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Le défi du samedi
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18 juin 2022

KO debout (Walrus)

 
En inscrivant le mot de la semaine au menu du blog, je pensais vous faire ma pitrerie habituelle sur base de la chaîne knock-out, KO, Chaos et Cahots (OK ?) et me plaindre de ma tendance procrastinatoire (?) qui fait que bien que j'y aie pensé directement, Laura, malgré un envoi un brin tardif pour elle,  semblerait l'avoir fait avant moi et que je passerais pour un pâle imitateur, un vulgaire copieur même...

Mais...

Hier, mon épouse a appelé R..., notre ami depuis cinquante-sept ans.

R..., c'est le genre de mec qui habite à cent kilomètres, que vous appelez au milieu de la nuit pour lui dire "Viens !" et qui ne vous demande pas pourquoi parce qu'il est déjà en train de se rhabiller pour courir vers sa voiture.

Avec lui et sa famille, nous avons pris des vacances des dizaines de fois, fait des séjours courts presque autant de fois, écumé les restaurants plus ou moins étoilés, nous avons même eu quelques accidents de voiture ensemble (chacun dans notre véhicule), nous avons été ses locataires pendant quarante ans et tout cela sans la moindre  friction.

Lui et moi avons un point en commun en dehors du fait d'avoir œuvré quelques années dans le même laboratoire, joué au foot, à la pétanque et au tennis : nous sommes taiseux et un peu ours. La seule personne avec laquelle R... converse sans retenue, c'est mon épouse (parce qu'elle est comme ça : avec mes amis, ma famille, mes ex-collègues, mes anciens scouts, c'est elle qui maintient les liens, c'est elle qu'ils appellent, c'est avec elle qu'ils parlent).

Bref, notre ami et moi n'échangeons généralement que pour les choses pratiques, pour le reste, nous n'avons pas besoin de parler : nous savons...

Hier, pourtant, après leurs quelques minutes de conversation, ma femme a décidé de me le passer. Il m'a demandé si j'allais bien, lui qui est  en phase terminale d'un cancer,  puis il a commencé à évoquer la célèbre inscription des camps de concentration nazis (et autres goulags) "Arbeit macht frei". sa voix s'est brisée, il commencé à pleurer et a raccroché.

Mais j'ai compris : il voulait dire qu'il aura beau "travailler", ça ne le libérera pas et qu'il serait plus réaliste de faire référence à l'avertissement de Dante : "Vous qui entrez ici, laissez toute espérance".

Il espère néanmoins tenir jusqu'après juillet, pour ne pas gâcher  les vacances de ses enfants... c'est tout lui, ça ! Et moi, je suis un peu "sonné".

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11 juin 2022

Défi #720

 

Un mot frappant ?

 

Knock-Out

7201(Lucky Luke, Le grand combat, Album "Sous le ciel de l'ouest")

 

11 juin 2022

Ont consulté leurs f(r)iches

11 juin 2022

Jachère (TOKYO)

 

Je suis en jachère, ma vie entière est en dormance.

Alors ce matin j’ai voulu me réinventer ;

Séchée, poudrée crémée, parée de sous vêtement DIOR couleur or d’une jupe Perry ELLIS noire mie longue et d’un pull Ralph Lauren bleu marine sur un chemisier de soie blanche je descends l’escalier pour affronter le soleil le vent et recevoir l’ensemencement du monde.

 

Et là nez à nez avec deux policiers en uniforme l’air très sérieux.

La première chose qui me traverse l’esprit , c’est qu’ils recherchent un violeur et qu’ils vont me demander de rester chez moi de fermer ma porte à double tour.

Bonjour ma petite dame me dit l’un deux.

Vous connaissez votre voisin de palier.

Avez-vous déjà eu des problèmes avec cet homme me dit l’un des policiers ?

Je n’allais pas leur dire que ce voisin en question me fournissait en champignons hallucinogènes

Depuis des lustres et que depuis je ne cessais de voir des écureuils sautillaient sur mon balcon.

Alors tout en candeur je dis non messieurs aucun problème.

Comme je vous l’ai dit ma vie était en jachère

 

Avec des

v1

 

 

 

 

 

 

 

 

s

 

Écureuils trop bavards.

11 juin 2022

Crévindiou ! (Walrus)

 
Jachère, maintenant !

Parie qu'il est même pas foutu de faire la différence avec "friche" !

Mais c'est pas ça qui va l'empêcher de nous la coller dans les gencives !

