Roméro et Juliette (Cavalier)
Acte 2, scène 2, Les aliens sont déjà parmi nous.
"Un peu cartomancienne quand même."
On part en week-end. Avec une carte à peu près à jour, pas trop déchirée autour des points sensibles, et Jujube. Quel bonheur d’avoir sa petite femme comme copilote. Ça, ça vaut tous les navigateurs GPS du monde. Elle dispose de beaucoup plus d’options, aussi.
La valse savante des lunettes, de lecture et de soleil, de la coéquipière se joue enfin. La carte se constelle d'adorables petits trous aux pliures. Mais bon … on ne va tout de même pas mettre un frein à notre jolie moyenne pour faire un point ensemble, même si on se parle encore … Non, non, on va gagner. J’avance, moi ! On fait toujours équipe. On va trouver.
Comment ça, « je crois qu’on n’est pas du tout dans la bonne direction » ? Holà, dis Jujube, là, tu n’assures plus, toi. Il est vrai que, avec un sens de l’orientation assez peu développé, les femmes ont beaucoup de mal pour déchiffrer une carte. Et aussi pour repèrer correctement les panneaux.
Quant à leur vision dans l’espace routier, je n’en parle même pas. Alors … que je n’en parle pas !? Bon … Oui mais quand même, à en être confinées dans une caverne pendant des millions d’années a bien dû déposer quelques traces. Oui dis-je, Juliette, je l’ai lu dans un livre, hier …
Jujube me jette un regard noir. Et là, je sais que nous sommes envahis. Pas comme avec David Vincent car elle ne lève même pas son petit doigt :
Purée, elle a réussi à replier calmement sa carte écartelée, en une seule fois, pratiquement d’une main, et sans se tromper. Les aliens sont déjà parmi nous !
...
JUJUBE
Wisely and slow; they stumble that run fast.
My ears have yet not drunk a hundred words
Of thy tongue’s uttering, yet I know the sound.
Art thou not Romero, and a Drivereth?
ROMERO
Neither, fair Maid, if either thee dislike ...
Retour d'affection (Vegas sur sarthe)
« Tout comme le pruneau et la grenade sont les symboles de la guerre, le jujube est le symbole de la paix ».
Ainsi parlait la bamiléléké, une diseuse de bonne aventure camerounaise qu'on m'avait chaudement recommandée et que j'allai consulter pour un retour d'affection.
A l'entendre il me suffisait de mâcher neuf grains de jujube et d'insuffler par la fenêtre en appelant ma bien-aimée – en l'occurence ma Germaine – le matin au réveil.
Il faut dire que je ne suis pas du matin, alors j'ai attendu midi – l'heure de l'apéro – pour mâchouiller ces infâmes graines de jujube avec mon whisky.
Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'insuffler par la fenêtre en appelant votre moitié avec la bouche pleine de graines …
Le voisin du dessous qui prenait lui aussi l'apéro sur son balcon n'a pas apprécié et il est monté me le faire savoir d'un direct au menton.
Bien plus tard Germaine m'a trouvé ainsi, ensanglanté et avachi sur le canapé … « comme d'habitude » a t-elle commenté.
Elle était soit disant simplement allée faire quelques courses.
Dans son panier il y avait entre autres choses des pruneaux – symbole de la guerre – alors je me suis bien gardé de lui parler de ma bamiléléké, la camerounaise qu'on m'avait recommandée.
Je suis retourné voir cette diseuse de bonne aventure pour me plaindre mais l'enseigne avait changé.
A la place il y a un club d'arts martiaux et de self-défense ; je me suis ins crit aussitôt … ça peut servir
枣 jujube (joye)
Bien chers lecteurs, bien chères lectrices,
Pour écrire cette participation, j'ai d'abord trouvé un article qui parlait
de comment écrire un poème en chinois.
Une forme classique consiste à mettre la scène dans la première ligne.
La deuxième ligne continue cette idée. La troisième phrase introduit
une autre idée, et la quatrième ligne réunit
le tout en reliant le premier sujet et avec le deuxième.
J'ai aussi utilisé Google Translate. À part quelques mots et quelques
phrases, je ne parle pas chinois, évidemment.
L'arrière-fond vient du site australien et gratuit Canva.
Le symbole au milieu est l'idéogramme représente la tranquilité.
À mon avis,cela ressemble à une personne assise, les jambes croisées.
J'aimerais bien penser que cela me ressemble. - joye
Fan de chichourle (Kate)
Fan de chichourle !
- Salut Vincent !
- Salut Didier !
- Ça va ?
- Super, et toi ?
- Ouais...
- Un café ?
- Un double...
- Et un grand verre d'eau non glacée !
- Merci.
Bon, marre du Court-Métrage, je vais me poser un peu pour voir mes messages et week end !
Ah ! Un bon café ! Quoi ? Le boss m'a appelé ce matin ? Je le rappelle.
- Allô, Jean-Mi ?
- Vincent !
- Hein ?
- Ouais...
- Écoute, j'ai besoin d'un article pour ce soir.
- C'est vendredi...
- Urgent, ur-gent !
- Pas le Court-Métrage, déjà donné...
