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Le défi du samedi
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25 octobre 2008

Le lazer TYUIOP (MAP)

LAZER

« Le lazer TYUIOP »

 

 

 

 

 

Mesdames, Monsieur, voici l’invention que je viens de mettre au point : le  « LAZER   TYUIOP » ou Trois en UN. C’est un  « LAZER » à triple détente pour faire vos traitements de textes trois fois plus vite à l’ordinateur sans clavier !

 

 

 Vous pensez votre texte et  il l’écrit grâce à un détecteur alpharachidien à haute résultante amphibiométricolatératriphasée en lien avec un lecteur de pensées rapides haute performance de type gamma omnixcellux-cerviçavantoux.

 

 

 

Il vous suffit de connecter l’appareil sur votre ordinateur avec une simple prise USB pour qu’il émette des ondes dans un rayon d’action que vous aurez vous-même déterminé. L’hémisphère nord de votre cerveau étant ainsi sollicité, vous n’avez plus qu’à penser à votre travail en cours et les textes s’afficheront à l’écran immédiatement. Vous pouvez ainsi  vous reposer de l’hémisphère sud, ce qui vous permet une pose détente d’un côté tout en travaillant rapidement de l’autre. Vos mains étant libérées du clavier rien ne vous empêche  de prendre pendant ce temps votre repas ou à vous occuper à d’autres tâches utiles ou ludiques.

 

 

J’ai testé mon appareil sur une centaine de personnes de tous âges avec succès … si vous voulez voir les documents.

 

 

 Je dois ajouter que j’ai bien entendu pensé aux habitués de Christopher Latham Sholes et qu’un simple inverseur QWERTYIOP permet de transcrire les pensées des intéressés.

 

A ce moment les membres du jury se retirent pour se concerter.

 

A leur retour :

 

 

L’un d’entre vous désire-t-il essayer mon appareil ?

 

Mesdames ?....... Vous préférez laisser la place à Monsieur.

 

Monsieur, oui … Bien ! Je vais brancher le « Lazer » sur votre ordinateur portable.

 

Un moment, voilà, c’est fait. Allez-y, pensez, nous allons avoir le résultat tout de suite.

 

 

Sur l’écran :

 

 

« Mon p’tit gars, t’es bien gentil, mais nous n’aimons pas trop qu’un appareil vienne s’immiscer dans nos pensées …. alors tu remballes vite fait et nous passons au « client » suivant ! Sans rancune ! »

  MAP


2000 caractères

 

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25 octobre 2008

Littérator' 2000 (Poupoune)

Mon invention, je n’irai pas par quatre chemins et ne jouerai pas la fausse modestie, va tout bonnement révolutionner la littérature ! Il s’agit d’une machine à réécrire n’importe quel texte pour qu’il fasse deux mille caractères exactement. Pas un de plus, pas un de moins, espaces et ponctuation compris. Deux mille caractères, c’est très exactement la longueur de texte idéale déterminée par une équipe d’éminents scientifiques, psychologues et linguistes : assez long pour induire une lecture attentive, mais trop court pour ennuyer le lecteur. Des tests sérieux effectués sur un échantillon représentatif de la population ont prouvé que cette longueur de texte sied aussi bien au lecteur jeune et pressé qu’au lecteur âgé exigeant, à l’adolescente écervelée ou à la mère de famille vieillissante.

Comment ça marche ? C’est très simple : vous entrez le texte à convertir, vous sélectionnez la langue du texte d’origine parmi les vingt-deux langues disponibles et vous appuyez simplement sur le bouton « conversion ». En trente secondes à deux minutes selon la longueur du texte d’origine, vous obtenez votre version réécrite en deux mille caractères.

Vous trouverez en annexe des exemples qui en disent beaucoup plus long que n’importe quel discours : « Guerre et Paix », « Harry Potter », mon curriculum vitae et la phrase « Passe-moi le sel » réécrits chacun en deux mille caractères.

Vous remarquerez à travers ces quelques exemples que le style de l’auteur tout comme le sens du texte sont parfaitement respectés.