Qu'on la lui laboure sa jachère !

 

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11 juin 2022

Jachère (Joe Krapov)

Cette semaine où il fallait plancher sur le mot «jachère» mon imagination n’a rien donné. Rien n’a poussé.

Moi qui suis toujours prêt à mouiller la chemise dès qu’il s’agit d’élucubrer, eh bien cette fois j’ai eu le tricot stérile !

Et vous savez quoi ? Je me sens beaucoup plus en repos !

DDS 719 sieste 2

 

Et du coup je comprends pourquoi mon oncle Walrus si souvent botte (de foin) en touche !

DDS 719 la sieste

11 juin 2022

Le terme jachère pose un problème particulier (joye)

Le terme jachère pose un problème particulier : il a complètement changé de sens depuis deux siècles. Changement qui, lorsqu’il n’est pas pris explicitement en compte, entraîne les malentendus les plus graves. - Pierre Morlon et François Sigaut, Les Mots de l’Agronomie

Ah, ces maux de l’agronomie ! Ah ces mots de langue !

Ah, ces mauvaises langues !

Dans le langage courant aujourd’hui, « en jachère » est l’état d’une terre qui pourrait produire mais qu’on laisse temporairement à l’abandon. - Idem.

Alors, il a bien labouré le terrain, il a semé sa jactance partout, il a sarclé le tout manuellement et à l’aide des outils. Autrement dit, il a bossé dur. 

Mais, pendant plus de 1000 ans et jusqu'en plein XXe siècle, les cultivateurs ont appelé jachère l'ensemble des façons culturales de printemps et d'été qui préparaient les semis d'automne, ainsi que les terres qui recevaient ces façons, et la période de temps qui leur était consacrée.- Idem.

Il fait alors son deuil, arrosant ces champs de ses larmes de dépit. 
Car ceux qui se croient les propriétaires fonciers foncent,
et jalousent soigneusement leur othentique,
ils manient vicieusement leurs pioches. 
Leurs charrues voraces ameublissent la confiance
et retournent la joie de se cultiver.  

Mèfi donc au pissenlit.

C’est le barbare à la porte.

Mais il mourra bien, tôt ou tard,
surtout si l’on l’asperge bien
de poison.

border

11 juin 2022

La maï capel. (Yvanne)


La maï capel – traduisez la mère chapeau – a fait partie des personnages insolites de mon enfance.
C'est ainsi que les gens du village nommaient cette veuve de guerre un peu folle. Nous les enfants  changions le « p » en « m » et l'appelions « la mère chameau » ou bien la sorcière. En toute saison elle portait un galurin informe sur la tête. Elle usait jusqu'à la corde les chapeaux – tout comme les vêtements - qu'on lui donnait ou qu'elle récupérait aux ordures. Je ne vous dis pas la tête de Madame, la femme du Maire le jour où elle découvrit avec stupeur l'un de ses couvre chef hardiment planté sur le chignon sale de la Léontine. En vrai, elle s'appelait Léontine. Quel scandale ! Le Maire en personne vint récupérer le bibi de son épouse chez la bonne femme. Elle pouvait prendre tout ce qu'elle voulait dans les affaires jetées mais surtout pas ce qui avait été porté par Madame. Enfin tout de même ! C'est à cet incident regrettable que Léontine dut son surnom.

Léontine se le tint pour dit. Et la vie reprit comme avant. La maï capel donc, vêtue en toute saison d'un manteau noir – le deuil de son Marcel mort pour la France oblige – qui lui battait les jambes, chaussée de bottes en hiver et de sabots en caoutchouc le reste du temps se trouvait toujours où on ne l'attendait pas. C'est ainsi qu'elle surprenait les conversations, les disputes et les secrets des familles. Elle entendait tout. Et savait en jouer le cas échéant. Elle adorait mettre son nez partout, donner des avis qu'on ne lui demandait pas. Léontine avait l'art d'apparaître brusquement sans que l'on détecte le moins du monde sa venue. On ne pouvait pas dire pourtant qu'elle était transparente. Ça non. Plutôt une rude gaillarde. Et forte en gueule. De plus une vraie poissonnière ! Si certains accueillaient ses grossièretés d'un rire gras d'autres, dont les mères, poussaient  leurs enfants devant elles dans les maisons pour préserver leurs chastes oreilles. Les grands-mères se signaient à la va vite pour conjurer les maléfices quand Léontine s'en prenait au Ciel ou au curé en blasphémant tout son saoul. Sa façon à elle sans doute de dépenser son trop plein d'énergie et de jeter sa hargne.

