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Le défi du samedi
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10 janvier 2009

Amante, poétesse, prédatrice (Pivoine)

Cette fois, je le sais, j’en suis sûre, c’est lui que j’aime, je l’aime 
à la folie ! Je l’aime et je l’aurai.

Même si des fois, je doute, je l’aurai, je le veux. Parce que nous
sommes faits l’un pour l’autre. Ne me demandez pas comment je le sais,
ni pourquoi je le pense, c’est comme ça, je le sens, je l’ai toujours
su. Dès que je l’ai vu. Je suis égoïste je le sais. Juste aujourd’hui!
Pour la première fois de ma vie, je ne me préoccupe ni des conséquences
de mes actes, ni des autres, ces autres! –Je les redoute simplement,
seront-ils des amis ou des ennemis? S’ils nous surveillent… Que sais-je
moi?

Chaque mercredi matin, il vient à la ville en train. Je le sais parce
qu’un jour, il m’a demandé de le raccompagner jusqu’à la gare. Alors,
voilà le stratagème que j’ai imaginé. Je me lève à l’aurore, moi qui ai
toujours été une lève-tard, moi qui redoute l’hiver, les aubes grises,
la pluie qui fouette les frontons de la Grand-Place et les dorures du
Baroque comme les pavés glissants… Moi qui hais l’hiver, je suis là,
sortie des voyageurs, chaque mercredi matin, cachée derrière une colonne
Morris.

Facile ! Je connais à peu près l’horaire de son train, je surveille
l’arrivée des navetteurs, - cela me donne le vertige, tous ces hommes,
toutes ces femmes à la face pâle et inexpressive, accrochés à leur
serviette de travail, en imperméable beige, tous ces gens inodores,
incolores et silencieux, se peut-il qu’ils aient une vie de passion
comme moi, comme lui? Si j’arrive à mes fins? Moi, l’amante, la poétesse
et la prédatrice?

Le voilà. Dès qu’il sort du tunnel, dès qu’il se détache de ce tsunami
humain, je m’en vais légèrement, droit devant moi, vers la Grand-Place,
il ne peut pas savoir, j’ai quelques mètres d’avance sur lui et c’est
lui qui m’aperçoit, et c’est lui qui se hâte et c’est lui qui m’appelle
et je me retourne, faussement surprise. Et nous nous regardons, nous
nous disons bonjour, on s’embrasse, on se tutoie, on fait quelques pas,
on y va, la matinée est belle, la journée sera bonne, qu’il pleuve,
qu’il vente qu’il neige, je m’en fous, aujourd’hui, la Reine! C’est moi!

***

J'aurai vu l'or et la gloire
L'orgueilleux chant de l'histoire
Et nos pas et notre joie
Bleuir au front de ces maisons
Aujourd'hui solitaires


J'aurai vu toutes les heures
Et l'aurore et sa douceur
Et l'attente dans l'hiver
Rougir un coin de ces maisons
Aujourd'hui silencieuses


J'aurai reçu pour demain
D'une voix et d'une main
Ma cité comme un bijou
Blotti dans la nuit revenue
Aujourd'hui souveraine


J'aurai peint ces souvenirs
En un trait en un soupir
Et leur tain fidèle et sûr
Qui resplendit dès aujourd'hui
En deux miroirs

.Embrasés


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Commentaires
P
A tous, merci ! A walrus tout spécialement qui sait de quoi il parle, à joe krapov qui me fait plaisir, à martine 27 qui m'a fait beaucoup rire, mais à tout le monde, pour vos commentaires et je trouve que vos participations aussi sont géniales !
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J
C'est calcule au millimetre pres!<br /> Et le poeme de fin est meveilleux.
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P
La ruse si bien menée et la fin tellement enlevée!<br /> <br /> Bravo!
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K
Quel beau texte qui finit en apothéose...
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M
Excellent Pivoine !
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T
Oh oui Pivoine, c'est super bien raconté! Je m'y voyais...
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W
Pas de trace d'un doute, d'une angoisse, ne fut-ce qu'un soupçon.<br /> Tu es souveraine lorsque tu es sereine.<br /> La reine, tu as raison.
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M
Truc très intéressant mais peut être à déconseiller en ce moment vu le temps. Sans compter qu'à se hâter sur le verglas, il pourrait se casser une jambe, bon ça permettrait d'aller le voir à l'hôpital encore une bonne ruse
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J
De haute volée. Total respect. Bravissimo.
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V
je me suis retrouvée......<br /> et j'aurai vu<br /> mes amours<br /> dans les tiennes
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B
J'aime beaucoup et le texte et la ruse.<br /> Bravo Pivoine.
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V
Pivoine, j'ai senti mon cœur battre très fort, et j'ai eu ce petit pic d'angoisse et d'exultation à la fois lorsque tu étais devant lui. Juste devant lui. Si je mettais en pratique une telle ruse, c'est ce moment fatidique que je préférerais. Il ne dure qu'une seconde, mais il est délicieux.
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T
Ah, le hasard, parfois, il est un peu ... niais.. il faut bien l'aider !!!!<br /> Bravo...
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J
Ah, ah, ah, la Gare Centrale, tôt un matin gris, je connais super bien !!! <br /> <br /> Bruxelles est une ville pour les amoureux. Mais il faut garder le secret, on ne voudrait pas que tout le monde le sache !!!<br /> <br /> Excellent texte, Pivoine, tu écris comme un ange.
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P
Pivoine vous me sciez les jambes.<br /> Alors ? Le hasard serait une invention féminine ?<br /> Dieu est une femme !
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