De quoi satisfaire à toutes les attentes du lecteur moderne : poids et volume des ouvrages facilitant le transport et le stockage, temps de lecture équivalant à une ou deux stations de métro ou de bus, ou encore à la page de publicité du film du dimanche soir…Et bien entendu, cet argumentaire percutant a été intégralement réécrit par cette machine révolutionnaire, à partir de la phrase : « J’ai inventé une machine qui réécrit tout en deux mille caractères ». Alors, convaincus ?

2000 caractères

21 octobre 2008

Présenteront leur invention :


WALRUS, TILLEUL, JOYE, RSYLVIE, Papistache, Janeczka, MAP, Poupoune, Seb, Joe Krapov, Teb, Martine27, Pandora, Caro_Carito, Alice, Tiphaine, Kloelle

20 octobre 2008

Petit mot

Deux trois nouvelles participations pour le defi de samedi dernier: celle de Pivoine et celle de Captaine Lili.
Et celle de Teb
Comme quoi, meme les retardartaires ont leur place!

19 octobre 2008

Participation de Teb

Ben, si on va plus loin on peut évoquer le doux étui dans lequel se
glissera le sabre précieux orné de ses bijoux ...

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19 octobre 2008

Description - Captaine Lili

Lui, que dirait-il de moi ? Quels mots choisirait-il pour décrire mes cheveux châtaigne indisciplinés, mon regard océan ? Et pour ma peau inconnue, la nuance de mes lèvres, la mélodie de ma voix ?

Moi, j'aimerais écrire sans fin la braise de ses yeux, le sarrasin dru de ses cheveux, sa peau mate qui habillerait ma peau blanche, sa bouche à croquer.
Mais je ne ferais pas rimer des mots de bijoutiers... Pour l'esquisser, je prendrais des mots de voyage, ceux qui ont le goût salé des embruns et qui sonnent comme le vent dans une voile. Je dirais qu'il a un rire d'aventure, le corps présent, un visage de mystère. Des yeux qui m'ancrent. Des lèvres qui m'envolent. Je chanterais la force tellurique de ses bras. Et je dirais sa voix comme la rumeur des vagues.
Si je pouvais, j'inventerais une autre langue...

Mais lui, quels mots choisirait-il s'il parlait de moi ?

19 octobre 2008

Défi #32

Tout d'abord, merci à tous et à toutes pour vos délicieuses participations pour le défi d'hier.
Je crois que nous avons tous été agréablement surpris!!! Le vieux Renard vous a inspirés... ;)

Sans plus attendre, je vous livre la consigne pour le prochain défi:

"Nous sommes un jury de mécènes. Vous êtes un jeune inventeur.

Vous avez deux mille caractères pour nous présenter votre invention et surtout pour faire pencher la balance en votre faveur pour qu'on finance votre projet.

Attention, l'objet se doit d'être une invention innovante qui révolutionnera... ce que vous voulez!"

Comme d'habitude, les participations sont à envoyer (dans le corps du mail de préférence) à :

samedidefi@hotmail.fr

Merci, et bonne écriture!!

Pour info : le texte d'Alice, posté samedi 18 octobre, comptait 2181 caractères (espaces et titre compris nous dit la machine) et celui de Caro-Carito 8761 !

19 octobre 2008

Participation de Pivoine

"L'intimité de la femme est le chagrin de la boutique d'or et de velours 
que l'adolescente ne cambriole point"
18 octobre 2008

Cou de foudre (Joe Krapov)


Le petit cou d’albâtre a la blancheur du cygne

Et l’élégance du bijou posé sur guimpe.

J’approche l’inconnue d’une manière indigne

Mais le flacon, l’ivresse et le désir qui grimpe… !

Le costume est d’hier et la chair d’aujourd’hui.

Sur la nuque, mes doigts voudraient bien s’égarer :

D’ici part un empire identique à celui

Qui s’est, par sa muraille, au pire préparé.

Qui dira les trésors des cités interdites,

Les perles de frissons qui parcourent l’échine,

L’emballement des sens et les fièvres maudites

Qui tuent la bravitude au seuil de cette Chine ?