De fait, Léontine se faisait une joie mauvaise de débiter des cochonneries devant les gamins. Tout simplement parce qu'elle ne les aimait pas. Peut être parce qu'elle n'avait pas eu le temps d'en avoir avec son Marcel décédé peu après leur mariage en 1939. Aigrie sans doute, elle se vengeait de cette façon. Nous les enfants le lui rendions bien. Un coup d'œil rapide pour s'assurer qu'elle était absente et nous voilà à investir son jardin auquel elle donnait tous ses soins. Un jour, elle me surprit à arracher consciencieusement ses poireaux fraîchement repiqués. Vous imaginez la suite...

Bref. La Léontine n'avait pas que des défauts. On pouvait compter sur elle pour rendre service. Comme elle était forte comme un bœuf on lui demandait son aide pour les gros travaux. En échange on laissait ses chèvres pâturer dans les terres en jachère. Ses chèvres. Elle aimait ses animaux plus que tout au monde. Sa petite maison, son jardin et son bétail. Toute sa vie. Elle possédait aussi une vilaine bête vicieuse, bien encornée, mauvaise comme une teigne, un bouc nommé – allez donc savoir pourquoi – Degaule. Nous nous gardions bien de nous en approcher et nous contentions de l'asticoter et l'invectiver de loin. Il nous observait et, vif comme l'éclair fonçait sur nous. Ce qui nous faisait fuir en hurlant. C'était un de nos jeux favoris qui déplaisait bien sûr à sa patronne. Une raison de plus de nous en vouloir.

Degaule était il paraît un excellent reproducteur dont la bonne femme vantait les mérites. Et on venait de loin pour que l'animal honore les biquettes qu'on lui présentait. Ce qu'il faisait sans se faire prier. Bizarrement c'était toujours les hommes qui amenaient les chèvres. Pendant le travail, Léontine et le propriétaire allaient déguster un petit remontant. Ce qui ne trompait personne. La maï capel avait peut être mis son cœur en jachère depuis la perte malheureuse de son Marcel. Pas son berlingot.

 

11 juin 2022

Ma Jachère insolite (Lecrilibriste)

 

Dans l’angle de ma cervelle en jachère

Des mots se sont posés résignés

Tout Tristes de ne servir à rien

Mais cette jachère insolite

Colorée comme les maisons

De St Pierre et Miquelon

N’attend que le défi du samedi

Pour surgir tout à fait indocile

Prompte à rêver, Difficile à dompter

Pour couvrir des pages encore inexplorées

De coquelicots et de calicot

De centaurées et de censuré

De cosmos et d’éros

De gypsophiles et chlorophylle

De fleurs de lin et de fifrelins

D’aneth et de clarinettes

Et après avoir explosé

Comme une grenade dégoupillée

En mille couleurs

En mille rimes

En mille odeurs

Tous s’en retournent rêver

Dans l’angle de ma cervelle en jachère

En attendant de ressurgir

Et de rosir de plaisir

D’ encore s’entendre interpeller

Dans cet incroyable glossaire

 

11 juin 2022

La terre en jachère (maryline18)

 

La terre se repose,

Hôtel aux portes closes,

Pour qu'un tubercule ose

Le saut d'un virtuose .

Aucun ne s'y oppose,

Pas même, les diseurs de proses .

Elle risque la sténose,

S'assèche et s'ankylose,

Sans qu'il ose... La myose

Et puis la toxicose

Ferment son iris rose.

La terre fait une pause.

Quand elle se surexpose

Espérant la symbiose

Elle récolte l'écchymose .

Quelle âme trop myélose !

Quand elle se sous-expose

Alors sa tête explose,

Craquelle, vient la névrose

Et la voilà morose.

 

11 juin 2022

Jachère amère (Kate)

 

- J'attends, ma chère

Que votre coeur sorte de sa jachère

Puisque je sais que j'ai eu l'heur

En dansant tout à l'heure

De vous plaire

- Mais Jacques, duc de Nemours

N'avez-vous pas promis votre amour

À la reine d'Angleterre

La Cour n'en fait pas mystère

Et j'en suis si amère

- J'affirme, très chère

Que je vais devoir défaire

Cette fausse rumeur

En temps et heure

Et libérer en retour

Mon coeur si lourd

- J'assume que votre beauté extraordinaire

Cher Duc, s'accorde avec votre galant caractère

Que je ne suis qu'une passion passagère

Qui s'évanouira dès que la chair

Sera repue, mystère aussitôt disparu

J'atteste que je préfère

Mon amour trop cher

Mener une vie austère

Mon coeur ainsi faire taire

À jamais mis en jachère

Dans son inaccessible désert

Plutôt que plaire

Au risque de déplaire

0 2

 Défi #719, douze ans plus tard, même inspiration que pour le Défi #99...

