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Le défi du samedi
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8 novembre 2008

La recette du KadHB (Joe Krapov)

- Eh bien aujourd’hui, ma chère Catherine, nous allons nous intéresser à la recette du KadHB pour les ceusses qui sont un peu galaffes et qui aiment à se fourrer des bonnes choses dans le copail !
- Je suis prête, môssieu Raymond. J’ai mis ma catiolle et ma belle devantière !
-Vous allez commencer par me sortir vos orceux !
- Tous ?
- Il faut une robervalle avec son valiseau, un fil à couper l’amann de la Prévalaye, une boursoule à bords relevés, un rollet à pâtisserie, une bolée et un grand coulvassier.
- Voilà, voilà. J’ai tout déballé.
- Les ingrédients à présent : il faut 200 g. de farine, 200 g. de sucre et 200 g. d’amann,une pincée de sel, du lait, de l’huile et un sachet de levure de boulanger lyophilisée.
- Oh oui, oh oui, j’aime la levure ! C’est ce qui fait gonfler la pâte ! Mais je ne savais pas qu’on pouvait lyophiliser les boulangers !
- Justement ! Vous allez commencer par me remplir une bolée d’iao au robin. Veillez à ce qu’elle ne soit ni trop chaude, faut pas qu’elle soit à bouëdre, ni trop froide, mon boudet. Comment ça fait-y quand vous y boutez le doigt ?
- Hi ! Hi ! C’est mouillé !
- Dans votre bolée d’iao à 37°, vous y versez la levure. Mélangez, maintenant.
- Beuh ! C’est dégueu ! C’est comme quand je me suis guénée à la rave  !
- On va faire d’abord la pâte à bara. Fourrez donc une tapée de farine dans le valiseau avec une pincée de sel. Versez l’iao avec la levure. Mélangez. Complétez avec un gobillon de lait puis avec une cuillerée d’huile pour obtenir une pâte bien lisse.
- Il est-y pas beau, môssieur Raymond, ce pâton ?.
- Maintenant je vais vous le démêler à la façon de mon grand-père…
- Oh oui ! Oh oui !
- Vous poussez la pâte devant vous avec la paume de la main, c’est ça, poucéyez, vous repliez vers vous, vous donnez un quart de tour à droite, vous repoucéyez, repliez, donnez un quart de tour et ce pendant quatre bonnes minutes.
- Ca va vraiment monter après toute cette pétrissure ?
- Mais oui, mais oui, ne vous bilez point. Voilà qui est bien. On va la mettre à reposer au chaud près d’un radiateur pendant trois quart-d’heures. Pendant ce temps, si vous le voulez bien, ma chère Catherine, je vais vous emmener voir ma fabuleuse collection…
- …d’estampes japonaises ?
- … de fèves de l’épiphanie ! 

Trois quarts d’heure plus tard : 

- Oh ! Môssieur Raymond ! Comme c’est gros et beilloux, maintenant !
- Eh oui, Catherine ! Grâce à vos mains expertes, l’objet s’est développé et a pris des proportions admirables ! Prenez le rollet à pâtisserie !
- On va l’écabouir ? Quel dommage !
- On l’écabouit de manière à former un très grand cercle, plus grand que la boursoule. Vous allez ensuite couper avec votre eustache deux cent grammes d’amann si possible en neuf morceaux rectangulaires que vous allez poser au centre du cercle de pâte. Ensuite vous pesez deux cent grammes de sucre fin que vous frambayez par-dessus. Vous repliez ensuite les forrières des quatre coins pour encrouiller beurre et sucre.
- Et après ?
- Après on se lance dans un feuilletage. Avec le rollet, j’écabouis la pâte de manière à obtenir un rectangle trois fois plus long que large.
- Comme ça ?
- Oui très bien. On replie en trois et on donne un quart de tour. On recommence l’opération trois ou quatre fois en veillant bien à ce que l’amann et le sucre ne se décrouillent pas.
- C’est bien comme ça ?
- Très bien, chère Catherine ! Maintenant vous le positionnez dans la boursoule et je vais vous l’enfourner vingt- minutes…
- Oh oui ! Oh oui !
- … à thermostat 240 °.
- Waouh ! C’est chaud ! Mais dites-moi, môssieur Raymond, maintenant que l’objet est à cuire, qu’il nous reste à ramasser le bourrier et à faire notre échauderie, c’est quoi un KadHB ?
- C’est un Kouign-amann de Haute Bretagne !
- Qu’est-ce qu’il a de particulier par rapport à un KadBB ?
- Celui-là, au bout des 20 mn, on le retourne dans le grand coulvassier et on le réenfourne pour dix minutes !
- Ah oui, un petit supplément gratuit ? Un « reviens-y faire des beluettes » ? C’est un tour de main de votre grand père ? Une essespécialité régionale ?
- C’est surtout que mon fourneau est vieux et qu’il chauffe plus en haut qu’en bas ! Ca permet de faire cuire le dessous en le mettant cul par dessus ! 

30 minutes après : 

- Voilà, ma chère Catherine, ce kouign amann doré sur ses deux fesses, euh pardon, faces ! Comme il a l’air goulayant ! Il est temps de passer à table et de royaumer. Mais, qu’y a-t-il, vous faites la renfignouse, Catherine ? Vous êtes déçue ? Quelque chose ne vous a pas plu ? Mais vous pleurez ?
- Ben oui, je viens de me rappeler que je vais pas pouvoir en gaffer du KadHB à cause de mon cholestérol !
- Ce n’est pas grave, ma chère Catherine. Pour vous consoler, je veux bien vous la montrer, maintenant, ma collection d’estampes japonaises !
- Ah ? Vraiment ? Ben écoutez, je suis désolée, mais…
- Mais quoi Catherine ?
- J’ai pus envie !
- Bouououh !
- Mais saperlotte ! Pourquoi vous pleurez, vous aussi, môssieur Raymond ? pas pour les estampes quand même ?
- C’est à cause du gâteau ! Je dois faire mon renoncis, moi aussi !
- Vous avez du cholestérol ?
- Non. Moi, je ne peux pas en manger… à cause de mon diabète ! 

