Cou de foudre (Joe Krapov)
Le petit cou d’albâtre a la blancheur du cygne
Et l’élégance du bijou posé sur guimpe.
J’approche l’inconnue d’une manière indigne
Mais le flacon, l’ivresse et le désir qui grimpe… !
Le costume est d’hier et la chair d’aujourd’hui.
Sur la nuque, mes doigts voudraient bien s’égarer :
D’ici part un empire identique à celui
Qui s’est, par sa muraille, au pire préparé.
Qui dira les trésors des cités interdites,
Les perles de frissons qui parcourent l’échine,
L’emballement des sens et les fièvres maudites
Qui tuent la bravitude au seuil de cette Chine ?
Ici passent des fleuves au débit insondable,
Des torrents d’émotion, de la passion limpide,
Le sang qui bat sur un tempo indéfendable
Et dicte son audace à la lèvre intrépide
Peut-être son regard est-il bleu d’améthyste ?
En saurez-vous jamais quelque chose, ô, humains ?
Tous les bijoux secrets que possède l’artiste
D’ici quelques instants seront entre mes mains.
Elle a bien plus pour moi de prix que le diamant !
Quel poinçon a marqué cette joaillerie ?
Et pourquoi donc ressens-je aussi soudainement
L’instinct qui me revient d’ancienne Roumanie ?
Oui, je succomberai à ce charme troublant.
Je ne froisserai pas cet habit d’apparat.
Deux perles de rubis sortiront du cou blanc
Et la vie, de ce corps, se carapathera.
Poème apocryphe attribué à Vlad Krapovulescu, vampire moldo-breton du 15e siècle. Le doute subsiste aussi quant à la photographie qui accompagne le manuscrit : elle ne daterait pas de la même époque.