Merci à tous pour votre merveilleux accueil !

 

 

11 juin 2022

De la jachère au potager ou les haricots magiques (Laura)

 
Le propriétaire de notre premier appartement commun avait un terrain attenant en jachère. Un jour, mon mari et notre voisin et meilleur ami demandèrent l'autorisation de travailler cette terre avant d'y semer. Un autre voisin qui avait aussi un terrain, nous avait dit qu'une terre qui n'avait pas été travaillée depuis longtemps devrait bien donner. Ce fut le cas. Je ne goûtais pas les tomates car j'y suis allergique. Par contre, nous eûmes une belle récolte de haricots verts. Mon mari partait le lundi, rentrait un soir de la semaine puis repartait et rentrait le week-end. En son absence, notre meilleur ami et moi, nous mangions des haricots verts chez lui ou chez nous: le midi, le soir, le midi, chauds, en salade, chaud etc. Ils étaient excellents mais ça lasse quand même. Alors quand mon mari rentrait et qu'il était impatient de manger nos bons haricots, nous nous mettions à rire tous les trois.

 

4 juin 2022

Défi #719

 

Mais non pas "J'achète !"

 

Jachère

7191

 

 

4 juin 2022

Ont perdu leurs illusions (ou pas...)

4 juin 2022

Illusion (TOKYO)

to

Autrefois, il y avait que de l’encre pour écrire les contes.
Il n’y avait que le vent pour transporter les images du monde et nos rêves pour les mettre à l’abri .
Puis vint l’image, et son cortège d’illusions.
Mes yeux d’encre pouvaient encore discerner le mirage qu’elles portaient en elle jusqu’ à cette rencontre.
Il était le bourgeon de presque rien , le souffle sur un désir éteint , une vaguelette à marais haute.
Mon cœur s’est enflammé, son besoin d’aimer était aussi grand que le besoin d’un boxeur de frapper dans le vide.
Rien ne voulait s’éveiller en moi, toute joie violente naissait au cœur de mes illusions chéries. Les autres vivants embourbés dans le réel passaient avec leur costume de marbre quand moi ma vie était aussi belle que ce chemin qui mène dans cette forêt où je veux me perdre.
Quand j’ai vu mon troubadour je lui ai dit ne m’enlevez pas la poésie, c’est elle qui écrit la moitié du monde .je vous laisse l’autre moitie l’argent mesurant l’amour aux centimes près, ses excréments d’âme qui implorent le paradis.
Comme une gitane j’avance dans ce siècle d’or finissant, je prends la main à blanche neige, je croque la pomme, elle m’a sauvé du désespoir d’entendre toujours parler d’argent.

4 juin 2022

La vie est un songe. (Emma)

 

L'existence individuelle n'est qu'une illusion destinée à donner à l'homme, pendant le temps utile à l'espèce, le goût de la vie, afin qu'il la conserve et la transmette. Le plaisir de s'accoupler est une précaution élaborée par la vie pour assurer sa pérennité 1

Ainsi en a décidé le grand illusionniste ! qui se moque de l'individu mais protège l'espèce, Dieu sait pourquoi.

Dans ce pays de caillasse, les humains grattaient la terre depuis des siècles et des siècles (et même avant). Gris comme le sol sec, dont, les années fastes, ils tiraient une maigre subsistance, en plus du lait de quelques chèvres, qui ont toujours fait bon ménage avec l'aridité, et de quelques bestioles attrapées au collet.

Quand même ils savaient bien qu'il existait un autre monde. Une fois par an, des véhicules bariolés empruntaient le lit de l'ancienne rivière, et les saluaient à grands coups de klaxon. Ils ne raflaient plus d'esclaves, comme les cavaliers des anciens temps, mais parfois un garçon s'accrochait en fraude derrière un camion et disparaissait pour toujours.

Quand la désespérance était trop grande, les hommes battaient leur femme. Sous tous les cieux, ils savent faire, et ça leur fait du bien.

