Épisode premier : Amenez-moi le grisbi que je le touche…
C’était dans le bon vieux temps quand la mafia était encore à nous (la cosa nostra, quoi) et quand les chimistes ne se plaignaient jamais de leur boulot. (Oui, une époque lointaine, je le sais.)
S’ils ne se plaignaient jamais de leur boulot, c’est qu’un chimiste, ça peut faire boum ! s’il pleut ou s’il fait beau. Peu importe, le gaz dans l’eau, ce n’est pas un problème, au moins pour ceux qui savent faire des maths.
Or, Don Walrusleone était un de ces gentlemen-chimistes, autant qu’on pût savoir [exact, c’était aussi le genre de type qui inspirait l’imparfait du subjonctif]. Ce que l’on ne savait pas, c’est que c’était le chef de ce gang notoire des flingueuses.
La plus connue de ces flingueuses était L’Adrienne de Delabelgique. Une linguiste accomplie, l’Adrienne savait lire et écrire parfaitement six mille langues. Quand elle n’était pas occupée à flinguer, elle voyageait beaucoup et elle écrivait comme un rêve. Alors, on n’aurait jamais cru que c'était une flingueuse par excellence, parce que, en principe, les flingueuses n’ont pas la parole facile, c’est pour cela qu’elles flinguent. Pour s’exprimer. Comme son associé, le gentleman chimiste, elle cachait bien son jeu à elle, qui était, bien sûr, le Scrabble.
Un jour, Walrusleone et l’Adrienne devait se rencontrer afin de…non, je ne peux pas vous le dire, c’est un secret et si je le dévoilais, je serais très certainement flinguée... On dirait seulement qu’il fallait qu’ils se rencontrent. Alors, ils se donnèrent rendez-vous au célèbre Warandepark à Bruxelles (belle capitale pour un crime). Non, je ne sais pas ce que le nom Warandepark veut dire, il faudrait demander à l’Adrienne, la linguiste. (et non pas à l’Adrienne la flingueuse).
Oui, vous allez me dire que ce n'est pas ce parc-là sur la photo, et c'est sans doute vrai, mais c'est quoi une saga d'été sans fausses pistes, je vous le demande, hein ?
Parce qu’ils ne s’étaient pas encore rencontrés dans la vraie vie, comme on dit sur l’Internet, Walrusleone décida d’amener deux chiens afin qu’elle le reconnaisse tout de suite. Alors, non, les deux chiens sur la photo ne sont pas des flingueuses. Ce sont des chiens. Les chiens ne flinguent pas. C’était alors le meilleur des ruses pour un chef de mafia notoire et dangereux, quoi.
L’Adrienne s’approcha du banc où se trouvait son complice.
- J’ai connu une Polonaise…aborda-t-elle le monsieur.
- …qui en prenait au petit déjeuner…répondit celui-ci.
- Ouah ! disait le premier toutou.
- Ouah Ouah ! disait l’autre. (l'autre chien, pas la flingueuse, hein ?)
Et puis, tous les quatres souriaient…néfastement.
Bref, c’était comme ça que commença l’aventure de cet été 2020.
À suivre…