Ici passent des fleuves au débit insondable,

Des torrents d’émotion, de la passion limpide,

Le sang qui bat sur un tempo indéfendable

Et dicte son audace à la lèvre intrépide

080517_061

Peut-être son regard est-il bleu d’améthyste ?

En saurez-vous jamais quelque chose, ô, humains ?

Tous les bijoux secrets que possède l’artiste

D’ici quelques instants seront entre mes mains.

Elle a bien plus pour moi de prix que le diamant !

Quel poinçon a marqué cette joaillerie ?

Et pourquoi donc ressens-je aussi soudainement

L’instinct qui me revient d’ancienne Roumanie ?

Oui, je succomberai à ce charme troublant.

Je ne froisserai pas cet habit d’apparat.

Deux perles de rubis sortiront du cou blanc

Et la vie, de ce corps, se carapathera.

Poème apocryphe attribué à Vlad Krapovulescu, vampire moldo-breton du 15e siècle. Le doute subsiste aussi quant à la photographie qui accompagne le manuscrit : elle ne daterait pas de la même époque.

18 octobre 2008

Une femme (Pandora)

Brûlante comme une coulée de lave

Et glacée comme la banquise polaire

Forte comme l’espresso serré du matin

Et fragile comme la mousse du capuccino

Câline comme une courtisane à son prince

Et distante comme une reine à sa cour

Délicate comme un précieux tissu

Et brute comme l’écru non blanchi

Douce comme l’aurore boréale

Et violente comme l’orage d’été

Sucrée comme un fruit bien mûr,

Et amère comme la mortelle ciguë

Féroce comme une lionne chasseresse

Et farouche comme une biche forestière

 Feu et glace, Lune et soleil, Mère et putain

Pleine de nuances et de contradictions

Fruit défendu aux courbes sensuelles

Ce que je suis tout simplement

Une femme

18 octobre 2008

A la bijouterie (Val)

Les bijoux affriolent, de derrière la vitrine

La devanture gêne à peine pour imaginer

Les merveilleuses pièces qui y sont enfermées

Je ne me retiens plus, j’entre, guidé par l’envie

.

Bien plus merveilleux encore, la porte franchie

Les joyaux, frémissants, ont besoin d’être pris

Je furète, j’explore, d’appétit et d’envie

Et, les mains tremblantes de désir, je fléchis

.

Me sentant défaillir, la vendeur aguerrie

M’ouvre en grand le casier des pièces les plus jolies

Je vais débourser, plus heureux qu’au paradis

Mais , rusée, elle me fait soudain changer d’avis

.

Elle a encore mieux, me dit-elle, et je la suis

Vers le coffre fort, lieu défendu et gardé

J’y pénètre avec précaution, c’est lieu sacré

Elle avait raison, je lui donne tout ce que j’ai

.

18 octobre 2008

Parure - Janeczka

Des levres de
Soie
Une perle
De jade
Un souterrain de velours.

18 octobre 2008

L'INTIMITÉ D'UNE FEMME (Joye)


 

Bijou fantaisie :

Une montre incrustée

De diamants. Tic, toc.

18 octobre 2008

Elle rêve (Tiphaine)

"Les descriptions de femme ressemblent à des vitrines de bijoutier. On y voit des cheveux d'or, des yeux émeraude, des dents de perles, des lèvres de corail. Qu'est-ce, si l'on va plus loin dans l'intimité ! "
Elle est assise derrière la fenêtre.
Ses doigts fragiles frôlent les rideaux.
Elle cherche la lumière.
Quand elle est seule, elle redevient la femme qu’elle a toujours été. Elle baisse la garde enfin.
Ses petits pieds se balancent du haut de la chaise tandis que sa tête s’incline doucement…
Elle rêve.
Elle a dix ans et elle tourne dans sa jolie robe de fête.
Elle a vingt ans, elle ouvre le bal de son mariage au bras d’un époux à la moustache fière.
Elle a trente ans, elle rit dans les bras d’un amant qui lui fait croire que la vie est ailleurs.
Elle a quarante ans, elle regarde son reflet dans la glace et elle se trouve belle.
Elle a cinquante ans, elle remonte l’Amazone.
Elle a soixante ans, elle s’invente à nouveau.
Elle a soixante-dix ans, elle picore des morceaux de jouissance au cou d’un nouvel amant.
Elle rêve…
Elle baisse la garde enfin.
Elle redevient celle qu’elle a toujours été.
Une jeune fille.