Car sous tous les cieux, les femmes sont bavardes et futiles. Elles ont besoin de guitares, de clairs de lune, de roses et de caresses, sinon elles s'étiolent.

Quand la vieille Baba vit que Marie filait vraiment un mauvais coton, après la fuite de son fils aîné accroché à un camion, elle lui apporta, en cachette de Joseph, de la poudre d'oubli, dont la recette, évidement secrète, était transmise de sorcière en sorcière, depuis… toujours. Elle lui tint à peu près ce langage : " Marie ma belle, la pleine lune arrive. À son zénith rends-toi près du puits. Je te déconseille de t'y jeter. C'est le seul point d'eau d'ici à l'horizon, tu ne voudrais pas empoisonner tous tes enfants ? assieds- toi dans l'ombre du puits, et mâche ces quelques herbes, tu te sentiras mieux".

Ainsi fit Marie. La nuit était douce, comme douces et encore un peu chaudes les pierres usées qui dessinaient une couronne autour du puits. Et tellement douce la solitude !

Alors elle entendit comme des grelots, et un âne apparut, monté par un mendiant qui n'avait pas d'ombre, et qu'elle trouva, ma foi, fort beau, lorsqu'il mit pied à terre. Il s'assit près d'elle, décrocha la guitare qu'il portait en bandoulière, et, s'accompagnant d'une étrange mélodie, se mit à chuchoter dans une langue inconnue.

Or Joseph avait suivi sa femme de loin, incrédule devant son audace. Arrivant près du puits, il la vit qui parlait avec un âne.

La punition pouvait attendre, pas l'âne qui valait de l'or. Il s'en approcha à pas de loup, mais l'animal s'éloigna, alors il partit à sa poursuite, au clair de lune, dans la caillasse, sur laquelle seuls ses propres pas résonnaient. Après un long trajet, l'âne sembla se dissoudre dans une vaste nappe d'eau qui miroitait sous la lune. Mais Joseph ne trouva pas d'eau. Seulement un vieil ermite crasseux dans une grotte, enthousiaste à la vue d'un visiteur. L'ermite avait fait le tour de lui-même depuis bien longtemps, mais heureusement il avait trouvé comment broyer et distiller les épines des alentours pour en tirer un nectar des plus roboratifs, qu'il fit goûter à son hôte inespéré ; et bientôt il n'y eut plus, dans la caillasse sous la lune, que deux pochards hilares, célébrant la grandeur de la création.

Au lever du soleil, Joseph et Marie avaient regagné leur humble masure, chacun avec des rêves plein la tête.

Mais une surprise les attendait. Le fils prodigue était de retour. De passage seulement, prévint-il, sans donner plus de détails. En vérité il comptait bien retourner au plus vite dans le squat obscur de la ville lumière où il habitait désormais, où l'attendaient des paradis multicolores. Il avait trouvé cette moto qui lui avait permis de remonter le lit de l'ancienne rivière. Car il voulait absolument montrer à tous ses frères et sœurs la merveille qu'il avait trouvée. Merveille qui tenait dans sa poche, et sur laquelle il pouvait faire apparaître des animaux et même des monstres, et des personnages minuscules qui s'accouplaient et se massacraient comme des humains, mais en mieux.

Car la vie est un songe, et le songe lui-même un songe 2

une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur 3

1, G. Bénichou, le chiffre de la vie. 2, P. Calderon de la Barca. 3, W. Shakespeare, Macbeth

 

4 juin 2022

Welcome to Zion (maryline18)

 

Quand "IL" lut : Zion, des images d'horreur prirent d'assaut son cerveau meurtri. Assis dans la navette allant vers le maudit parc, il se laissait envelopper par ce nuage de pensées bicolores, lourdes de nostalgie. La pluie ne tarderait pas...

Il se repassait quand mème le film de leurs plus beaux jours. Il y avait déjà vingt ans, et pourtant... Il lui semblait encore sentir la chaleur de ses baisers. Pourquoi lui avoir offert ce stupide voyage pour leurs noces ? Jamais il ne guérirait de cette culpabilité destructrice.

Il haÏssait ces rôches rouges, bien que magnifiques, ainsi que ce cours d'eau qui, charriant à tout jamais les quelques effets emportés par "ELLE", le jour du drame, le narguaient.

