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Le défi du samedi
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13 avril 2019

L’Astrolabe (Pascal)


C’est le nom de l’hôtel restaurant que ma patronne avait réservé pour moi, pendant les trois jours de réunion où nous étions conviés, avec tout le Service. C’est elle qui gère nos déplacements, le billet de train, le taxi, le restaurant, l’hôtel de tous ses collaborateurs ; je n’ai même plus à sortir un franc ; tout est pris en charge par l’Entreprise. Pendant cette période de vacances, et selon ses dires, elle n’avait rien trouvé d’autre, au plus près de notre salle de conférence, situé en ville. Mais, comme je la connais, avec son petit sourire en coin, j’étais sûr que c’était encore une de ses taquineries habituelles…
Étant disséminés dans diverses hôtelleries, je me suis donc retrouvé seul, dans cet Astrolabe. Au moins, pour une chose, c’était bien : je n’avais plus à parler du boulot, en dehors des heures. Jusqu’au lendemain, adieu, les pompeux discours, le défilement  monotone des diapos sur le rétroprojecteur, les discussions aussi enjouées que stériles…  

Le premier soir, après la journée de réunion, la valise à la main, quand je débarquai dans la place, je me retrouvai dans un autre monde. Retiré de la route, hôtel sélect, restaurant attenant, les pieds dans l’eau, lumières tamisées, coucher de soleil dans toutes les baies vitrées, ce n’était pas franchement en rapport avec un hôtel restaurant qui sert de relais à un employé qui bosse au Service des Contentieux.
À la réception, je lus la brochure d’accueil de l’établissement. « L’Astrolabe : Hôtel Restaurant de qualité, réservé aux couples, aux jeunes mariés avides d’une inoubliable lune de miel… ». Je me disais, aussi…
Imaginez le décor !... Au plafond, il y avait des guirlandes multicolores accrochées, des cœurs gonflés qui flottaient dans les courants d’air, des bouquets de fleurs dans tous les coins !... Aux tables alentour, il n’y avait que des couples qui s’admiraient, les yeux dans les yeux ! Ce n’était que roucoulades, main dans la main, murmures énamourés et promesses éternelles !...
La nuit ?... La nuit fut torride !... « Mais ils ne savent pas ce qu’est l’insonorisation des chambres, ici, ou quoi ?!... ». À travers les murs, à la musique des sommiers malmenés, pendant des galipettes d’anthologie, je subis les « Encore, encore, encore !… », les « T’arrête pas !... T’arrête pas !... », les « Viens !...Viens !... ».
« Ou bien, c’est pour motiver les autres, les béotiens, les timides !... Les amoindris du Calvin Klein !... Leur apprendre les cadences, les fréquences, les temps de repos et les remises en forme !... ». Les râles, les craquements du plancher, les rires, les bouchons de bouteilles de Champagne qui sautent, c’était l’ordinaire nuiteux, dans cet hôtel !...

« Bien dormi ?... », me dit ma chef, en souriant, quand je la rejoignis devant la machine à café, au matin du deuxième jour de la réunion. Bien sûr, un peu rougissant, si je lui parlais du menu, du panorama, de la plage, j’omettais, bien entendu, de lui raconter les détails croustillants de la nuit…

J’avoue, j’ai un faible pour elle, un grand faible, même ; sa façon anodine de ranger ses cheveux derrière l’oreille, sa barrette mordante semblant arranger sa coiffure dans une désorganisation savante, ses yeux qu’elle maquille avec un filet de mascara, ses sourires si frais, ses lèvres si roses et ses quelques grains de beauté disséminés comme une carte secrète, entre la base de son cou et derrière son oreille, sont une invite permanente à la chasse au trésor. Autour de son visage, l’aura de son parfum est comme une légère brume cachant cette île paradisiaque…
Quand elle est dans mon espace, les battements de mon cœur s’accélèrent, je transpire un peu, j’ai une sorte de gêne que je ne m’explique qu’en l’admirant sous cape…  
Elle ne parle pas dans le vide, elle est curieuse, intelligente, pondérée ; elle est à l’écoute. J’aime son esprit de discernement et son esprit tout court. Elle est maligne ; on dirait qu’elle sait tout sur tout mais elle ne le montre jamais. C’est le genre de femme avec qui on pourrait construire quelque chose de solide, en s’engageant sur la voie difficile du couple…

