La fille et les trois oies (Tilu)
Il était une fois
Une fille qui parlait aux oies
Et se demandait bien pourquoi
Elles ne lui répondaient pas…
Etaient elles sourdes ces rabat-joies ?
Un jour, n’y tenant plus, ma foi,
Elle s’empara d’un porte-voix
Et au bord de la marre se planta
Avec un petit sourire narquois,
Et quand se pointèrent les oies
L’une derrière l’autre, en convoi,
La minote dans son cornet s’exclama
En hurlant d’ une drôle de voix :
« Dites donc, bande de casse-noix !
Que vous ai-je fait à toutes les trois ?
C’est ma tête qui n’ vous revient pas ?
Ou bien p’têt que je sens le putois ?
Vous m’ignorez ! C’est discourtois !
Mais j’me laisserais pas faire comme ça !
Alors maintenant dites moi,
C’est quoi chez moi qui ne vous plait pas ?
Non d’un p’tit pois ! répondez moi ! »
Les trois oies impassibles à ce brouhaha
Ne comprenant pas plus cette fois,
Ces paroles de charabia
Passèrent leur chemin cahin-caha
Ignorant cette fille en émoi .
Pauvres oies , elles ne savaient pas
Qu’énerver les hommes ça ne se fait pas,
Même si c’est des filles au joli minois.
Car c’est ce jour , et à cause de ça,
Que fut inventé le premier foie gras….