout va pour vous avec le thé « Bonté ». »
Je me suis résolue à prendre un thé. Puisque le professeur en vantait les vertus. Cependant je n’avais pas apprécié qu’il choisisse à ma place. Un mauvais point pour lui.
Si Oscar Langlois avait voulu me voir c’était parce qu’il souhaitait écrire un nouvel ouvrage. Non pas sur la littérature pendant le moyen-âge, mais sur les Eddas. Il voulait que je fasse des recherches. Je n’étais franchement pas emballée. J’avais entendu parler des Eddas pendant la première année. Mon intérêt les concernant flirtait avec le zéro.
Le professeur Langlois ajouta, sans doute à cause de ma mine déconfite, que je serai rémunérée et plutôt correctement car je devais me rendre sur site.
J’essayais de peser le pour et le contre rapidement. Je fus à nouveau stoppée net.
Oscar Langlois m’invita à déjeuner dans un restaurant, dont la gastronomie ressemblerait fort à ce que je pourrai gouter une fois installée dans le pays dont il m’avait parlé pour y faire des recherches.
Tout en parlant avec lui, j’essayai de réfléchir. Je m’étais résolu à accepter son offre parce qu’il m’avait annoncé que la participation à son ouvrage me permettrait de valider la fin de mon année scolaire.
Je le laissais choisir mon plat, et le vin. « Un bon vin, le vin de Höfn sera parfait. Höfn est une très belle ville, mais son vin est encore meilleur ! Buvez le vin de Höfn ! Buvez bien ! ».
Je lui annonçais mon intention d’accepter son offre. Il était ravi.
Nous avons mangé, bu un peu. Un mois plus tard je partais pour faire ces recherches.
Je ne suis jamais rentrée en France. La rencontre du professeur Langlois a changé ma vie. Grâce à son intention d’écrire un livre, j’ai quitté ma mère patrie et j’ai rencontré mon mari. Qui m’a donné de beaux enfants. Qui m’a permis de créer ma propre société.
Je vis heureuse à Höfn, et souvent je repense au professeur Langlois, rencontré 15 ans plus tôt, qui m’avait fait gouter le vin que je produis aujourd’hui.