Matador avec les autres femmes, je suis tellement maladroit avec elle, j’en perds mes moyens ; addict à tous ses charmes, je suis sous l’emprise de sa séduction. Jamais, je n’oserais le premier pas, et puis, c’est ma chef du Contentieux. Imaginez le terrible vent que je prendrais si elle me refoulait d’un simple geste de dédain !... Ma fierté de mâle en prendrait un sacré coup dans la figure !... Je ne serais plus bon qu’à jeter mon cœur en pâture...
Pourtant, au fond de moi, il me semble que je ne lui suis pas tout à fait indifférent. Alors, c’est le statu quo ; je l’aime, c’est ma croix et mon rêve le plus fou. Je me contente de son bonjour matinal…  

Avec elle, cette bise du matin, c’est toujours franc et direct ; elle fait péter ses smacks sur mes joues et, pendant ce furtif aller retour, tous les sens en éveil, je sais son haleine, son parfum, le velouté de sa peau. Parfois, je pose même ma main dans son dos pour mieux ressentir son contact ; j’ai l’impression de recevoir plein d’informations aussi subtiles qu’animales. Parfois, nos lèvres se touchent presque, je crois qu’on le fait exprès, c’est notre jeu coquin ; on a du mal à nous écarter, comme si nos corps étaient plus aimantés que la bienséance ordinaire du salut journalier…  

Le deuxième soir, quand je rejoignis ma table, je fus surpris par tout le cérémonial de la salle, comme si on allait fêter quelque chose d’exceptionnel. La nappe était blanche et tellement bien repassée, les couverts étaient en argent, il y avait plusieurs verres ! Un petit bâtonnet d’encens dansait ses arabesques parfumées au centre de ma table ! C’était un véritable petit nid d’Amour, propice à toutes les déclarations !...
Eclairages diffus, musique douce, vue imprenable sur la mer et son coucher de soleil, effluves capiteux d’iode et de sable chaud se baladant dans l’air, c’était idyllique. Je devais m’être trompé d’emplacement mais une des serveuses me dit que c’était bien ma place… Après tout, c’était ma chef qui payait ; je me disais que, même à distance, elle avait des attentions pour moi et, quand je lui dirais tout cela, demain, cela la ferait encore sourire…

Je n’eus pas à attendre le lendemain ; vêtue d’un petit tailleur fragile qui subjuguait ses formes, un peu intimidée, elle était là ; je l’avais remarquée dans le reflet d’une baie vitrée. Elle s’approcha lentement de ma table. Je me levai et je la serrai dans mes bras comme on étreint le plus grand des trophées de sa vie ; nos lèvres se touchèrent, se reconnurent et nous nous embrassâmes longuement sous les applaudissements des couples alentour…  
Quand nous nous séparâmes, quittant cette extraordinaire étreinte, je sortis de la poche de mon veston une petite boîte avec un ruban et une belle alliance cachée à l’intérieur ; depuis le temps que je la baladais avec moi… À genoux, je lui fis ma demande et, adoubé par ma princesse, nous reprîmes le cours de nos baisers fougueux, scellant notre collusion. Sous les ovations du public conquis, main dans la main, nous allâmes sacraliser le coucher de soleil ; je peux vous le dire : tous nos frissons n’étaient pas que pour les lumières finissantes. Je lui disais : « Je t’aime », et dire « Je t’aime » quand c’est sincère, c’est toucher le Ciel, c’est se retrouver paralysé de Bonheur, c’est être foudroyé jusqu’à l’âme, c’est vaciller mais c’est tenir debout pour justifier ses larmes…

Après ?... Demandez au personnel de l’Astrolabe !... Depuis notre passage, ma belle et moi, nous sommes même inscrits sur le fronton de leur Livre d’Or ! Nous avons la palme en matière de tapage nocturne ! J’ai appris les chemins secrets de tous ses grains de beauté ! J’ai mesuré la hauteur des étoiles dans ses yeux ! Nous avons cassé plusieurs ressorts ! Fait trembler les murs ! Renvoyé Rocco Siffredi à ses études, et plein de choses encore, que la pudeur m’interdit de rapporter ici.
Et puis, c’est ma chef ; vous comprenez, même sur cette feuille rapporteuse, pudique, elle ne permettrait pas que je m’étale un peu plus sur le sujet. Après tout, c’est elle qui paie ; comme je suis un peu taquin, et puisque tout n’est que rires, je lui demanderai si je peux mettre l’alliance sur ma note de frais…

Astrolable_1

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13 avril 2019

L’astrolabe par bongopinot

b


Il a fallu attendre le septième siècle
Pour une meilleure utilisation
De cet outil en forme de cercle
Un objet pour l’observation

Qui a permis la navigation en mer
Avant l'invention du sextant
C’est un astrolabe nécessaire
Instrument devenu courant

il calcule la hauteur de l'astre dans le ciel
Il matérialise la vision géocentrique de l'Univers
Observez encore et encore tout l'essentiel
De ces planètes plus ou moins sévères

Il mesure aussi la position des astres
Déterminant l'heure du jour ou de la nuit
Le soleil les étoiles se mesurent
Sur un rythme où toujours le temps fuit

6 avril 2019

Défi #554

 

J'aurais pu dire sextant,
mais ça ne commence pas par A

Astrolabe

 

Astrolabe-Persian-18C

 

6 avril 2019

Ont visité Monte Albán

6 avril 2019

à la zapothèque d'Oaxaca (joye)

ce soir, oui,

on ira creuser l'écart

 on entendra la voix d'un maître

(gims)

le temps passera

mais les visages resteront

de pierre

ce soir, oui,

on ira danser

à la zapothèque

d'Oaxaca

 

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6 avril 2019

Tonnerre de Brest (Vegas sur sarthe)


Il s'appelait Zapotek.
Dans la classe de CM1 où on jouait à essayer d'être plus nuls qu'en CE2, on était morts de rire, le nouveau s'appelait Zapotek !
On lui a tout de suite filé le train mais il courait plus vite que nous, alors forcément on l'a baptisé Zatopek, ce qui changeait rien car on était toujours morts de rire.
On a compris que c'était pour ça qu'on courait moins vite ; à se dilater la rate, on est loin de courir comme des dératés.
On a vu que dans la liste des insultes du capitaine Haddock, Zapotek se trouvait entre  wisigoths et zèbre … alors on a rigolé encore plus.

Plus sérieusement la maîtresse nous avait expliqué que son nom venait d'une civilisation amérindienne.
Avec une mère indienne, et sans doute un père cowboy il avait aussi hérité d'ancêtres – toujours d'après la maîtresse – qui broutaient dans un pré colombien dans une vallée au nom zarbi de Oaxaca à l'époque de la conquête espagnole bref on avait toutes les raisons de se fendre la poire.
Parait aussi que tous les Zapotek parlaient neuf langues ; c'était donc ça le zozotement qui nous faisait tant marrer.
Zatopek , il parlait peu mais il chantait à cause de sa langue à quatre tons : haut, bas, montant et descendant un peu comme le joystick de la Nintendo !
A part ça c'était juste un pauvre mexicano venu d'une « bande de zapotèques de tonnerre de Brest » et ça nous suffisait pour le ranger dans la catégorie des étrangers, ceux qu'on forçait à s'installer au premier rang pour mieux les surveiller et leur lancer des boulettes en papier.

Un jour il nous a « chanté » qu'il descendait du puma, qu'il avait deux dieux, le Dieu de la pluie et le Dieu de la lumière et que ses ancêtres avaient pratiqué des sacrifices humains, du coup on a fini de rigoler … et puis on a arrêté de lui courir après.
De toute façon on le rattrapait jamais, Zatopek !

Et puis un jour son père – celui qu'on appelait le cowboy – est venu le chercher à l'école pour l'emmener rejoindre la communauté d'Ixtlan de Juarez, une communauté remarquable qui travaille le bois, un modèle de réduction non seulement des gaz à effet de serre mais de la pauvreté.
« Le cowboy » nous a expliqué que 30% des 600 000 dollars de bénéfices annuels étaient consacrés à la protection de la forêt ; tous ces chiffres ça nous a foutu le vertige.
On n'a jamais revu Zatopek … sûr qu'il a fait son chemin, tonnerre de Brest.
 

6 avril 2019

L'espoir fait vivre... (maryline18)

 

Zébrée d'indifférence, l'extase qui part en vrille,

       Etouffe par avance, mes baisers qui pétillent,

Allume la souffrance, qui tord, qui recroqueville,

       Un visage de silence en larmes au mois d'avril...

 

Photographier le ciel, just'au dessus des flots,

       Dire que la vie est belle et mentir s'il le faut,

Observer sous l'ombrelle sans avoir de repos,

       Les amoureux auxquels le bonheur prête ses mots...

 

Traîner un corps trop lourd, un parfum de vanille

       Sur les plages, dans les bourgs, user mes espadrilles,

Ecouler des bonjours à des yeux qui torpillent,

      A des vieux hommes sourds que des femmes houspillent...

 

Quémander de l'amour, aux porches des églises,

      Comme un dernier recours, l'âme en état de crise.

Urler, même si j'me goure, ton nom, qui m' électrise !

      Se consument mes forces envolées par la brise...

 

Envoyer au secours de mes rêves atrophiés,

      L'espérance au long cours, qui seule, peut les sauver...     

 

6 avril 2019

Walrus persiste et signe (Walrus)


Je viens de vérifier dans la liste des sujets : nous n'avons pas encore proposé masochiste sur ce blog.

Faudrait pourtant y penser, parce que, tout à fait entre nous, qui c'est le premier qu'il fait suer avec ses mots à coucher dehors le Walrus ?

C'est moi ! (ou lui, c'est comme il vous plaira, comme aurait dit Shakespeare bien qu'il l'ait dit en anglais, si Shakespeare était vraiment Shakespeare)

Zapotèque, franchement ! Vous en connaissez beaucoup de mots, vous, qui commencent par ou même contiennent "zapo" ?

Si si, j'ai cherché, la moisson est maigre :

  • Zaporijia, une ville d'Ukraine
  • Zaporogue, une sorte de cosaque
  • Zapoï, le même que ci-dessus beurré come un petit Lu
  • Zapotron, une arme de snyper dans le jeu Fortnite
  • Hellzapoppin, un film déjanté de 1941 (extrait)

Mais je m'égare, revenons au sujet du jour !

Vous avez vu les illustrations ? Ces Zapotèques avaient une maîtrise extraordinaire de la terre cuite ! Je parie que l'emmerdeur hebdomadaire les a choisies tout exprès pour me remettre en mémoire ma propre expérience en la matière (argileuse), quand, à la cuisson, ma première pièce a explosé dans le four (les suivantes également, si bien que j'ai fini par me spécialiser dans les fulminates, tant qu'à tout faire péter, autant le faire volontairement, encore que parfois, avec les fulminates...).

Vous pouvez peut-être m'aider : vous pensez que ces Zapotèques connaissaient la terre chamottée ?

 

6 avril 2019

Zapotèque (Laura)


Zátopek, je sais que ce n'est pas la consigne mais je veux parler de Zátopek
Athlète d'un pays qui n'est existe plus, la "locomotive" dominatrice Zátopek
Peuple précolombien du  sud-est du Mexique, retournons aux Zapotèques
On leur connaît 9 langues différentes, moins connus que les Aztèques 
Trois groupes dans la zone autour de l'actuel état de Oaxaca, tous  Zapotèques                 

Et bien différents pourtant; Monte Albán, la « capitale » de la civilisation zapotèque
Quelle  tentation que d'aller voir leurs traces vers l'isthme de Tehuantepec
Une colline de 2000 mètres rasée, une pyramide, civilisation proche des Olmèques
Et le mur d'un palais de Mitla avec des arrangements de pierres à la grecque!

6 avril 2019

Chaque fois y' avait un hic ... (Lecrilibriste)


Dans la famille des Zapotèques
l'était un enfant dyslexique
qui se battait avec le dialecte.
Quand on lui demandait son nom
chaque fois sa langue fourchait
il disait z'm"appelle Zatopeck
au lieu de Zapotèque
Sa mère stoïque,
trouvant qu'il y avait un hic
pour combler ce déficit
le gavait de rumsteak
et de raisins secs
pour en faire un beau mec

Et le petit Zapotèque
qui voulait qu'on le respecte
bien loin d'être apathique
et pour  pas qu'on le critique
courait au pas de gymnastique
sans faire aucun break
pour pas un kopec
de Téhuantepec jusqu'au Québec

C'est ainsi qu'il devint
un coureur fantastique
emblématique et atypique
magnifique et frénétique
tchecoslovatique

Dominant tout le peloton
en grand athlète olympique
du 5000, 10000 m et du marathon
il décrocha l'or du champion
à la même édition
Il s'illustra avec le nom
non pas de celui de Zapotèque
car il était dyslexique
chaque fois y'avait un hic
dès qu'il disait son nom
sa langue fourchait
il disait : Zatopeck
Alors pour, à tous, clouer le bec
on le sacra pour de bon
dès sa victoire au marathon
avec ce bel et grand nom
 "la locomotive Zatopeck"

6 avril 2019

L’encrier des Poètes (Pascal)


Les scientifiques modernes se penchent sur tout ce qui ne s’expliquait pas encore, il y a quelques années ; aujourd’hui, ils peuvent voir dans les plus petites choses, ils remontent jusqu’à leur ADN, ils déflorent les mystères, ils éludent les légendes, ils banalisent l’occulte, ils pénètrent les arcanes ; pragmatiques, ils résolvent les énigmes les plus anciennes…  
Récemment, dans un laboratoire, par jeu ou par bravade, quelques-uns d’entre eux se mirent au défi d’étudier les restes d’un brillant liquide, celui du fond d’un encrier en porcelaine, acheté par un des chercheurs, dans une brocante. L’une des jeunes assistantes du labo prit cette initiative un peu loufoque tellement à cœur qu’elle enregistra toutes ses découvertes si précieuses sur son carnet intime ; à la faveur de la chance et des choses de l’imagination souveraine, j’ai pu retrouver ses notes et je vous les traduis, ici, dans la confidence de cette écriture sibylline…

Au début, entre scepticisme et engouement, l’œil sur son microscope, une goutte de liquide entre deux lamelles, elle chercha à déterminer ce qu’elle découvrait.
En grossissant un peu, elle énuméra les composants de l’encre, comme on révise ses formules avant un examen ; en grossissant beaucoup, elle découvrit quelques étrangetés singulières qui aiguisèrent sa légitime curiosité de chercheur (euse) ; en grossissant passionnément, médusée et conquise, elle fut littéralement impressionnée par d’imperceptibles mouvances ondulatoires qui créaient des arabesques mystérieuses !...
Les autres ?... Les autres, les réalistes, ils ne voyaient rien !... Trop occupés à leurs habitudes, à l’inertie des modes opératoires, à la pluralité de leurs expériences, las et sceptiques, ils avaient abandonné la traduction intérieure de cet encrier…

Notre jeune laborantine continua ses expériences en approfondissant plus encore son étude. Au laser, au microscope électronique, à la lunette infra-rouge, et tous les outils modernes en sa possession, elle tenta, sans succès, de percer le mystère de cette mystérieuse encre indéchiffrable. En désespoir de cause, dans un moment de faiblesse, elle laissa tomber une larme remplie de délicatesse sur ses lamelles…  
Avant d’abandonner à son tour mais, comme elle était fort curieuse, elle remit son ouvrage mouillé sous l’œil inquisiteur du microscope à balayage…
D’abord, elle ne comprit rien de ce qu’elle découvrait : c’était tellement hallucinant, tellement incroyable, tellement extraordinaire !... En tremblant de tout son enthousiasme, elle adapta les lentilles de l’appareil à l’incroyable phénomène se déroulant devant son ébahissement. Ça grouillait !... Ça dansait !... Ça gesticulait !...

Ayant branché le son du puissant appareillage à son casque, elle entendit distinctement un : « Ha, les a !... Dépêchez-vous, les a !... ». Elle découvrit une farandole de a, un galimatias de a, un Annapurna de a !... Il y en avait pour les coups de tabac, les ananas, les avatars !... « Les e ?... Bienvenue, les e ; n’oubliez pas vos chapeaux… ». Une enfilade de e se tenait par les épaules, comme des enfants à l’école… « Ho, les o !... Il y aura de la place pour tous !... Un peu de calme : on n’est pas au zoo !... ». Comme des roues de vélo, ils tourneboulaient tels des acrobates allant au boulot ; il ne fallait pas perdre les o…
Elle se recula prestement de son microscope comme si tout ce qu’elle découvrait n’était plus que l’œuvre de son imagination !... Tout ça, c’était impossible !... Ce n’était que le prolongement de ses vieilles croyances, elle, la plus terre-à-terre de ce labo !... Pourtant, elle retourna à son devoir d’examinatrice fanatique…

« Hue, les u !... Grimpez tous, bande d’hurluberlus !... » Les Ubu, les tutus, les goulues, se pressaient avec les cumulus et les fugueurs revenus…
« Les y ?... Où sont les y ?... Qui a vu les y ?... Ils sont encore à Mykonos ?... On a besoin d’eux pour les yeux, les youpi, les yoles et les yachts !... »
Sous l’œil exorbité de la chercheuse, vinrent les majuscules ; tels des mousquetaires royaux, elles avaient des révérences précieuses pour chacune des files qu’elles croisaient…  
La ponctuation fit une entrée remarquée ; n’est-elle pas le souffle de l’écrivain et la respiration du lecteur ?... « Ne mélangez pas les traits d’esprit avec les traits d’union !... »
Les points et les virgules, les tirets et les apostrophes paradaient à la fête, et les chapeaux de toutes les voyelles voltigeaient en l’air dans un feu d’artifice de trémas et de circonflexes !...
« Les i ?... Où sont passés les i ?... Par ici, les i !... ». En nombre infini, ils arrivaient en catimini ; on en avait besoin pour éclairer les pistils, pour colorier les tissus, pour raconter l’indivisibilité…

Tout ce petit monde des voyelles cherchait son encrier avec des rires qui auguraient les licences poétiques fleuries d’un beau printemps. Naturellement, les lettres se congratulaient, heureuses d’êtres présentes au banquet des mots. Aimantés par une attraction supérieure, que la scientifique ne comprenait pas encore, les o et les e, entrelacés, cherchaient leur cœur, les âmes se statufiaient en or, des embryons de rime, toutes unanimes, s’arrangeaient en belles maximes.
Dans cet encrier magique, il s’y baignait les consonnes et les voyelles, et tout ce qui enfante l’Ecriture ; dans la valse truculente des profondeurs, des couples se formaient. Pour ne parler que d’eux, en rondes enjouées, les a, les e, les u, se donnaient la main en eau et des prémisses de fins de mots se formaient en artifices ; des châteaux s’érigeaient, des bateaux prenaient la mer, des moineaux vocalisaient. Dans les méandres de l’encre, naturellement, les z zinzinulaient, les zapotèques zéphirisaient et les z’abeilles zonzonnaient…
 
En scrutant le fond du petit récipient de porcelaine, il devait nager Moby Dick, naviguer Ulysse, se cacher des sirènes, flotter des Apollinaire, Rimbaud, Pagnol et consorts, sur des coquilles de noix, se dit notre jeune laborantine, dans un souffle de lyrisme…  
À l’insatiable inspiration de leur plume, les poètes vont s’abreuver dans cet encrier ; ils n’ont qu’à touiller et ils attrapent les mots les plus beaux, se dit-elle encore…  
Mais qu’est-ce qui lie tous ces mots entre eux ?... Mais qu’est-ce qui les enchaîne aux brûlures heureuses d’une même ardeur volcanique ?... Mais qu’est-ce qui les marie si assidûment ?... Une autre de ses larmes lui répondit ; elle tomba dans l’encrier, et toutes les lettres, et tous les mots, et tous les verbes, et tous les adjectifs se collèrent à ce délicieux appât. C’était l’Amour…

6 avril 2019

Le cursus de Rémi (Val)

 

Lorsque Rémi s’apprêta à faire sa première rentrée à l’école, la loi changea. L’école était désormais obligatoire à partir de l’âge de deux ans. L’Etat ayant pensé à raison que les parents n’étaient plus en mesure d’enseigner les fondamentaux à leurs enfants (propreté, langage...). 

Rémi s’adapta rapidement à l’école, et sortit de la maternelle à l’âge de six ans, comme ses camarades, ayant validé tous les acquis demandés. Vrai! Les cases de son dossier scolaire étaient toutes emplies de gommettes vertes. Et ce n’était pas vraiment bon signe pour son avenir. 

L’année de son entrée en CP connut également une réforme importante de l’éducation nationale. Apprendre à lire n’était plus obligatoire. En revanche, les élèves étaient évalués sur leurs capacités à utiliser une tablette et à maîtriser les nouvelles technologies en général. 

Malheureusement pour lui, ses parents étaient assez réactionnaires et lui apprirent à lire et à écrire tout de même. 

Rémi sachant s’adapter aux situations, il sortit de l’école primaire avec toutes ses gommettes vertes en utilisation des outils numériques. Bien que ses enseignants avaient relevé une curiosité un peu malsaine chez lui, notamment des envies d’apprendre à poser des multiplications à la mains, sans calculatrice. Aussi, en CM2, tout stylo lui a été confisqué. Et il était puni de papier également. Ces outils n’étant plus tolérés en classe.

Rémi entra en 6eme. Il sut s’adapter là encore. C’est à dire s’ennuyer, et ne pas se montrer trop impliqué dans son travail scolaire. Malgré tout, les professeurs convoquaient régulièrement ses parents pour les mettre en garder: Rémi avait parfois l’audace de travailler plus qu’il ne le fallait. C’était assez mal vu. 

Mais enfin, il eut son brevet et entra au lycée. 

C’est là que Rémi fit sa première véritable erreur en matière d’orientation. 

La nouvelle réforme demandait aux élèves de ne choisir que trois matières à étudier dès la classe de seconde. Le options facultatives n’étant autorisées que sur dérogation. Rémi voulu choisir la littérature, les mathématiques et la physique en priorité, et demanda deux dérogations pour la philosophie et l’économie (il apprenait les langues étrangères et l’histoire à la maison, car il était interdit de suivre plus de cinq cours différents au lycée). 

Rémi obtint ses deux dérogations mais fut très mal vu au lycée. Sa soif d’apprendre était perçue comme le signe d’une prétention insolente, et comme une sorte de nonchalance (perdre du temps à apprendre tout ces inutilités plutôt que de s’initier aux réseaux sociaux, et de s’exercer aux snaps, seules manières efficaces de trouver un travail plus tard!). 

Rémi eut son bac de justesse et au rattrapage seulement. 

Il n’avait pas mesuré qu’il partait avec un handicap de taille: si certaines options donnaient des points supplémentaires au bac, telles que le sport, les réseaux sociaux ou encore le stand-up, d’autres telles que la philosophie en soustrayaient. Ainsi il perdit dix-huit points. 

Rémi suivit ensuite des cours de langues mortes en licence de civilisations anciennes. Il n’avait jamais appris le grec ni le latin, pourtant, mais à présent on ne choisissait plus sa filière d’université. C’était un algorithme qui décidait, en fonction des options choisies et des résultats des élèves. Rémi ayant choisi un baccalauréat de pédant, l’ordinateur l’admit dans une fac de pédant. Point.

N’importe. Il apprit, bon gré mal gré, le latin et le grec. Il réussit avec brio chaque examen. C’est ce qui fit son plus grand tort. 

Les étudiants, depuis la dernière réforme de l’université, n’avaient plus le choix de leur thèse. Elle était choisie par le doyen de l’université en fonction de leurs capacités, et pour ne défavoriser personne. Ainsi, un étudiant sachant à peine écrire devait soutenir une thèse (uniquement à l’aide de photos) sur Instragram. 

Rémi était vu comme un étudiant rebelle, qui s’obstinait à étudier, et cela ne plaisait guère.

C’est donc après un baccalauréat « fondamentaux option philosophie », puis une fac de pédant, qu’il dut rédiger et soutenir une thèse sur les Zapotheques. 


Rémi obtînt tous ses diplômes. Bien sûr, il ne trouva jamais d’emploi. 

Et ça vous étonne? Un bosseur pareil, c’est honteux! Ça vit aux crochets des gens normaux, qui se contentent de savoir à peu près écrire et utiliser une calculette à bac+5. 

C’était pourtant pas faute de l’avoir prévenu... 

 

6 avril 2019

Le Chapeau de Zozo (Joe Krapov)

mêli mêlo zapotèque 2019 04 06

C'est vrai que,

comparativement à ces professionnels du couvre-chef,

même la reine d'Angleterre fait figure d'amateur.

d'amateure.

d'amatrice.

de zozo !

 

6 avril 2019

Zapotèque (Venise)

 

Les premières années d’Archéologie m’ont demandé d’intégrer beaucoup de connaissances en peu de temps.

Quatre mois plus tard j’étais sur un site de fouille ZAPOTEQUE, J’avais pris la confiance !!

 

J’étais prête à me confronter, du moins je le croyais à toutes les exhumations.

 

Je travaillais pourtant avec des pirates sans vergogne, des dominateurs tout en deltoïdes et sans cou !!

Ces tombes renfermaient au moins cinq milles ans d’inquiétude au regard des cranes fracassés.

Ils avaient tous dû être chassés du paradis.

Voilà ce que c’était une vie d’étudiante. J’étais tout à fait conscience d’avoir gâché toutes les occasions de me la couler douce.

Je n’appartenais pas à un club de lecture à croire que ma nature avait déterminé mon destin.

 

Il ne suffit pourtant pas passer son temps à déterrer des morts pour prendre vite conscience que l’archéologie c’est déprimant. J’estimais alors que c’était là que résidait le problème.

Il y a des relations causales qui servent à établir qu’ici il n’y a aucun espoir de revenir à l’EDEN.

J’avais ainsi l’impression d’avoir été chassée du paradis.

Je ne pouvais tout de même pas donner des leçons de déontologie et d’essayer de démontrer d’une manière légèrement baroque qu’on n’embête pas les morts et qu’ils ont le droit d’emporter leur secret.

Ici il n’avait rien à sauver tout était en cendre je venais après Tchernobyl.

v

Je ne vais pas faire durer le suspense trop longtemps j’ai tout largué

Je suis sagefemme ! être postée au début de la vie c’est quand même plus marrant !!

 

6 avril 2019

Les Zapotèques par bongopinot

b

 

Je découvre à la bibliothèque

Un livre sur les Zapotèques

Où les histoires dramatiques

Se mélangent aux endroits magiques

 

J’apprends qu’ils sont d’habiles artisans

Et moi j’entends le chant du vent

J’admire ces lieux intéressants

Et tous ces superbes monuments

 

Je tourne les pages écornées

Des statuettes en pierre taillée

Ornent joliment ces feuillets

Et j’imagine des secrets pas encore révélés

 

Qui seront découverts lors d’autres voyages

Et moi je rêve en regardant les nuages

De leurs richesses et leurs paysages

Espérant y aller pour en révéler davantage

 

 

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