Detective particulier (Val)
Cher Monsieur Blousé,
.
Après moult investigations (qui d’ailleurs m’ont mené au bout du monde, vous trouverez ci-joint mes notes de frais), j’ai enfin retrouvé votre douce épouse et son polisson de ravisseur. Que je vous rassure : elle va bien ! Son moral est au plus bas, mais elle est en bonne santé.
.
Croyez-moi, Monsieur, la retrouver n’a pas été chose facile ! Ce coquin de voleur d’épouse est très futé ! C’est dans un phare qu’il la retient prisonnière, sur une Ile quasi inhabitée.
.
J’ai retrouvé leur trace depuis quelques semaines, mais j’ai attendu d’en savoir un maximum avant de vous contacter. J’ai mené mon enquête. J’ai pris contact avec le ravisseur. J’ai pu parler avec votre épouse (qui d’ailleurs me charge de vous dire combien elle vous aime). J’ai même pu prendre quelques clichés.
.
A ce propos, mon appareil est tombé en panne. Fort heureusement, un jeune touriste a accepté, moyennant quelques billets, de me céder le sien. Vous comprendrez, cher Monsieur, je vous serai très reconnaissant de bien vouloir me faire un virement bancaire des sommes dépensées dans le cadre de l’enquête. Le seul motel de l’Ile est très onéreux (fort heureusement ils acceptent les cartes visa), et les vivres sont hors de prix. Je ne pourrais pas aller au bout de la mission que vous m’avez confiée sans une avance de frais. J’ose croire que vous le comprendrez.
.
Il serait bien trop long de vous expliquer en détail les embuches et rebondissements qui m’ont conduit jusqu’au repère ou est retenue votre femme. Je vous en ferai le récit de vive voix lorsque ma mission sera accomplie et que vous me remettrez, comme promis, ma récompense.
.
Pour l’heure, il faut que je mette tout en œuvre pour libérer votre dame au plus vite. Le temps presse. Et il est contre nous ! Je me suis entretenu avec le vicieux détrousseur : il demande une rançon.
.
Je préfère vous mettre en garde, Monsieur Blousé, c’est pour votre bien : ne prévenez pas les autorités. J’ai déjà eu affaire à cet individu. Il est dangereux. Il la tuerait s’il soupçonnait la moindre duperie de votre part ou de la mienne.
.
Je sais comme vous aimez passionnément votre belle épouse, et je sais également comme vous pouvez vous montrer raisonnable quand la situation l’impose. Ayez confiance en mon professionnalisme, Monsieur Blousé ! Je vais prendre les choses en main, et bientôt, moyennant le demi million réclamé par l’individu, elle sera à nouveau dans vos bras.
.
Par chance, il y a une banque sur l’Ile. Le mieux est encore que vous me versiez le demi-million par virement bancaire sur mon compte courant, et je m’arrangerai pour retirer la somme en liquide et la verser au ravisseur.
.
Bien évidemment, mon cher Monsieur Blousé, les risques encourus sont énormes et avérés. Le kidnappeur me demande de l’attendre demain, dés l’aube, seul dans une barque au milieu de l’étang que le phare domine, avec la valise contenant les billets, bien évidemment.
.
Qui sait s’il ne me tuera point ? Aussi, pour assurer un train de vie honnête à mes enfants, je vous prie de bien vouloir me verser également, sur mon compte, une prime de risque qui vous sera rendue si je survis. Dans le cas contraire, cher Monsieur, mes héritiers toucherons la somme en dédommagement. C’est à cette seule condition que j’accepte la prise de risques.
.
Je vous prends au dépourvu, je l’admets, Monsieur Blousé, mais sachez que le temps presse, et que si la transaction n’a pas lieu demain matin le dangereux vaurien repartira de plus belle vers d’autres lieux inconnus, avec votre épouse en otage. Qui sait si je les retrouverai ? Cette fois nous avons eu de la chance, mais ce ne sera peut-être pas toujours le cas…
.
J’attends de vos nouvelle au plus tôt, cher Monsieur Blousé. Et, pour vous rassurer sur ma bonne foi, vous trouverez ci-joint, en plus des notes de frais et factures diverses, une photographie du phare dans lequel est retenue votre épouse.
.
Votre fidèle et dévoué détective privé
Jean Lovelace.
.