18 octobre 2008

La femme que j'aime ne se trouve pas dans une vitrine - Alice

"Les descriptions de femme ressemblent à des vitrines de bijoutier. On y voit des cheveux d'or, des yeux émeraude, des dents de perles, des lèvres de corail. Qu'est-ce, si l'on va plus loin dans l'intimité ! "
     Aucun poète, aucun homme de lettre n’aura jamais assez de mots pour décrire la femme que j’aime.
L’or, les émeraudes, les perles et le corail, je les laisse dans la vitrine.
Ce sont des mots pour les riches…
     La femme que j’aime ne se trouve pas dans une vitrine.
La femme que j’aime est bien plus belle que tout ce que vous pourrez jamais acheter.
     Ses cheveux ne sont pas d’or, ils sont de cordages et de voiles à la fois. Lorsque sa tête glisse lentement vers mon sexe, ils balaient mon ventre et c’est comme une brûlure… délicieusement douce…
     Ses yeux ne sont pas d’émeraudes, ils sont…
Ils sont.
     Ses dents ne sont pas de perles, elles sont de clair de lune dans la brume de nos salives mélangées.
Ses lèvres ne sont pas de corail, elles sont de vent. Je les sens frémir à mon cou, à mes lèvres, à la pointe de mes seins. Je les sais frémissantes à mon ventre, à mon sexe et à mon âme. Elle seule sait les chemins mystérieux qu’elle dessine de ses lèvres sur mon corps.
Et je vous jure que c’est la vie qu’elles soufflent sur chaque parcelle de ma peau.
     La femme que j’aime ne se trouve pas dans une vitrine.
La femme que j’aime est bien plus belle que tout ce que vous pourrez jamais acheter.
     Elle a des seins dans la houle desquels je me roule sans remords. Sans une once de regrets pour mes nuits et mes jours d’avant elle.
     Elle a des mains d’oiseaux marins qui voguent libres au-dessus de l’écume de nos sexes.
Ses doigts de Marie-salope viennent draguer mes fonds avec vigueur et égrènent voluptueusement le sable de secondes d’éternité
     Elle a des fesses auriques qui sont les plus beaux brise-larmes qui se peuvent inventer.
     Elle a un sexe insulaire que je ne veux jamais finir d’explorer. Je me perds dans sa forêt vierge à la recherche de l’aiguade, ma soif n’a pas de fin…
     Elle est belle à agitée, agitée à belle…
Belle à agitée
Agitée à belle…

18 octobre 2008

Ephemeres metaphores - Thetis

Ma chère, ma tendre, ma belle Colombine,

Je suis loin de toi et te regrette, mutine,

Obligé à rêver, plutôt que de toucher,

Ton doux corps dans mes bras lové.

 

Mais lorsque mes yeux sont fermés,

Mille images s’entrouvrent

Et  mes sens exacerbés,

Hardis, te redécouvrent.

 

Je t’aperçois astre fuyant

Aux doux regards scintillants

Qui éblouissent les êtres perdus

Dans l’obscurité attendue…

 

Je te devine vallée chaleureuse

Bombée de collines aventureuses

Où se perdent les promeneurs infidèles

Et se damnent les frêles pucelles…       

 

Je te soupçonne ruisseau fabuleux

Dont la souplesse infinie

Entraîne les bateaux soumis

Jusque dans des océans houleux…

 

Mais, troublé, je reconnais soudain

Dans les racines ancrées au creux de mes mains

L’arbre serein qui me tient dressé

Vers un ciel pour deux, étroitement enlacés…

18 octobre 2008

Cet été-là (Caro_carito)

