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Le défi du samedi
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11 octobre 2008

Fin du défi de Aude (Poupoune)

Gerry Henrard, l’inspecteur le plus sexy de l’ouest et bien au-delà encore était bien ennuyé. Il lui avait été dérobé la sculpture qui trônait sur son bureau depuis de nombreuses années. Il aurait d’autant plus de mal à la retrouver que pour se concentrer il avait la réconfortante habitude de la contempler, voire la caresser distraitement. Et à chaque fois, ça ne manquait jamais, la solution de l’énigme s’imposait à lui, évidente. Il bouclait alors son enquête en quelques heures.

C’était une sculpture assez particulière que lui avait offerte un ami sculpteur : Philippe Mordevol. Elle représentait un sexe de femme. Tous ne s’en apercevaient pas au premier coup d’œil, mais parfois un regard un peu plus attentif se transformait en regard pour le moins surpris quand les personnes présentes dans le bureau de Gerry Henrard s’apercevaient de la forme originale voire originelle de la sculpture. Il était toutefois fort heureux que Gerry ne travaille pas à la brigade des mœurs. Le supérieur de Gerry, le commissaire Clandus ne s’était jamais aperçu de rien. Il croyait encore qu’il s’agissait d’un moulage raté réalisé pour la fête des pères par le fils de Gerry.

Gerry aurait pu demander à Moredevol de lui en vendre une autre mais il attribuait à sa sculpture des pouvoirs magiques.

Il n’avait aucun indice. Les personnes habituelles avaient eu accès à son bureau : ses collègues, son chef et la femme de ménage en qui il avait toute confiance.

 

***

Il faut retrouver la sculpture de Gerry Henrard !

.

Mais qui donc a bien pu voler à Gerry Henrard, l’inspecteur le plus sexy de l’ouest et bien au-delà encore, sa vaginale statuette, réalisée par son ami Philippe Mordevol et objet d’inspiration et de superstition auquel l’inspecteur attribue des vertus surréalistes mais pour le moins rassurantes ? 

Tout le monde la trouvait moche ou de mauvais goût, sa sculpture, voire les deux… alors ça ne pouvait être que pour lui nuire et nuire à son travail qu’on la lui avait volée… Mais qui ?

.

Parmi ses collègues, certes, les blagues allaient bon train : «  Alors Gerry, on suit la piste d’une chatte sous un doigt brûlant ? » ou encore : « Pour le jour et l’heure du décès, tu crois qu’on a le choix dans la date ? », mais tout ça était plutôt bon enfant, jamais vraiment méchant…

.

Et puis il aurait sans hésiter confié sa vie à chacun d’entre eux et tous avaient en lui une confiance tout aussi aveugle alors oui, vraiment, ses collègues étaient au-dessus de tout soupçon.

.

Le jour de la disparition de la sulfureuse statuette son chef, le commissaire Clandus, était tout affairé parce que sa femme et son fils venaient le chercher pour partir en vacances : il voulait à tout prix éviter que le gamin ne tombe nez à nez avec une racoleuse dénudée ou un dealer édenté… Alors il avait eu d’autres chats à fouetter… et de toute façon, c’était pas le genre du patron.

.

Quant à Elena, la femme de ménage… Pauvre Elena… Déjà rouge de colère et de honte mêlées quand elle crut que Monsieur l’inspecteur la soupçonnait, alors qu’il ne cherchait qu’à reconstituer les dernières vingt-quatre heures de sa sculpturale égérie, elle vira vite carrément cramoisie : chaque jour, méticuleusement, elle prenait, époussetait et soigneusement reposait l’anodine babiole, alors elle réagit à grands cris - « rézousse ! » « Maria ! » - en apprenant ce qu’était réellement l’objet dérobé… Elle se signa, quitta précipitamment le bureau et refusa de revenir y faire le ménage.

.

Gerry la soupçonnait néanmoins d’être revenue quand il trouva une chouette clouée sur sa porte… Mais il n’était pas beaucoup plus avancé.

Il chercha un palliatif et essaya de se concentrer sur son presse-papier boule à neige, en le frottant distraitement d’un doigt nerveux, mais l’inspiration ne vint pas et l’énigme de sa sensuelle statuette lui paraissait toujours aussi obscure et insoluble.

.