Elle était jeune et brillante, il était devenu prématurément vieux et idiot. Que lui importait donc à présent ce panorama ? Il n'y aurait plus d'autre excursion, non, plus aucune autre, voilà ce qu'il ruminait. Il aurait le courage cette fois d'aller la rejoindre, le courage de sauter dans ce gouffre qui lui aura décidément tout pris. Il écraserait, insignifiante, dans sa chute, jusqu'à cette frêle illusion d'une vie possible sans (son) amour.

4 juin 2022

Quand j'y pense... (Walrus)

 
Je ne me rappelle pas avoir vécu cette crise de l'adolescence chère aux psys de tous bords, mais j'avoue avoir parfois déclaré à l'époque, à l'instar d'un héros de Saint-Exupéry : "Vivre, sans doute, c'est autre chose"...

À quatre-vingt berges, je me demande toujours parfois si cette vie dont on nous rabat les oreilles ne serait effectivement pas qu'une simple illusion...

 

4 juin 2022

Désillusion. (Yvanne)

 

Elle suit l'étroit sentier qui mène à la rivière. Elle en connaît par cœur toutes les embûches : monticules terreux parsemés de brindilles des fourmilières, cailloux affleurants, racines enchevêtrées, tortueuses et traîtresses. Elle les évite sans même y penser. Les buissons ébouriffés ploient sous leur opulente floraison d'or et s'inclinent sur son passage. Elle les écarte avec impatience. Chèvrefeuille et aubépine s'évertuent à inonder le chemin de leurs senteurs sucrées. Sur le pré, tout à côté, coquelicots, bleuets et marguerites se mêlent dans une magnifique harmonie champêtre. Un vent tiède berce doucement en des vagues océanes les hautes herbes d'où proviennent les stridulations des grillons assoiffés d'amour. Qu'importe. Toutes ces beautés ne la touchent plus. Elle ne les voit pas. Ne perçoit pas les parfums suaves et entêtants qui faisaient pourtant son bonheur. Elle aimait tellement écouter la brise légère taquinant les pins sylvestres et deviner dans les broussailles les oisillons encore au nid. Tout cela est oublié et ne la concerne plus. C'était avant.

Elle se hâte. Les rayons d'un soleil couchant jouent avec sa fragile silhouette et allument dans sa chevelure brune des éclats fuyants. C'est bientôt l'heure. Elle se hâte, tous les sens soudain en éveil.
Elle s'arrête et tend l'oreille. Un sourire se dessine furtivement sur son visage et lui rend une jeunesse lointaine. Elle entend le bruissement de l'eau toute proche. Son cœur bat plus fort. Elle avance alors doucement, longe la berge jusqu'à la minuscule plage de galets. Elle est arrivée. Elle s'assoit et les fougères se couchent pour l'accueillir. Elle respire profondément. Ici et maintenant elle se sent étonnamment vivante.

Elle savoure ce moment. L'attente est délicieuse, elle est promesse. Elle contemple la cascade. Oh juste une cascatelle mais tellement vive et joyeuse ! Elle confie comme toujours son espoir au ruisseau. Elle partage tant de secrets avec lui. Il a emporté dans ses tourbillons les souvenirs tendres et lumineux. Elle désire si fort qu'un jour il les lui rende. Ce sera aujourd'hui. Elle le sait.

Une main douce se pose sur sa joue. Elle reconnaît ce parfum. Elle le reconnaîtrait n'importe où. Il la grise, l'obsède, l'ensorcelle. Soudain une ombre se penche sur elle. Elle ferme les yeux. Comme autrefois quand il caressait son visage en le dessinant. Elle devine son sourire enjôleur. Il murmure  et sa voix l'envoûte. Ses lèvres se posent sur sa bouche et ses mains se font impatientes et coquines. Elle oublie tout alors jusqu'à la déraison, l'âme asservie. Son corps se tend à l'appel du désir. Il ploie, s'abandonne à ses feux et se donne enfin. C'est la plénitude, l'ivresse tant attendues.

Un choc. Une fulgurance. Elle se redresse brusquement. Soudain réapparaît, familière, la douleur de l'absence. Elle tremble. Elle a rêvé mais dans son inconscience n'est ce pas ce qu'elle est venue chercher. C'était une chimère, une illusion, un beau songe éveillé qui la laisse pantelante et inassouvie. La rançon d'un bonheur intense et éphémère . Le cœur en deuil, elle se lève et part à regret, jusqu'au prochain appel de l'amour, une prochaine espérance.

4 juin 2022

illusoire (joye)

illusoire

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