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Le défi du samedi
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4 octobre 2008

Thétis

Il faisait chaud, une chaleur moite, désagréable. Charlie était étendu sur le trottoir depuis trois heures déjà, évanoui. Peu à peu il émergea du brouillard où se trouvait son esprit, le corps en sueur et la tête lourde. Que s’était-il donc passé ? Il ne comprenait rien…

 

Ce dimanche matin, il avait trouvé une lettre sans timbre dans sa boîte aux lettres, enfin, une lettre… disons plutôt un gribouillage informe qui alignait les mots suivants :

« Retrouvez-moi à 13h au 2 bd Jasmin derrière le muret en briques. J’ai besoin d’aide, vous êtes mon dernier recours.  Signé : Clémentine. » 

« Clémentine ? Clémentine ? Mais je ne connais pas de Clémentine », se dit-il. Il cherchait dans ses voisins, sa famille, ses amis, ses collègues… Rien… Et puis soudain, ce fut le flash. Clé-men-tine ! Une élève de troisième qui avait quitté progressivement le collège l’année passée en décrochant de tout l’univers scolaire.  Il ne voyait qu’elle. Mais c’était étonnant. Trois mois sans nouvelle et puis ce message venu de nulle part… Il avait été son prof de français pendant quelques mois et son professeur principal aussi, c’est vrai. Ils avaient discuté parfois de son avenir à elle, des discussions franches mais sans lendemain… Il en aurait le cœur net. Il irait, c’était décidé.

Et la matinée s’était déroulée lentement, très lentement, jusqu’à ce qu’il soit enfin temps de se rendre au lieu du rendez-vous. Enfin !… Charlie avait imaginé ce qu’il pourrait lui dire, les questions à lui poser, la réserve à arborer pour ne pas effrayer la jeune fille…Cela ne l’empêchait pas de sentir son ventre se nouer. Lui, le prof, ne pouvait plus se cacher derrière son estrade ou son bureau. Il avançait là, seul dans la rue, et tourna bientôt à l’angle de la rue Jasmin. Sa montre indiquait 13h pile.

A peine avait-il traversé la rue pour atteindre le n°2 qu’une silhouette apparut derrière le muret. Oui c’était bien elle. Mais comme elle semblait amaigrie, le regard triste et le cheveu gras. Charlie avait du mal à la reconnaître. En l’approchant, il essaya de cerner davantage l’état dans lequel elle se trouvait et réalisa alors que ses bras étaient couverts d’hématomes. La jeune fille était loin de l’image de l’élève rebelle refusant de se soumettre au règlement intérieur de son établissement scolaire. On aurait dit  un oisillon tombé de sa branche, dans toute l’étendue de sa fragilité.

«  Que se passe-t-il Clémentine ? Dans quel état es-tu ? Pourquoi m’as-tu contacté ?... »,  s’exclama Charlie. Il avait du mal à retenir le flot de ses questions mais les mouvements trébuchants des lèvres de son élève l’obligèrent à se taire. « Je… Je… J’ai besoin de vous, bredouilla-t-elle. Je ne savais plus à qui demander. Je suis désolée de vous embêter. Je me suis fourrée dans une m… Euh pardon… Je ne peux plus rentrer chez moi, mon père va me … Mon mec est fou… Ma mère, je n’en parle même pas, de toute façon, elle a ses problèmes… » Charlie écoutait attentivement tous ces mots qui se déversaient hors de sa bouche, sorte de soubresauts d’autodéfense qui, elle l’espérait apparemment, allaient lui apporter une réponse salvatrice. Mais de phrase en phrase, il comprenait de moins en moins ce qu’elle attendait de lui. Il était question de drogue, de trafic, d’erreur commise. Au final, il l’interrompit et tenta un résumé de la situation : « Clémentine, tu as aidé ton copain et les choses ont mal tourné ? C’est çà ? » Un hochement de tête le poussa à poursuivre. « Tu n’as pas transmis la drogue à la bonne personne, tu n’as pas récupéré l’argent attendu et il t’en veut maintenant, enfin ils t’en veulent, c’est çà ? » Même hochement de tête silencieux.

Charlie sentait Clémentine honteuse de ses révélations. Lui-même ne se sentait pas très à l’aise mais il ne pouvait plus reculer, elle comptait sur lui. « Mais qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ? J’ai du mal à comprendre ce que moi je peux faire pour toi. - Mais, monsieur, je n’ai nulle part où aller. Ils vont me tuer. J’vous jure », articula-t-elle difficilement. Charlie n’en revenait pas. Comme la vie plongeait dans le sordide, qu’on était loin de sa vision du monde dans cette rue… Mais enfin ce n’était pas le moment de se laisser aller à une réflexion sur le monde, il fallait agir et prendre cet être blessé sous son aile. Elle s’était raccrochée à la dernière branche qui lui semblait exister, il ne pouvait pas la laisser tomber. « D’accord, suis-moi. Allons chez moi, on va essayer de régler le problèm… » Mais à peine avait-il fini sa phrase que Clémentine sursauta et fit virevolter ses regards tout autour d’elle. Un bruit l’avait alertée. Elle se mit à courir en pleine rue, affolée, et lui tenta de la suivre. Mais, le temps qu’il réagisse, quelqu’un s’était glissé derrière lui, il le sentait. Le dernier regard qu’il porta fut sur une pochette couleur châtaigne que Clémentine avait laissée tomber de sa poche en s’enfuyant ; elle dépassait à peine du caniveau.