Ce film, je suis sûr que ce film est la cause de tout. Je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même. J’aurais dû dormir. Le dimanche soir, les enfants sont censés aller au lit à 20h. Même à douze ans et même s’ils ne rêvent qu’à être grands. Au lieu de cela, je m’étais glissé derrière le fauteuil où somnolait ma mère. J’ai oublié le nom du film et une bonne moitié de l’intrigue. Mais en partie seulement. Est resté gravée une atmosphère de légèreté, une faculté à regarder les femmes différemment, leur démarche gracieuse, cette coquetterie touchante

Ou alors, Ces tableaux chez mon grand-père, des femmes nus. Des peintres viennois, me disait-il fièrement. Et dans ce tourbillon de cuisses et de sexes crayonnés au fusain et à l’encre, il ne pouvait s’empêcher d’ajouter que sa mère - oui, sa mère - avait été modèle. Et de grands peintres fascinés par sa croupe ivoire et ses cuisses graciles. Elle était de Prague ou de pas très loin. C’est plus tard que je pris le temps de vérifier un à un les fanfaronnades de l’illustre aïeul qui avait fait prospérer l’usine familiale de broderies sur vestes et autres frivolités, avant de tout dilapider en caprices et investissements farfelus. Mais ceci est une autre histoire.

Il avait aussi conservé, le pauvre bougre, une immense bibliothèque de livres aux estampes colorées où j’aimais plonger mes regards. Ainsi Baudelaire, Baudelaire et ses femmes aux parfums étranges. Des livres d’auteurs reconnus, Apollinaire, Sade, dont les gravures étaient suffisamment explicites pour m’expliquer les passages obscurs qu’un bon gros dictionnaire

J’en étais toutefois aux prémisses ; ce qui décida de ma folie, de ma passion, ce fut ce qui arriva cet été-là. Ma mère souffrait d’une énième crise et la maison était sans dessus-dessous. Mon père qui ne supportait plus son épouse, ses maladies à répétitions, ses plaintes et ses refus de se soigner, avait pris la tangente. Deux de mes frères étaient partis chez ma tante. Ne me restaient sur les bras que les jumeaux Marion et Lucas avec leur premier anniversaire juste passé. Je n’avais pas le choix, il me fallait jouer l’homme de la maison. En tout cas c’est ce que m’intima  le regard sans concession de ma mère en me mettant un sac de provision rempli de livres à rendre à la bibliothèque dans les mains et en refermant la porte sur ma pauvre personne.

Je passais donc en premier chez Valérie, la bibliothécaire. On murmurait dans le quartier que c’était une vieille fille. Terme obscur car elle n’avait pas trente ans et sa voix douce m’enchantait. On disait encore plus bas qu’elle avait des amants, ce qui m’étonnait. Comment cette créature si mince dont le public était composé de grands-mères, de femmes en mal d’amour et d’enfants aurait pu rencontrer un homme. Je lui tendis la pile de livres empruntés. Valérie, remarquant mes traits soucieux, me pris à part dans son bureau. Ses yeux gris m’observaient et je lui dévidais toute l’histoire en essayant de maîtriser ma voix tremblante. Sa main légère se posa sur mon épaule. Elle me conseilla de passer vers 10h chez Bella la charcutière, elle aurait sans doute du travail pour moi. Quant aux livres, inutiles de dépenser quelques centimes pour régler les retards récurrents, il me suffisait de passer chez elle le soir, vers 18h, elle m’en prêterait avec plaisir. Sa main fine inscrivit en lettres soigneuses son adresse et la glissa dans ma main. Elle caressa ma joue. « Brave petit »  murmura-telle tandis que ses yeux gris pétillaient.