A moins que… Le voleur avait peut-être opéré pour un commanditaire ? Que ne ferait-on pas pour de l’argent… ? Bien sûr cette idée là ne lui plaisait guère, mais il lui fallait bien reconnaître qu’elle tenait la route : Mordevol.

.

La nature de ses œuvres et ses liens parfois nébuleux avec certaines affaires sordides lui valaient de tenir une bonne place dans les fichiers des mœurs… Certes il n’avait été suspecté dans aucune affaire dont s’était occupé Gerry Henrard et il n’était connu à la crim’ que pour son amitié avec l’inspecteur, mais c’était quand même dans le cadre d’une enquête conjointe avec les mœurs que les deux hommes s’étaient rencontrés…

.

Serait-il possible alors que le ténébreux artiste ait osé abuser l’inspecteur ? Lui aurait-il offert cette sculpture pour la soustraire à l’attention des enquêteurs dans le cadre d’une affaire l’incriminant ? S’agissait-il d’un élément à charge que Gerry aurait malgré lui caché aux autorités, évitant ainsi à son ami d’être inquiété ? Gerry Henrard, l’inspecteur le plus sexy de l’ouest et bien au-delà encore, aurait-il été, à son insu, le complice d’un crime ?

 

L’inspecteur désabusé en était là de ses laborieuses et poussives réflexions, en proie au doute et à la perplexité, quand son supérieur, de retour de vacances, passa la tête à sa porte et lança :

- Ah ! Henrard, faudra me faire penser à vous rendre votre machin, là. Il ressemblait à un truc qu’avait bricolé mon fils pour Noël : je lui avais dit que je l’avais pris pour décorer mon bureau et comme le gamin est passé l’autre jour, je vous ai piqué le vôtre pour qu’y sache pas que j’avais bazardé le sien…

- … ?

- D’ailleurs, c’est marrant, vous savez ce qu’il a dit ? « Papa, pourquoi t’as une zézette sur ton bureau ? » Sans rire ! Ah les mômes, j’vous jure ! 

.

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Commentaires
M
Et tout se termine sur un grand sourire ! Bravo Poupoune !
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A
Géniale cette chute!! Vous avez une superbe imagination Aude et Poupoune!!
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R
pauvres humains que nous sommes à voir le vice partout !<br /> il n'était que question d'emprunt !<br /> comme nous sommes bien suspicieux !<br /> à croire que l'on aurait des indélicatesses à se faire pardonner <br /> <br /> une chute bien trouvée.
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A
Quelle suite Poupoune! Je n'aurais jamais imaginé ça, en fait je n'imaginais rien du tout.<br /> Papistache, je ne vais pas aller au commissariat photographier la statuette mais je veux bien envoyer le lien à Mordevol pour qu'il lise cette histoire et nous envoie une photo. Je pense que le caractère esquiisé par Poupoune le fera bien rire.
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J
Je me demandais si c'était de l'art ou du cochon et puis voilà que ça n'est plus du polar mais du pochon* d'embrouille autour d'un collier de nouilles (il n'y a aucun contrepet ici !). Bravo et merci pour la légèreté olé olé de tout cela. Aude était en avance de deux semaines sur la consigne donnée ce jour !<br /> <br /> * pochon = sac, en pays gallo
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J
Mouarf !!!<br /> <br /> Bon, c'est très français, toussa, moi, je trouve.<br /> <br /> C'est-à-dire, délicieux, bien entamé et bien mené avec tout plein de délices dedans.<br /> <br /> Eh oh ! N'y voyez aucune gauloiserie dans mon com', ah non !<br /> <br /> Mais tout plein de jalousie pour vos talents, à coup sûr !<br /> <br /> Bravo Aude et Poupoune !
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T
Encore une belle surprise et un duo savoureux!
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P
Aude, s'il vous plaît, un lien vers une image de la statuette.<br /> <br /> Poupoune, c'est fort réussi, bien dans le ton et rempli de jolis portraits.
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J
Bien vu!! la chute est tres drole.
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V
Elle est mignonne, cette suite. Ah! Les enfants! Quelle imagination, tout de même ;) . Bon la statue est retrouvée. Ouf!
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C
Rezousse, j'en ris toute seule. Elle me plaît bien. J'aime beaucoup l'humour que tu as utilisé.
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L
bravo!
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T
Le voleur était donc innocent... mais son fils ne l'était pas!
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