 

 

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Commentaires
J
Pas de bon samaritain dans ce scénario? Pauvre Charlie! Fort intéressant, par ailleurs!
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V
Ben moi, je lis chaque texte que je poste. Et en général, mon emploi du temps étant plus souple que celui de Papistache et Janeczka, ben j'en poste beaucoup. <br /> <br /> En vrai, oui, je lis les trois quarts des textes avant le samedi, mais comme Papistache le dit, ça n'a rien à voir. Quand je les lis pour les commenter le samedi matin, se ne sont plus les mêmes ;) .
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P
Je ne lis pas les défis postés par Val et Janeczka, en revanche, ceux que je mets en page, si j'ai le malheur d'attraper une ligne et qu'elle a l'heur de titiller mes moustaches, alors, je lis le texte. Mais rien qu'une fois, vite ou alors si l'auteur m'a demandé une pagination spéciale ou si je repère une coquille ou encore si j'ai le temps... bref... presqu'à chaque fois quoi...<br /> Mais aussi, je suis de ceux qui ne peuvent s'empêcher de lire ne serait-ce que le règlement dans le chemin de fer, les affiches dans la salle d'attente des médecins, les prospectus, les ...<br /> <br /> Alors poster sans lire ? ? ?<br /> <br /> Mais, après le samedi, dans le contexte... c'est autre chose, c'est comme une robe de mariée en vitrine en semaine et... le samedi avec la mariée dedans ! !!
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J
Je sais pas pour les autres, moi j'aime tout decouvrir en meme temps (dans la limite du possible!) ;)
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T
Je me ferais un plaisir d'écrire la suite, Joe, mais pour le moment je baigne en plein western grâce à Joye et je suis obligée de me documenter un minimum pour maîtriser un tant soit peu cet univers... !!! J'y penserai donc dès que possible !...<br /> <br /> Merci de ton message Janecka ! (C'est pas juste que les admin aient le droit de lire si vite les suites ! Je m'insurge ! )
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J
Bienvenue Thetis!<br /> Je te soutiens dans ton desir d'ecrire.<br /> Il semble que cette consigne a apporte son lot de gnole, sexe (ou absence de), drogues, etc.<br /> C'est du violent! :P<br /> Je trouve ca tres fort comme premiere participation, et j'ai hate de lire la suite!!
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J
A consigne exceptionnelle, tempo exceptionnel ! La suite de ton histoire, Thétis, a été écrite ce matin à 6 heures et vient d'être postée en direction de nos administrateurs. Je n'ai pas pu faire plus court que trois pages pour sortir ces personnages de la situation inextricable dans<br /> laquelle tu les avais plongés. <br /> Je retire ce que j'ai dit hier sur les trois heures de "coma public" du professeur. C'est effectivement un élément très intéressant à exploiter. J'espère que tu écriras la suite de ta propre histoire de ton côté pour goûter les divergences qui naissent à partir d'un même incipit. <br /> Je profite de ce dimanche plus calme pour te souhaiter la bienvenue ici : j'ignorais hier que c'était ta première participation.<br /> Je remercie tout le monde pour les encouragements au suivant. J'espère que personne ne sera déçu par la suite que j'ai donnée à ton texte dans le respect le plus fidèle possible de la consigne.<br /> Bonne patience à toutes et à tous maintenant !
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C
Joe tu as assez d'imagination... Et on peut changer d'un coup le rythme. C'est ce qui est amusant.
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P
Tombé à 13 h ?<br /> Cela signifierait que l'histoire aurait donc tourné court !<br /> Thétis ne nous dit pas s'il faisait jour ou nuit quand l'homme s'est relevé. Elle ne dit pas s'il s'agit du même jour ou si la scène se passe trois mois plus tard ou deux semaines.<br /> Elle plante la situation et nous invite à imaginer ce qu'il a pu advenir à son héros entre le départ de la jeune fille et son réveil, allons savoir combien de temps plus tard.
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T
Eh bien merci pour ta franchise Joe. J'entends la critique, il te faudra sans doute y répondre pour que toute l'histoire soit vraisemblable. Je compte sur toi. @+ <br /> <br /> PS. pour Val : Au moins j'entre sur le site sans indifférence ce n'est déjà pas si mal... même si ce n'est pas de l'intérêt pour tous que çà suscite (ce qui est entièrement normal)... Mon envie n°1 est d'écrire et d'écrire de plus en plus et de mieux en mieux. Je devrai faire l'effort de davantage chercher peut-être... Oh et puis ce n'est qu'un 1er essai, zut ! Et j'aime ces confrontations de style.
