Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 270
Derniers commentaires
Archives
6 décembre 2008

Toutes proportions gardées (Joe Krapov)

Isaure a posé son antique magnétophone à cassettes devant le patriarche à barbe blanche. Elle a enfoncé les deux touches, sorti un carnet à spirales, un crayon et posé une photocopie de recette de cuisine à côté du livre de ce « Monsieur Max » dont le titre est : « … et je t’emmerde, petit con ! ».

- Votre roman s’inscrit dans le mouvement de l’autofiction, non ? »
- Sauf que tout est vrai. D’Hun, j’ai réellement connu 406 Attila. Je lui ai conseillé d’utiliser le feu pour faire cuire sa viande mais ce barbare n’a jamais voulu passer au régime sans selle. Résultat il est tombé sur une vache folle, viande avariée, septicémie galopante plus rapide que le cheval, il est tombé raide mort, ce petit con ! C’est bien fait ! Il n’avait qu’à m’écouter ! De deux… »
ciseaux_et_pointill_s

Ingrédients d’un fondant à l'orange pour 4 personnes :
1 grosse orange juteuse ; 120 g. de beurre + 1 noix pour beurrer le moule ; 2 œufs ; 120 g. de sucre en poudre ; 120 g. de farine ; 1 cuillère à dessert rase de levure chimique
Pour le glaçage: 1 orange juteuse ; 160 g. de sucre glace

ciseaux_et_pointill_s

-… -771 Rémus et Romulus ! C’est moi qui leur ai amené la louve qui les a nourris. Sans moi, pas de forum, pas de vraie Rome, pas de Cinecitta et pas de 1920 Fellini Roma ! Je leur avais bien dit pourtant de se méfier de celui de leurs descendants qui franchirait le Rubicon ! Ils m’ont répondu : « Papy, on ne peut empêcher personne de carburer au gros rouge ! ». Quelles taches, ces deux-là ! Le déclin de l’Empire romain, après, je ne vous raconte pas ! Si on m’avait écouté, mais non ! A l’époque, ils étaient tous rendus au forum à faire des commentaires sur tout et n’importe quoi. Comme aujourd’hui, du reste ! Quels petits cons, quand j’y repense. De trois… »

ciseaux_et_pointill_s

Râpez le zeste d’une orange avant d’en extraire le jus.
Allumez le four thermostat 6 (environ 200°).
Plongez une terrine quelques minutes dans de l’eau très chaude.
Coupez 120 g. de beurre en petits morceaux.
Essuyez la terrine et mettez-y le beurre puis 120 g. de sucre et travaillez longuement le mélange jusqu'à obtenir une sorte de crème.
Incorporez à cette crème 2 oeufs entiers, un par un, sans cesser de remuer.
Ajoutez ensuite les 120 g. de farine, le zeste de l'orange finement râpé et, enfin, son jus.
Terminez en incorporant une cuillère à dessert de levure.
Beurrez un moule à manqué (carré de préférence).
Versez-y la préparation et glissez-le dans le four pour environ 35 minutes.

ciseaux_et_pointill_s

- La guerre de Troie, j'ai tout fait pour qu'elle n'ait pas lieu mais n'hélas... »
- …On ne vous a pas écouté !. Les histoires de poire Belle Hélène, ca ne va pas trop intéresser les lectrices du « Défi du samedi ». Vous pourriez avancer un peu plus vite dans la chronologie ? »
- 800, ça vous va ? C’est comme ce sacré Charlemagne ! Il avait raflé la mise, lui, reconstitué l’empire à son profit. Je lui ai dit de se méfier de ses petits-fils. Au lieu de cela, monsieur se plantait des fleurs dans la barbe et écoutait de la musique pope ! Le Flower Power avant l’heure ! Il aurait pu vivre sur un grand pied comme sa mère, mais non, débranche tout ! Limite pédophile, le mec, à distribuer des cachous, des sucettes à l’anis et des poupées de cire aux petites filles à la sortie des écoles. Bref, comme disait 715 Pépin, en 843, ce fut Verdun ! »

ciseaux_et_pointill_s

Pendant la cuisson du gâteau, préparez le glaçage : pressez l'orange, mettez les 160 g. de sucre glace dans un bol et versez le jus peu à peu en remuant de façon à obtenir une crème coulante mais assez épaisse. Dès qu'il est cuit, démoulez le gâteau et arrosez-le immédiatement avec la moitié du glaçage. Cette opération va le rendre moelleux. Lorsque le gâteau est totalement refroidi, étalez le reste de glaçage qui, cette fois-ci, va rester en surface et lui donner son aspect «glacé».