Je passai donc chez Bella. Son magasin était désert et c’est avec un grand sourire qu’elle m’accueillit. Bien sûr, elle avait du travail pour moi et, après avoir retourné la petite pancarte de l’entrée, elle m’amena dans les bâtiments qui donnaient sur l’arrière- cour. Je pourrais l’aider pour trimballer les livraisons qui arrivaient le matin à l’heure où son ivrogne de mari cuvait encore. Elle tâta ma musculature, la mine gourmande. Et je reviendrai vers 13h à la pause pour manger un morceau et l’aider avec les factures. J’acquiesçai. Le marché se conclut tandis que son visage au teint si frais  rosit de contentement. Elle me donna d’autres noms, Nelly, la pâtissière, Milène, l’artiste, qui cherchait un modèle, Clara, la vendeuse au grand magasin et Charlotte l’infirmière qui s’occupait de Mme Henri au 26.

La journée s’acheva rapidement. Je rejoignis Valérie qui m’avait préparé un ou deux livres pour ma mère et attendait le bref résumé de mes avancées côté travail. D’ailleurs, pour une fois, mon cabas était chargé de provisions. Il me fallait rentrer, les jérémiades de ma mère et les pleurs des enfants m’attendaient. Elle m’embrassa près de l’oreille et me glissant un livre dont la couverture était recouvert de papier kraft. « Pour toi ».

Le cœur débordant de joie, je décidai  de m’octroyer une pause. Je m’assis à une terrasse pour siroter une limonade. J’étais heureux, mes bienfaitrices défilaient devant mes yeux. Ah Bella, j’aimais ses cheveux soigneusement rangés sous le petit bonnet blanc. Et ses bras ronds que laissait entrevoir sa blouse. Mais je la préférais au bureau quand elle ne portait que ce chemisier de cotonnade légère qui semblait retenir avec peine sa poitrine. Sa jupe blanche laissait deviner à contre-jour ses jambes charnues. Un autre visage se présentait à moi quand ma voisine de table m’interrompit. Elle se présenta sèchement Anne-Sophie, étudiante. Hier encore, je l’eus remarqué mais là, non. Plate, un air maussade, la voix boudeuse. Elle s’installa à ma table sans avoir été invitée et, après quelque phrases échangées, insista pour je vienne chez elle en fin de semaine. Tout à mon bonheur tout neuf d’être tiré des ennuis, j’acceptai.

Les jours suivants se passèrent sans encombre. J’observai à la dérobée mes employeuses. Je détaillai leurs formes, je les comparais. Elles avaient chacune leurs particularité mais si… il m’aurait été impossible d’en préférer l’une à l’autre.

Je venais d’achever mon sandwich quand je rejoignis Bella pour quelques vérifications administratives. Il faisait chaud ce jour-là. Je remarquai qu’un bouton de la robe était dégrafé laissant entrevoir un carré de peau luisante et un peu de dentelle blanche. Dans un sourire, Bella me demanda de ramener un torchon imbibé d’eau. J’obtempérai. Elle me pria de tamponner la peau de son cou, elle dégagea ses épaules et… Je me retrouvais sur le sofa à rafraîchir ses bras, ses seins, son ventre. Dieu qu’elle était belle est appétissante. Je ne savais où donnait de la tête. Son sourire aux petites dents nacrées semblait vouloir me mordre. Ce qu’elle s’empressa de faire. Sa peau avait la fraîcheur du printemps. Elle me dévorait de baisers, sa bouche gourmande qui me dégustait petit à petit. C’est ainsi que j’appris entre les factures  à être moins gauche et timide dans les bras duveteux de ma Bella.

Elles s’étaient toutes donné le mot, mes employeuses,  et je me perdis entre leurs draps le temps d’un été. Milène aux odeurs de peinture et de glaise. Ses doigts rêches me brûlaient. Quant à Valérie, elle attendit que je finisse mon livre pour me demander de lui en faire un résumé. Je le fis, rougissant, en buvant le thé qu’elle m’avait servi. Elle ôta ses lunettes, laissa couler ses longs cheveux jusqu’au bas de son dos et se déshabilla. Je fis de même et, ainsi, elle me démontra que je pouvais découvrir un sens scellé des mots en suivant les courbes de son corps. Je connus aussi Charlotte l’infirmière aux élans emportés et Anne-Sophie, l’étudiante,  qui épuisa toutes mes techniques.