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P
La suite ! La suite !<br /> Très bien mené, on a hâte de savoir !
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M
Bonjour Thétis. Ouh là ... ça part au quart de tour.Bravo ! Attendons la suite !
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J
Mais c'est cool que tu fasses ca, Joe. Je trouve que c'est un bon exercice de style et ca permet d'ouvrir d'autres horizons. Sortir des sentiers battus, c'est bien aussi ;)
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J
Bonsoir Thetis<br /> <br /> Effectivement, je n'ai pas sauté au plafond en criant "Youpi !". J'écris ou essaie d'écrire généralement dans une veine plus joyeuse, plus décalée. Mais nous sommes sur un site qui s'appelle le Défi du samedi. Soit je le relèverai, soit, comme Papistache l'a dit dans son commentaire sur mon texte, je passerai la main en arguant, comme lui-même le suggère, le fait que le texte relève d'un univers personnel ( pour moi tout texte écrit révèle un univers personnel). Je n'en suis pas là encore. Ce que j'aime dans le défi du samedi, c'est justement le fait de laisser mûrir les idées autour de la consigne, de laisser venir d'abord l'inspiration et ensuite d'écrire un peu "enfiévré" avec toutes les idées du début de semaine à l'esprit. C'est pour cela que mes textes sont longs et publiés le jeudi ou le vendredi plutôt que le lundi<br /> <br /> Je pense que justement je donnerai une suite à ton texte que je trouve intéressant, bien écrit, bien prenant. Je commence à remuer les pistes et j'attends l'énoncé de la consigne demain pour "tirer sur un fil ou un autre". Je me permettrai juste une critique sur la première phrase : "Il faisait chaud, une chaleur moite, désagréable. Charlie était étendu sur le trottoir depuis trois heures déjà, évanoui." Un homme tombe à treize heures estourbi, dans une ville où il y a des professeurs de français et du trafic de drogue et personne ne lui porte secours ? Waouh ! Ca fait encore plus peur ! ;-))
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V
Échanger? <br /> Ah ça non!<br /> Rien ne m'empêche (toi non plus d'ailleurs), si j'en ai envie, de terminer l'histoire de telle ou tel sur mon propre blog. Mais, pour samedi prochain, je suis liée avec Poussetabosse. J'y tiens! <br /> <br /> Moi, je serais probablement un brin véxée, si ma suivante avait fait une telle proposition à un autre participant, j'le dis comme je le pense.
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T
C'est marrant Joe je me doutais de ton peu d'attirance pour ce monde beaucoup trop réaliste - et déjà vu, je l'avoue... Mais z'suis pas vexée pour un sou !
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J
Si tu veux, Val, on peut échanger !
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R
et ben c'est un sujet qui commence fort !<br /> c'est vrai que ce monde des ados est tellement complexe,<br /> j'aime bien le choix des acteurs.<br /> je suis préssée de connaitre la suite de l'intrigue
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V
Bienvenue Thétis! Je suis ravie de t'accueillir ici. Faut dire que j'y mis du cœur à l'ouvrage ;).<br /> <br /> J'adore ce texte, j'adore l'intrigue, j'aime tout!<br /> J'aurais adoré être ton suivant et tenter de terminer l'histoire. <br /> C'est passionnant. <br /> <br /> Merci!
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P
Pour l'instant elle dort, je vais parler à voix basse. Qui ? mais Janeczka. Pourquoi tous mes commentaires commencent-ils par l'évocation de notre administratrice insulaire ? C'est que j'ai fait un vœu et pour qu'il se réalise, je dois... mais chut... elle dort.<br /> <br /> Thétis, bon texte, qui nous plonge dans un univers que nous ne voudrions pas chercher à rencontrer mais que faire ? Comment assumer, une fois mis en situation ? Bigre, c'est tentant de tourner la page...<br /> Bien vu l'implication du professeur principal ! Vous allez vous faire aimer, ici !<br /> <br /> Je suis en passe de pouvoir permettre à mon vœu de se réaliser. Chut, je la laisse dormir, elle a la fièvre.
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P
Une belle intrigue qui démarre, ton suivant va vraiment se régaler ;-)
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T
Waouw! Quel suspense dans ce terrible monde de la drogue!
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T
Clémentine et châtaigne, brrrr, on dirait que c'est l'automne... Ce défi est terrible, il va falloir attendre une semaine avant de connaitre la suite!
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