V’la l’boute !

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Commentaires
P
J'ai dégusté ce texte savoureux et m'en suis régalée! (et c'est moins mauvais pour la ligne que de se préparer un kouign amman... Celà dit je garde un souvenir ému du dernier que j'ai mangé et là, du coup... ben voilà. J'ai faim.)
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J
On se regale avec toi, Joe!
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O
Cette lecture m'a mis la galafferie
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T
Par contre... le KadHB... je me l'autorise une fois dans l'été (pour les raisons dont vous avez déjà parlé)... il y a une pâtisserie dans le Médoc qui en fait de très bons....
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T
Ah.. les alouettes sans tête !! Ma grand Mère les faisait sublimes ;-))<br /> Petit voyage dans le temps ....
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R
j'avoue ne pas connaitre raymond et catherine, mais au texte deviner le scénario....<br /> par contre, cela ne m'a pas emp^éché de sourire tout le long de la lecture...
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P
Ce qui a de bien quand on commente après tout le monde, c'est qu'on découvre plein de choses, je suis allée regarder le petit film, je sais donc maintenant cuisiner les alouettes sans tête et les beignets de carottes, j'ai fait la connaissance de Catherine et de Raymond, et grâce à toi je sais même cuisiner le Kouign amman...<br /> Avec tout ça, je serai bientôt bonne à marier ;-)))<br /> Et j'ai beaucoup aimé les petits clins d'oeil du texte ;-)
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B
Je crois que je vais adopter la catiolle et la belle devantière.<br /> J'aime beaucoup de kouign amann, mais je n'ai jamais essayer d'en faire un. Après tout, pourquoi ne pas essayer, y'a rien que du bon, farine, sucre, et juste un tout petit peu de beurre. ça ne peut pas faire de mal.
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M
J'ai essayé une fois d'en faire de ce truc, ce fut une catastrophe, maintenant j'achète tout fait. Voilà encore un texte à lire et relire ! Ah Raymond et Catherine, ça ne nous rajeunit pas non plus tout ça et puis lui je ne crois pas qu'il estourbissait les anguilles !
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J
>Cartoonita : un nouveau voyage dans le temps ? Voici l'original de 1960. A défaut de cochon, voici le veau (à l'époque, tous les Français l'étaient, paraît-il !):<br /> http://www.truveo.com/Les-alouettes-sans-t%C3%AAte/id/2305843010253751352
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C
J'imagine bien ce prof cuistot sous les traits d'un Berrurier. Y'a le verbe gouleyant, y manque juste un morceau de cochon bien gras dans c'te recette.<br /> ;-)
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V
vive le KadHB libre , vive Joe !
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J
Moi, je mets mon devanteau pour écabouir la pâte et pas m'en torcher pien la devanture.
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J
Merci à vous de vos rires et approbations. Je dois à la vérité de vous signaler que les termes "inventés" sont en fait tirés du "Dictionnaire des locutions populaires du bon pays de Rennes-en-Bretagne / de M. Honoré Coulabin - Marseille : Laffitte, 1978 (Reprod. en fac-sim. de l'éd. de Rennes : H. Caillière, 1891)" ce qui ajoute une dimension historico-ethnologique à ce petit sketch. <br /> Tout pourrait donc sembler normal à un Haut Breton de 1891 qui lirait ces lignes sauf ceci : un coulvassier est en fait un farceur et une boursoule une brouette !
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T
Extraordinaire!..; je suis morte de rire .... c'est vraiment un super texte, on s'y croirait, c'est surréaliste et à la fois tout à fait dans le vrai , plein d'humour et d'inventions (avec le nom des instruments je me suis crue un moment dans les labos d'harry potter)et les angles de lecture multiples .... bravo Joe!
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V
Ha ha ! J'aime bien!<br /> Bravo! C'est terrible!
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J
Au début, je me disais des cinnamon rolls, mais je connais ! je connais des Kouign-amann ! J'en ai vu à Morlaix, hein, et j'en ai même offert un au fils de ma charmante hôtesse. Mais c'est pas moi qui l'ai fait, je l'ai acheté dans une de ces petites ruelles qui montent (j'oublie le nom exact, tu me le diras...).<br /> <br /> "devantière", c'est joli aussi, à partir de désormais, j'appelle le mien ainsi.<br /> <br /> Beau texte, capitaine Krapov !!
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K
Bravo, c'est excellent...
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T
Texte bien plaisant... Maudit cholestérol, et en plus, ce fourneau qui est vieux et qui chauffe plus en haut... Ca risque de faire rater la cuisson...
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M
Ah ! Raymond et Catherine ! Que de souvenirs télévisionnesques cela rappelle !<br /> Ne pas oublier de mettre sa "catiolle et sa belle devantière" avant de se lancer dans cette recette où rien ne manque pas même le grand coulevassier ! <br /> Du grand art culinaire ! BRAVO Joe !
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P
Je me suis régalé à cette double lecture, triple même si j'essaie de m'imaginer tentant la réalisation du KadHB.<br /> C'est un fameux texte, bravo !
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W
Envoyez, cher ami! Il y a longtemps que mon cholestérol a explosé et je n'ai plus dégusté de kouign amman depuis le mois d'août :-(
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