L’été passa très vite. J’oubliais l’enfer chez moi en découvrant à quel point une femme pouvait me rafraîchir de sa langue ou m’envoyer en enfer. Pourtant, il y eut ce jour précis où je sus que leur souvenir ne me quitterait jamais. L’ombre des persiennes découpait des énigmes sur la croupe de Valérie. Je posais ma joue dans le creux de son dos. Elle se tourna légèrement et je chatouillais la naissance de son ventre, à l’orée de son sexe quand je sentis comme une onde la parcourir. Pas de plaisir, une vague de tendresse toute en retenue. Et je lus sur les traits de son visage, sur ses lèvres légèrement entrouvertes, cet abandon qui l’avait gagné toute entière. Chacune à sa façon me laissa simple spectateur de ce moment où une femme baisse les armes, où aucune tension ne subsiste ni dans leur corps et dans leurs pensées.

Mon père revint, nous déménageâmes en septembre et je ne les revis plus. Pourtant, quand je retrouve  cette allure alanguie, cet instant secret auprès d’une autre femme, je les revois toutes. Clara, Bella la gourmande, Milène et même Anne-Sophie l’égoïste. Allongées contre moi, leurs yeux m’observent et se détachent ensuite, m’autorisant à être spectateur de leur secret.

18 octobre 2008

Alchimie (Papistache)

Grand-Père, Grand-Père, tu verrais resplendir ses cheveux d’or !

— Pyrite, mon petit, pyrite. L’or des fous.  Tu vas te bruler les yeux, la fausse richesse de sa chevelure va  te détruire.
— Grand-père, Grand-Père, ses yeux émeraude d’une eau sans pareille, tu verrais comme elle dirige ses regards sur moi.
— Cabochons de verroterie oxydée. Ses yeux te transpercent pour mieux voir, au-delà de toi, la ronde des mâles excités.
— Grand-Père, Grand-Père, ses dents de perles fines. Mon cœur jaillit hors de ma poitrine quand elle me sourit.
— Sacrifice barbare, elle veut t’immoler et ses crocs de silex tranchant déchireront et ton cœur et ta chair.
— Grand-père, Grand-père, ses lèvres de corail qu’encadrent deux fossettes qui s’épanouissent à mon approche.
— C’est pour mieux te leurrer mon enfant. Stratégies que tout cela. Ce que tu nommes beauté n’est qu’adaptation. Cette femelle n’échappe pas à la loi des espèces. Objectif numéro 1 : fertilisation. C’est à ta sève qu’elle aspire.
— Mais Grand-Père, justement, plus bas, ses seins d’albâtre que je vois  palpiter quand je lui prends le bras.
— Tromperie, pour dures qu’elles paraissent ses mamelles ne sont pas de pierre, ce sont des phares éphémères érigés-là pour appâter les phalènes dont tu es, mon petit.
— Grand-Père, ses hanches qui ondulent comme une mécanique helvète ...
— Hypnotique machine à étourdir les jouvenceaux, résiste, crois-tu que le mécanisme ne s’enclenche que pour toi. C’est réflexe en cette espèce.
— Grand-Père, Grand-Père, ce mystère enfin qui se cache au bas de son ventre, ces parfums capiteux que les ersatz du commerce ne parviennent pas à masquer quand je me laisse aller à marcher dans son sillage.
— Phérormones primaires, inventivité de la féminine engeance qui tisse sa toile pour empêtrer les nigauds de ton espèce.
— Grand-Père, Grand-Père, ce puits qu’on dit tapissé d’hydromel au fond duquel se cache la pierre philosophale.
— Obscur tunnel gardé par de sombres mygales, labyrinthe infini d’où tu ne ressors qu’hagard, perdu, vidé de ta substance...
— Grand-Père, Grand-Père... alors Grand-Mère...
— Ah ! Grand-Mère ! Sa peau de miel ! Tout un long mois, je ne me suis nourri que du sel qui perlait au creux de ses membres. Ni la faim ni la soif n’avaient plus prise sur moi. Nous nous sommes aimés sans discontinuer trente jours et trente nuits sans reprendre haleine.
— Mais Grand-Père, phalène...
— Ses seins, mon petit, taillés tout exprès pour tenir au creux de ma main. Joyaux d’une couronne que, mille fois, je fis écrin pour mon sceptre souverain.
— Alors Grand-Père, cette mécanique de précision...
—  Merveille de technologie intime, rubis enchâssés sur engrenages de platine, secrète exactitude, jamais prise en défaut. Un tremblement de ses hanches et la colonne de feu s’érigeait gourmande et dominatrice, faisant de l’ombre jusqu’au fond de la vallée que, depuis le promontoire rocheux que nous avions élu pour notre union, nous surplombions.
— Me diras-tu, Grand-Père, comment tu revins du combat contre ces araignées velues et  leur appétit féroce ?
— Mon petit, mon petit, mirage... mirage... quand je croyais trouver une bouche carnassière qui m’aurait englouti pour me rejeter exsangue et désarticulé, j’ai entendu, entendu, te dis-je la voix que mes rêves pourchassaient depuis toujours. Point de tunnel, mais une avenue de lumière écrasante, encadrée des âmes de mes ancêtres qui me guidaient vers l’incandescence que je devinais  à ma portée.
— Grand-Père, tu t’es donc brûlé à cette flamme ?
— Pas brulé, mon petit, pas brulé... au creux de son ventre Grand-Mère cachait une matrice nucléaire où sein de laquelle une fusion s’opéra. De deux, à partir de ce jour, nous ne fîmes plus qu’un.
— Grand-Père...
— Va, mon petit... va...