ciseaux_et_pointill_s

- Vous n’avez rien de plus glamour, de plus « people » que ces règlements de comptes entre politiques pour nos lectrices ? »
- Vous voulez que je vous raconte les débuts de 1492 Line Renaud à la cour d’Anchois Pommier ? »
- Vous voulez dire 1494 François Premier ? »
- C’est le même ! Les surnoms étaient à la mode à l’époque. Elle n’a pas fait long feu la Marie-Line en 1515 ! Marie Gnangnan on l’a appelée, elle, à cause de sa chanson sur le petit chien dans la vitrine ! Je lui ai conseillé d’attendre jusqu’au 20e siècle. Elle m’a écouté, elle au moins, la demoiselle from Avant-hier ! »
- Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour publier vos carnets à spirales ? Vous avez été le conseiller secret de tous les grands de ce monde… »
- Les grands ? Des nains, oui ! Regardez 1769 Napoléon ! Toujours les yeux plus grand que le ventre ! Il roulait en Volvo Marengo, il est allé faire le plein de Benrézina en Russie, il n’a pas surveillé le niveau de son Waterloo, résultat il a coulé une bielle à Sainte-Hélène ! Ils m’énervent tous, ces petits cons, à pas m’entendre ! Du coup j’ai décidé de prendre ma retraite. Ca fait quand même 5000 ans que je cotise, il est temps de laisser la place aux jeunes ! Et comme ce genre de ragots ça marche bien en librairie, j’essaie d’arrondir mes fins de mois. Mais je le vois bien que personne ne m’écoute plus. Même vous, depuis le début, vous recopiez votre recette ! »
- Plus personne n’écoute plus personne de nos jours. We are whistling in the dark ! »
- Pissing in the wind, oui ! Vous savez que le premier homme à avoir pissé dans un violon, c’était 1737 Stradivarius ? »
- Eh oui, c’est fou ! Victime d’un diurétique, peut-être ? »
- Il était en pleine crise de 1782 paganinisme, comme cette société ! »
- Le secret de votre longévité c’est quoi ? »
- Comme 1874 Churchill. Le sport. Jamais de sport ! Et vous, mademoiselle Chassériau, comment se fait-il que vous soyez née en 1818, portraiturée par votre oncle pour obtenir un prix au Salon de 1838, que vous reparaissiez en 1966 pour diriger l’Agence de Flânerie Amoureuse de Rennes, puis vous quittez votre tableau du Musée des Beaux-Arts en 1999 et on vous retrouve journaliste au « Défi du samedi » en 2008 ? Sans compter que je vous ai déjà vue à Alexandrie où vous avez aidé à la rencontre de Cléopâtre de 5 à 7 avec ce pitre de César, que vous avez été demoiselle de compagnie de Catherine de Médicis et que vous nous avez joué un tour de Cauchon à Rouen en 1431 en nous subtilisant Jeanne d’Arc ? C’est quoi, le secret de votre jeunesse éternelle, à vous ? » 

Isaure appuie sur la touche « stop » du magnéto et range son matériel dans sa sacoche. 

- Quand on aime, on a toujours vingt ans ! »
- Tss ! Tss ! On me l’a déjà sortie, celle-là. Je n’y crois pas ! »
- Le secret, c’est de partager la recette du fondant à l’orange avec le maximum de gourmandes de connaissance, monsieur Mathusalem ! Maintenant qu’on est « off the record », vous pouvez m’expliquer pourquoi vous êtes aussi aigri ? »
- Mon petit-fils -2970 Noé m’a beaucoup déçu. Son côté 1710 Louis XV, « après moi le déluge » ! Vous trouvez normal, vous, qu’il ait embarqué les moustiques du chikungunya dans son arche et pas son grand père ? Les jeunes sont en train de perdre le sens de la famille ! Mais allez, je me suis bien vengé quand je l’ai fait engager par Coca-Cola ! Vous ne trouvez pas qu’il a l’air ridicule avec son costume rouge, son pompon blanc, son traineau tiré par des rennes et sa tournée des popotes du 24 décembre pour laquelle il doit bosser plus toute l’année pour gagner moins que rien tandis que je me la coule douce désormais ? »
- Ca se discute. Tout peut se discuter de nos jours. » 