- Non, c'est l'abécédaire des fruits.
- Quoi ?
- Je compte sur toi, Vince...
- Ah, la quetsche ! Déjà donné l'an dernier... Pas le ramboutan, quand même ?
- Non, c'est la lettre J.
- J comme jus de fruit ?
- Non, le jujube.
- Le quoi ?
- Un fruit chinois.
- Connais pas.
- Fais-moi un truc là-dessus genre "adoucit la gorge", enfin, tu vois...
- Non..
- Mais si !
- Pour quand ? Dix-huit heures ?
- Seize heures trente dernier délai. Tu lâches tout et tu t'y mets.
- J'suis crevé, Jean-Mi...
- Merci Vincent, on se voit mardi !
- Salut Jean-Mi, bon week end !
Mais qu'est-ce que je vais écrire là-dessus... Le jujube ? C'est quoi, c'machin ?
- T'as fini ton café, tu veux déjeuner ?
- Tu as un menu du jour ?
- Tiens l'ardoise.
- Aux figues ? T'as rien à la jujube ?
- Non, pas de miel de jujube mais j'en ai goûté c'est super bon... Le menu ?
- Faux-filet, à point.
- Frites et salade, comme d'hab'!
Le miel de jujube ça adoucit la gorge, comme tous les miels, bon point de départ : un des quatre fruits pectoraux comme la datte, le raisin de Corinthe et la figue ! Clin d'oeil au menu du jour... Ça rappelle les treize desserts de Noël...
Fruit exotique, donc a voyagé, ça plaît ça ! Il y en a beaucoup dans la région d'Annaba, et le nom de cette ville viendrait du nom du fruit, sympa... mais encore ?
Acclimaté en France, dans le midi et arrivé de Grèce via l'Italie, air connu : Frédéric Mistral, l'évoque (sous le nom de "ginjourlo" à propos de la grande foire de l'automne de la Saint-Michel le 29 septembre) et bien avant lui, des leudes attestent la présence de son passage dans la région de Nîmes, piste intéressante...
- Un verre de vin du Gard, offert par la maison.
- Merci Didier, très bon.
Le Gard... La chaleur de juillet du Gard, les vignes... Ça me rappelle la tourte aux bettes-cardes que faisait ma tante Suzon et qu'on mangeait dans la cour, sous le parasol, contre le mur de la petite maison entourée de vignes. Des parfums, des goûts, des lumières, des "peuchère !" et des "fan de chichourle !" avec l'accent... Enfant, je ne comprenais pas pourquoi elle m'appelait "fan" au lieu de Vincent, et "chichourle" me faisait rire...
Mais c'est quoi ce "chichourle" au fait ? Du jujube, eh bien, super surprise !
Et ça nous mène où tout ça ?
À zinzolin ! La fameuse couleur violette au nom si poétique... Alors, jujube, grand voyageur, tu me plaîs, tiens, fan de chichourle !
Belphégor et Jujube (Joe Krapov)
Cette semaine, ça va être du donnant donnant. Moi non plus, je ne savais ce que c’était qu’un jujube ! Je croyais même qu'on disait une jujube ! Mais vous, savez-vous pourquoi il y a une rue Arthur Bernède à Redon, riante cité du Sud de l’Île-et-Vilaine dans laquelle habitent mes beaux-parents, rue devant laquelle nous passons quand nous allons rendre visite à la famille ?
Arthur Bernède ! Qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ? Quel rapport avec le jujube ? Moi je sais de longue date que c’est un romancier et qu’il est surtout connu – s’il l’est encore – pour avoir écrit « Belphégor ».
Ca ne va peut-être pas vous rajeunir mais moi, si ! En mars 1965 ce roman populaire a été diffusé sur les écrans de la télévision française sous forme d’un feuilleton en quatre épisodes. C’est peu de dire qu’il a flanqué la trouille à tous les gamins des écoles et collèges. Je me souviens très bien que dans la cour de récréation on vous sautait sur le dos, vous mettait les mains autour du cou et faisait mine de vous étrangler en disant « Ah ! Ah ! Je suis Belphégor, le fantôme du Louvre !».
Comme il n’y avait pas de télé à la maison, le mystère était encore plus grand pour nous et il m’a fallu attendre des années pour que je comprenne le phénomène. J’ai ainsi en ma possession, dans ma collection de dévédés, cette terrifiante série vintage qui en fera rigoler plus d’un aujourd’hui. J’ai également fait l’acquisition du roman original de 1927 que j’ai pris le soin de relire cette semaine : je ne voudrais pas qu’on m’accuse de parler de choses que je n’ai pas lues ou vues ou surtout que j'aurais oubliées ! J’ai aussi souvenir d’être allé voir un film homonyme de Jean-Paul Salomé sorti en 2001, fort tombé dans les limbes lui aussi.
Si j’ai proposé le mot « jujube » à l’animateur de notre atelier préféré, - c’est encore plus drôle s’il l’a choisi tout seul - c’est surtout parce que je pensais à « Jujube », le surnom de Juliette Gréco qui, dans le feuilleton « Belphégor » de 1965, tient le rôle d’un personnage nommé Laurence Borel. C’est peu de dire qu’elle irradie dans ce rôle qui est celui d’une très intrigante séductrice.
Ma semaine ayant été fort occupée, je n’ai pu revoir que les deux premiers épisodes de « Belphégor ». Ce qui me fait sourire, c’est la notion de duplicité et le goût du transformisme, de la transformation que l’on trouve à tous les étages. Dans le livre qui est assez grand guignol et dont le style mélo a énormément vieilli il y a un personnage de détective, Chantecoq, complètement pompé sur Rouletabille et surtout Arsène Lupin, qui use et abuse de déguisements divers et variés. Le fantôme du livre n’est évidemment pas un fantôme, c’est un costume endossé, pour on ne sait quelle raison, par une gentlewoman cambrioleuse. Quand on fait un casse pour récupérer un butin, en général on n’attire pas l’attention sur soi avant et pendant ! Mais bon, la fiction n'a jamais peur de l'invraisemblable !
Dans la série, tout est changé. Il y a plus traditore que le traduttore, c'est l'adaptatore ! Le journaliste Jacques Bellegarde se prénomme désormais André et est devenu étudiant en physique. Chantecoq, Simone, la Scandinave, les époux Papillon ont disparu. Il y a une séance digne de Frankenstein, avec seringue et tensiomètre, pour donner vie au fantôme dans une crypte de l’église Saint-Germain L’Auxerrois (des prés ?). On ne cherche plus le trésor des Valois mais la pierre de Paracelse ! Le bossu et l’homme à la salopette ont été remplacés par une inquiétante Lady Phonographe et il y a une séquence d’enlèvement de la fille du commissaire Ménardier avec un simulacre de meurtre en haut de la tour Eiffel. Mais je ne vous en dirai pas plus là-dessus car je hais ce genre de séquences vertigineuses et donc j’ai « zappé » et j'en ai profité pour aller faire pipi. Vous qui avez la télé, vous faites bien ça aussi pendant les pubs, non ?
Mais je ne vous ennuierai pas plus longtemps avec Belphégor. Je poursuis juste avec l’idée qu’il y a deux Juliette Gréco : celle, magnifique actrice et chanteuse, qui avait un très joli nez et celle d’avant qui avait un tarin un peu trop gros et trop fort. Par deux fois elle eut recours au bistouri des Frankenstein brothers : à la fin des années 40 et en 1956.
Voici la moralité de cette chronique : comme chante Boby Lapointe dans « Avanie et framboise », « on peut presque tout changer excepté ce qu’on ne peut pas ». Juliette a quand même bien fait de se faire refaire le pif, surtout la première fois : nous avons retrouvé une photo de son appendice nasal initial. Oui, hein, pas terrible !
Des nèfles ! (Yvanne)
Comment ça jujube ? Des nèfles oui !
La nèfle est un fruit oublié mais le mot apparaît dans l'expression « ça ne vaut pas une nèfle » ou bien « ça compte pour une nèfle » ou encore « des nèfles ». Je ne vous fais pas un dessin pour la signification !
JUJUBE (Laura)
Je n’aime pas le jujube
Un des rares aliments que je ne mange pas mais
Je n’en dégoûte pas les autres comme disait ma grand-mère
Un fruit dont je ne serais pas le succube
Béat et dont je ne ferais pas un tube
Excusez-moi pour ce poème-incube.
Dérive (Walrus)
Dans mon enfance je n'ai connu qu'une seule friandise portant le nom de jujube.
Il s'agissait d'une sorte de pâte gélatineuse brunâtre translucide débitée en petits cubes d'environ un centimètre et demi d'arrête. Sans doute le mélange était-il coulé à chaud sur une plaque, refroidi puis découpé.
N'allez surtout pas le confondre avec le carabouilla !
Quoi ? Vous ne connaissez pas le carabouilla non plus !
Mais faut suivre les gar·ce·s ! (m'demande quand même si c'est tellement élégant l'écriture inclusive...)
C'était ici...
J'aimais bien les jujubes et si je croyais à l'époque qu'ils étaient fabriqués à partir des fruits du même nom, je me demande aujourd'hui si c'était vraiment le cas. J'ai pas trouvé d'indications sur la composition, seulement qu'aujourd'hui le vocable englobe presque tous ces petits bonbons à base de sucre et de gélatine. Mais je ne suis pas inquiet : Kate a promis de creuser, alors...
Quand je suis entré dans l'enseignement secondaire, j'ai découvert un autre amateur de la chose : mon premier prof d'anglais ! Il en bouffait à longueur de cours. Peut-être pensait-il que ça améliorait sa prononciation ce rouquin fondu de jujubes et... d'écriture phonétique !
Tout au long du premier trimestre on ne voyait quasiment que ça, même les dictées se faisaient en "phonetics !". Faut dire qu'à l'époque, il n'y avait pas encore de laboratoire de langues avec micros, écouteurs et enregistreurs, quelle étonnante époque !
En attendant, ça fait longtemps que je n'ai plus retrouvé les vrais jujubes de mon enfance et, ça m'énerve !