18 octobre 2008

Pourquoi me fatiguer ? (Walrus)

Puisque tout est ici :
http://www.andrechouraqui.com/antho/shir/shir1.htm

Mais vous ferez mieux, j'en suis persuadé.
J'ai hâte de vous lire !
Moi, je m'abstiendrai, mon style n'est pas à la hauteur de la beauté des femmes.

18 octobre 2008

Invitation (Tilleul)

Les descriptions de femmes ressemblent à une vitrine de bijoutier.

On y voit des cheveux d’or… Ca y est, ça recommence, il n’y en a que pour les blondes ! Et les brunes alors ? Des cheveux en crotte de bique ? Et pourquoi ne pas citer les autres ? Des cheveux en ébène, des cheveux d’argent, des cheveux de cuivre… N’est-ce pas aussi beau que l’or ?

Je continue… des yeux émeraude… Encore raté ! Les miens sont œil de tigre…

Des dents de perle…euh, non ! Là, je ne vous dirai pas en quoi sont les miennes !… (La porcelaine et la résine, c’est bien aussi ?)

Des lèvres de corail… ouf ! Voilà enfin quelque chose (avec un rouge adapté) qui pourrait me convenir !

Poursuivons les pensées qui auraient pu être de Jules Renard… " Sa tête reposant sur un doux val surplombé par deux collines chapeautées d’un rubis "… Hem, ici, il vaut mieux ne pas être " morne plaine " ou au contraire " sommets des Alpes "… (quoique… Il en faut pour tous les gouts, non ?)… " La main glissant doucement sur sa peau lisse "… lisse ? Ben tiens ! Je ne vous le dirai pas !… " Il caresse doucement son ventre plat comme un paquet de chocolats "… Qu’est-ce que tu dis ? Ce n’est pas poétique ? Dis ! Un paquet de chocolats, pour moi, c’est mieux qu’une pierre précieuse…

" Retenant son souffle, il effleure le … " euh… " il arrive à son "…  euh… triangle magique ? Non !…il arrive… Ben oui !… " il découvre la boite à bijoux ! "… puisqu’on est dans une bijouterie !…

Qu’est-ce si l’on va plus loin dans l’intimité ?… Comment voulez-vous que je le sache ?

Alors! Jules! Tu viens? J'ai envie de connaitre tous mes minéraux, moi...

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