***

 - … y compris l’intérêt de publier une pareille interview dans notre journal !», commente Janeczka, la rédac’ chef un peu fâchée.
- Allez, mon Bijou ! Si tu découpes suivant les pointillés, tu récupères la recette de ce gâteau succulent !. Tu vas bien nous trouver deux pages de pub à mettre au verso ? Comme dit Iowagirl, « quand on aime, on ne compte pas » ! Reprends en une part de ce fondant ! » 

Mais, de fait, le plat est déjà vide. Toutes proportions gardées, en voilà un qui n’a pas fait long feu !

Publicité
Commentaires
K
Admirative... Comme à chacune de vos participations.
Répondre
V
La chronologie historique (JoeKrapovienne) fait recette!<br /> Sourire<br /> Vanina
Répondre
J
Ca tire dans tous les sens, un delire a l'etat pur!
Répondre
T
Joé met à profit les temps d'attente en cuisine pour faire mousser son imagination .....<br /> Rigolo !!!
Répondre
M
Un vrai melting-"potes" quoi !<br /> :-D
Répondre
J
Walrus tu as tu as tout compris et parfaitement résumé la chose. Rassure-toi, Val, on est deux à ne pas bien comprendre ce que trafiquent mes personnages. Ils nous emmènent dans un délire, c'est sûr, mais, comme dans certains contes chinois, on peut se demander, après lecture qui délire ! L'auteur ? Les personnages ? le monde ?<br /> <br /> Bon week-end à tous et à toutes !
Répondre
W
Tout ça, c'est des histoires.<br /> Merci pour la recette, je vais la donner à ma petite-fille pour agrémenter ses vacances de Noël.
Répondre
V
Je dois bien avouer que je me suis un peu perdue ... Je n'ai pas tout compris. <br /> Et, ce qui m'inquiète, c'est que apparemment je suis la seule. Aie!
Répondre
J
842, Strasbourg a fait un serment à sa France, sy suys de nom...<br /> 1066, Les cheveux en bataille !<br /> 1429, Une fille son boulot de bonniche à Orléans, mais elle a éteint la lumière au petit coin (john dark), plus tôt, plutôt Tu-parles-charles chinait à Chinon (non, c'est pas en Chine)<br /> 1789, La belle Bastille ne pouvait pas sortir, elle était déjà prise !<br /> 1848 : Une année bissextile, mais c'était encore défendu à l'époque, six ans plus tard Oscar serait Sauvage<br /> 1919 : Un ti treat à Vers, sigh<br /> 2008 : Joe Krapov, couronné Roi du Rire
Répondre
T
Noé en Père Noël... voilà qui est surprenant!<br /> Comme d'habitude, ton texte rempli d'humour m'a fait sourire Joe!
Répondre
B
Un régal ton texte Joe !
Répondre
P
Ah ben c'est malin, maintenant je suis partagée, que dis-je : déchirée entre l'envie d'essayer la recette et celle (moins pressante j'avoue ;o) de réviser un peu mes classiques, histoire de (par)faire ma modeste culture historique!<br /> <br /> Encore une lecture jubilatoire (et appétissante)!
Répondre
M
J'adore l'histoire revue et corrigée façon Lycée Papillon et en prime une recette qui met l'eau à la bouche
Répondre
M
HA,ha, ha !!! On se régale dans les deux sens du mot ! Un rire gourmand quoi !!!<br /> Pan dans le mille pour Mathusalem !
Répondre
C
Pauvre Noé! Mouarf. Bon merci pour la recette mais j'arrive pas à découper mon ordinateur. Et j'aurais aimé ta version de la guerre de troie moi j'aime la mythologie.
Répondre
P
On sent poindre Noël, il y en a pour tout le monde. Gare à l'indigestion !
Répondre
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité