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Le défi du samedi
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5 avril 2014

Le magicien (d')aux oiseaux (Epamine)

FOLON-AU-TRAVAIL1"Pssst! Jean-Mi?

- Qui m'appelle ?

- Ben, moi, l'homme au chapeau, là, devant toi!

- Non, ce n'est pas possible!

- Ne sois pas si terre à terre, Folon! Tu devais t'y attendre, non ?... Tu me parles depuis des semaines....

- J'ai toujours parlé à mes...   mais...

- ...je suis le premier qui te répond, c'est ça?

- Oui!

- Fallait bien que ça arrive un jour, non? Regarde Gepetto avec Pinocchio...

- Tu veux dire que tu vas...

- Non, sois tranquille! Je ne connais aucune fée bleue et voyager en Mobydick, très peu pour moi. Si je prends la parole aujourd'hui, c'est au nom de tous les miens, enfin de tous les nôtres... Au nom de tous ces hommes, avec ou sans chapeau, que tu as fait naître depuis tant d'années, je dois te dire merci.

DSCF7801Toi, l'homme-sage-femme, l'hommagritte, l'homo sapiens-habilis créateur d'homo erectus en gibus, tu as peuplé le monde de tes hommes universels. La plupart du temps, tu as caché nos chevelures sous le même chapeau mais pour certains d'entre nous, tu as préféré ouvrir nos consciences. Tu as masqué nos signes d'appartenance sous un immense manteau et tu as seulement laissé sur nos visages nos simples traits d'humanité: deux yeux, un nez, une bouche. Nous ne sommes ni des golems, ni des chapeliers fous, pas plus que des épouvantails sans cerveau ou des bûcherons en fer blanc sans cœur. Nous sommes l'homme. L'homme dans sa solitude et dans sa multitude, l'homme dans ses rêves et dans ses guerres, dans ses trêves et dans ses travers, l'homme dans ses détresses et ses liesses, dans ses errances et dans ses espérances, l'homme dans les ténèbres et dans la lumière...

Tu nous as dotés de longues mains

pour attraper le soleil et les étoiles,

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pour prendre une valise ou un rayon de lune, 

27110957voleur lune Folon

 pour tenir l'arc-en-ciel ou faire danser la pluie

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 pour avoir le coeur sur la main, pour tendre la main, pour serrer la main,

Detail_vitrail_Folon

Tu as posé mille couleurs d'aquarelles sur les arbres, les rivières, les chemins, les maisons, les regards, les livres, les déserts, les villes...

Mais ce que tu as fait de mieux pour nous, Maître Folon, ce sont les oiseaux.

Dans nos mains, dans nos esprits, dans nos cœurs, dans nos chapeaux, 

tu as laissé des milliers d'oiseaux s'installer, s'envoler, se poser, s'échapper,

et parfois même, pour nous rendre la vie légère et belle, tu nous as donné leurs ailes.

 

12043288

 Pour tout ça, Jean-Mi, merci !"

Et tandis que l'homme de boue parlait,
Jean-Michel, heureux, s'envolait
Dans la douceur de l'éternité,
Porté par des ailes d'opale rose
Pour rejoindre les milliers d'oiseaux
Qu'il avait cachés dans les chapeaux,
Comme seuls, les magiciens osent.

Folon ange assis

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5 avril 2014

Des oiseaux dans la tête (Stella NO.)

On disait souvent d’elle qu’elle était étourdie et tête en l’air.

Elle se répliquait que sa tête était en fait pleine d’oiseaux colorés qui piaillaient des sons doux et féériques.

Ses oiseaux l’emmenaient dans des contrées magiques où elle pouvait côtoyer le mystère et le merveilleux. Elle y vivait des histoires fantastiques et se nourrissait de ses rencontres avec des êtres sacrés.

Ils lui apportaient bien-être et sérénité. Et quand les autres lui disaient qu’elle était ailleurs, elle ne pouvait s’empêcher de répondre « je suis ».

Ils ne la comprenaient pas mais force leur était de constater qu’elle semblait vraiment heureuse. Ce qui leur semblait n’être qu’illusion lui importait tellement qu’elle envisageait de partager son intimité secrète afin de leur apporter autant de bien-être qu’elle en éprouvait.

Alors dès quatorze ans, elle se mit à écrire. Jour et nuit, dans une frénésie de mots maladroits, elle coucha sur le papier ses mondes intérieurs et ses voyages avec les oiseaux. Il y eut ainsi Paula, la journaliste1. Premier essai non concluant, lui laissant un gout amer et le désir de murir. Les cambrioleuses de haut-vol, Alie et Angie2, ne la satisfirent pas plus. Il y eut ensuite la talentueuse Hannah3 qui la bouleversa. Quinze ans plus tard, elle écrivit Ilyana et son pacte avec Hadès4. Puis vinrent les deux sœurs Ella et Adèle5, la sorcière Eléa6, l’impulsive Jane7, ou encore Esaelle8, la métamorphe.

Toutes ces femmes sont des parties d’elle-même. Toutes ces femmes sont elle. Paula, l’intrépide. Alie et Angie, les machiavéliques. Hannah, la gentille dont tout le monde abuse. Ilyana et Eléa, dont la magie survient dans leur vie si paisible. Ella et Adele, les jumelles qui vont vivre la même situation si différemment. Jane, la sage cédant à une impulsion qui va bouleverser sa vie. Esaelle, celle qui rêve de sortir du rôle que sa tribu lui a imposé par sa lignée.

Toutes ces femmes se sont elle. Ce sont celles qu’elle rêverait d’être, ce sont celles que les oiseaux colorés lui montrent jour après jour, nuit après nuit. Autant de vies qu’elle aurait voulu vivre. Autant d’histoires qui la font tenir le coup. Parce que dans la vraie vie, il y a ceux qui lui font du mal, les désillusions, et puis cette fichue maladie qui lui ronge les organes.

Les rêveries l’apaisent mais ils lui laissent aussi parfois un sentiment de désolation. Doit-elle cesser de rêver ? Doit-elle dire aux oiseaux de partir ?

 _______________________________

1 Trafic en méditerranée, par Stella No. 1997
2 Duo en sursis, par Stella No. 1998.
3 Pour le pardon d’Hannah, par Stella No. 1999
4 Les enfants de l’enfer – Tome 1 : Le pacte. par Stella No. 2012
5 Penragons, par Stella No. 2012
6 Coven, par Stella No. 2012
7 Impulsion, par Stella No. 2013
8 Berkesaï, par Stella No. 2013

Edition : Dans mon ordi.

 

5 avril 2014

Participation de Fairywen

 

Liberté.

 

Murs de pierre, barreaux d’acier montrant un coin de ciel, un coin d’espoir. Depuis combien de temps est-il là ? Il ne se rappelle plus… Une éternité, peut-être. Le temps est long quand on est seul dans le froid et l’humidité. Il ferme les yeux, fatigué, et s’allonge sur sa paillasse. Un sourire étire ses lèvres. Malgré les coups, les menaces, il n’a pas craqué, n’a pas parlé. Jamais il ne dénoncera ses compagnons, ceux qui luttent avec lui contre les tyrans, et surtout il la protègera toujours, elle, son unique amour, elle pour qui il s’est laissé capturer, pour qu’elle puisse s’échapper, elle à qui il pense nuit et jour et qui lui donne la force de tenir.

Car s’ils ont emprisonné son corps, son esprit, lui, est libre, et dans sa tête les pensées s’envolent, tels des oiseaux aux ailes blanches, des oiseaux porteurs d’espoir, des oiseaux porteurs d’amour… Et dans ses pensées, il la voit, elle, son amour, sa vie, et la pensée que son sacrifice lui a permis de rester libre l’apaise, lui donne la force de supporter la pensée de son calvaire.

Lorsque la porte s’ouvre, il est prêt, prêt à leur résister encore, mais soudain ses yeux s’écarquillent. Par quel miracle est-elle là, devant lui, une arme à la main ? Il n’a pas le temps de poser des questions, les réponses viendront plus tard, il faut fuir. Elle l’entraîne, en silence, ils se cachent, la sortie est là, juste devant, il faut patienter jusqu’au moment propice.

Et puis soudain ça y est, ils s’élancent, ils s’enfuient, dans la neige et le froid, enfin réunis. Ils ne se sépareront plus, jamais.

 

La liberté est au bout du chemin…

 

Ce texte est en réalité le prélude imprévu d’une autre histoire, qu’il est possible de lire ici, et qui relate la fuite des deux amants.

5 avril 2014

Participation de Venise

Nous nous étions écrit plusieurs  lettres

Avant d’échanger un regard.

A cette profondeur là

Il ne faut jamais brusquer les choses m’avait il écrit dans sa dernière lettre.

Il est venu me recevoir avec un étrange chapeau dans l’antichambre où il faisait attendre ses hôtes.

Un étroit visage spectral aux orbites profondes et d’interminables mains  blanches qui flottaient comme des algues à la hauteur de sa bouche, pendant qu’il construisait soigneusement ses phrases par petit morceaux.

Quand il cherchait un mot mon ami réfléchissait dans un attente interminable.

Alors des oiseaux s’animaient sur la face externe de son chapeau pour attraper les doutes qui l’assaillaient.

D’un ton enfantin il me disait alors

Futur simple ou passé antérieur ?

Ses mains s’agitaient pour dénouer d’invisibles épines de rosiers.

Avec lui je progressai à petit pas comme dans une sorte de TIBET mental.

 

5 avril 2014

L'invisible des mots (petitmoulin)

Tourne et vole
L'invisible des mots
Tourne et vole
Le silence imprononçable
De la mémoire
Nulle parole n'est assez juste
Pour dire la beauté de la mer
Ses colères et ses parfums
Sa respiration
Nul cri assez révolté
Pour hurler la souffrance
La cruelle brûlure
Dans la main qui recueille
Sur un champ de bataille
Le temps pulvérisé
De l'enfance
Nulle voix n'est assez nue
Pour danser sur le corps
Des amants.

Il  arpente
Bouche muette
Ses chemins de solitude
Semés d'épines ou de lilas
Tourne et vole
L'invisible de ses mots
Tourne et vole
Le silence de sa mémoire.

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5 avril 2014

Autant vous le dire tout de suite, (Walrus)

 

j'aime pas trop Folon...

 

Dans la vraie vie, c'est ici que mon épouse placerait dans un soupir : "On se demande si quelqu'un trouvera un jour grâce à tes yeux...".

Mais bon, nous ne sommes pas dans la vraie vie, n'est-ce pas ? Nous sommes dans le cocon virtuellement bienveillant du défi du samedi où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, surtout moi !

Donc, au risque de me répéter (mais c'est ça qui fait prendre la sauce, car la sauce ne se monte pas d'un simple coup de fouet, qu'elle soit poulette ou hollandaise), j'aime pas trop Folon...

Et ne me demandez pas pourquoi !!!

Pas que ça ne vous regarde pas... Simplement, je n'en sais trop rien moi-même, rien de personnel, en dehors du fait que je me méfie de ceux de mes compatriotes qui finissent leurs jours à Monaco, alors je ne vais pas vous l'expliquer.

Et pourtant, cette image...   c'est lui tout craché !

C'est pas moi qui l'invente, c'est lui qui l'affirme : il s'agit d'un autoportrait peint en 1987 et actuellement détenu, en compagnie de huit autres œuvres de Jean-Michel, par le Metropolitan Museum of Art de New-York (plus généralement dénommé "Le Met") sous le numéro 1990.109.1.

C'est donc lui tout craché :  des oiseaux plein la tête et cette obsession pour le vol, on aurait dû l'appeler "I", comme Icare ou comme italiques :

 Il volait aussi pour le compte d'Antenne 2 :

Et une fois la célébrité acquise, il aurait même pu chanter en duo avec Plastic Bertrand : "Ça plane pour moi !".

 Mais revenons, si vous le voulez bien, à l'autoportrait (et si vous ne le voulez pas, cliquez ici)

L'est pas vraiment beau, le mec !

Et quelle ambiance ! Rouge... couleur de la vie ! Mais moi qui ai vécu au sein d'une centrale thermique, ça me rappellerait plutôt le rougeoiement du foyer des chaudières quand des charbons ardents y faisaient gronder le feu de l'enfer. Mais bon , ce que j'en dis, hein...

Et cet œil vide cerné lui aussi de rouge, l'aurait pas un petit côté zombie le gars ?

Et ce crâne qui communique directement avec le chapeau, ça lui ferait pas comme une tête à "claque" ?

Et ces tons bleus qu'il donne à son cerveau, essayerait-il de nous faire croire qu'il garde la tête froide en toute circonstance ?

Non, ce portrait ne m'inspire guère de choses positives...

Sauf peut-être de chanter avec Pierrot : "Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux !"

Ou de crier comme dans les bonnes vieilles salles de cinéma : "Chapeau !"

5 avril 2014

Dimitri (EVP)


Sur ma tête y’a un beau chapeau
Dans ma tête y’a des tas d’oiseaux…
C’est ma p’tit chanson, celle que je chante si bien dans ma tête, oui parce que je la chante pas en vrai, ça serait affreux.
Je m’appelle Dimitri, j’ai dix ans j’habite à Poligny, la grande et belle maison  au début du village. Mon papa c’est le médecin. Je suis un I.M.C., I.M.C. léger précise papa, toujours.
Moi je trouve ça plutôt lourd mon corps qui ne veut pas faire ce que je veux et puis j’aimerais tellement papoter, causer avec mes copains, c’est si difficile d’articuler de me faire comprendre et pourtant, si vous saviez comme je suis bavard en dedans !
N’empêche, tout allait plutôt bien pour moi avant qu’ils n’arrivent…Ceux du petit  lotissement neuf au bout du village.
Au début c’était juste des insultes « gogol » « débile », après il y a eu les bousculades, les croche-pieds et bien vite les claques. Je pouvais pas en parler, Maman, elle aurait eu peur, elle m’aurait retiré de l’école…J’voulais pas aller en institution.
Alors, je me recroquevillais et je parlais aux oiseaux bleus dans ma tête.

Ce soir, ils m’ont traîné jusqu’au petit bois. Ils ont les yeux fous de haine. Ils me brûlent avec des cigarettes, ils tapent ma tête contre une racine, un coup de pied terrible dans les reins, j’ai si mal, tout est rouge derrière mes yeux…

Les oiseaux ?...Où sont les oiseaux ?
Sur …ma tête y’a un…beau chapeau
Dans…tê…tas…d’oi…
………
Je suis un oiseau…
C’est beau…Tout blanc,
Si tu voyais Maman,
Je vole, je vole si haut, si haut,
Tout là-haut.

5 avril 2014

Chapeaurte-plume (Vegas sur sarthe)

Maître Folon, ancien oiselier reconverti en chapelier vous propose une large gamme d'objets mi-coiffures mi-volatiles dits chapeaurte-plumes à usage multiple parmi lesquels:
le choucasquette à plumes noires et nuque grise.
le béret-miz à masque noir, existe en jaune façon béarnaise.
le bicorneille estampillé Polytechnique sur fond noir
le borsalinotte pour voyou écervelé
le casarcalotte pour juif ukrainien
le barbicanotier en paille du sud sahara
le corbonnet de nuit noir, existe en blanc pour insomniaques
l'émouchéchia, modèles en faucon ou en vrai tunisien
le gibuse variable, aplatissement garanti à l'atterrissage
le képie, couvre-chef ou couvre-sous-chef, uniquement en blanc et noir
le panamacareux, son gros bec le distingue du borsalinotte
le pinsombrero pour sombre héros gai ou chanteur
le tricorneille, bicorneille amélioré ou cornu
le bécastor, chapeau à long bec et queue plate
Pour les clients incultes ou mal embouchés, la liste de noms d'oiseaux est à leur disposition ci-dessous:
choucas
rémiz
corneille
linotte
casarca (tadorne)
barbican
corbeau
émouchet
buse variable
pie grièche
macareux
pinson
bécasse
 
5 avril 2014

SOUS MON CHAPEAU, LE CIEL... (Nhand)

Puisqu’il est impossible

– A cause de mon cou

Qui n’est pas extensible

Et se tasse beaucoup –

D’atteindre les nuages

Sans prendre des avions,

Je me fais des voyages

A renfort d’illusions.

 

Puisqu’il est impensable

Que j’attrape le ciel

Qui n’est point abaissable,

Son double artificiel

En version miniature

Est là, sous mon chapeau,

De bien belle facture…

Ce n’est pas du pipeau !

J’ai toute une volière

Que j’emporte partout…

Non, pas en bandoulière

Comme un sac fourre-tout !

 

Ainsi, je peux garder les pieds rivés sur terre,

Tout en allant voler avec les goélands…

Mais ne le criez pas trop fort, quitte à vous taire ;

Si le vent l’apprenait, ses souffles insolents,

Bons pour les girouettes

Jalouses des mouettes,

Ne viseraient que moi ; j’en perdrais mon chapeau,

Mon ciel et mes oiseaux… Ce n’est pas du pipeau !

 

Si tout cela s’achève

Je m’en sentirai mal ;

Pensez-vous que je rêve

D’être un homme normal ?

 

5 avril 2014

Chapeau de Folon (Enlumeria)

Ce jour-là, malgré cette démarche de sénateur qui faisait dire de lui qu’il chaussait des souliers en peau de limace, Népomucène se sentait des fourmis dans les chaussettes.

Dès potron-minet, il s’était administré une toilette requinquante propre à lui éviter des putois sous les manches. Puis, négligeant son petit-déjeuner nonobstant le loup affamé qu’il abritait sous le gilet, il descendit quatre à quatre le perron comme s’il avait une guêpe dans le pantalon, traversa la rue avec l’impression d’avoir un papillon sur l’épaulette et un chat derrière la cravate.

Ce jour-là était un grand jour. Celui où il ferait sa demande en mariage et il se sentait comme un homme chapeauté d’un haut-de-forme peuplé d’oiseaux.

5 avril 2014

Cigogne (par joye)

Voici des souvenirs qui n’ont pas envie de se laisser raconter. Dès que je mets un mot, il s’enfuit. Dès que je réussis à en aligner deux ou trois, ils se bagarrent et je dois les séparer et puis les remettre dans leurs cages pour les punir.

Je voulais me servir des mots pour raconter ma maman, une femme qui vivait entre la lumière et l’ombre. Elle avait un sourire grand comme un oiseau s’envolant vers l’horizon. Son sourire exhilarant nous permettait d’oublier parfois la cruelle réalité de notre situation – le papa disparu, le toit qui fuyait,  les nuits froides où nous nous couchions dans le noir sans avoir eu plus qu’une croûte à grignoter lors du repas du soir.

C’est dur, ça, et les mots refusent de faire ce que je veux. Ils disent que c’est trop douloureux, et je suis bien d’accord. Nerveux, ils ne veulent pas rester. Ils ont envie d’aller se cacher aux arbres. Et moi aussi.

Ma mère et moi vivions de fil en aiguille, disait-elle, et surtout de ses ciseaux d’argent en forme de cigogne qui avaient appartenu à son arrière-grand-mère. Maman reprisait les vêtements du voisinage, mais quand un voisin pouvait se permettre un bout de tissu, elle confectionnait des robes de mariage et de baptême, resplendissantes de broderie Richelieu. Quand il y avait un peu d’argent, maman m’achetait des livres, du papier, des stylos, de l’encre. Elle n’achetait jamais rien pour elle-même. Elle disait qu’elle n’avait besoin de rien sauf le sourire de son fils.

C’est ça, maintenant, les mots s’envolent comme des pigeons dans un square, je ne les vois même plus, les larmes se jettent de mes joues, se mettent à danser dans les flaques d’encre sur la page.

Un soir, en rentrant de mon petit boulot d’apprenti, je vis dans la vitrine du chapelier un magnifique chapeau, le genre de chapeau que portaient les hommes importants, comme mon patron. Le chapeau me parlait, il fallait que je le possède, je savais exactement ce que je pouvais ramener au mont-de-piété pour avoir la somme nécessaire.

De nouveau, les mots se sauvent, effarouchés, ils ne veulent pas vous raconter ce qui arriva après, ils ne veulent pas admettre qu’en rentrant avec mon beau chapeau, je découvris le cadavre allongé dans l’ombre devant les derniers tisons de la cheminée, ils n’ont pas envie que je vous raconte les obsèques de la dame souriante, enterrée par son fils volage.

Eh bien, voilà, les souvenirs que mes mots sauvages ne souhaitaient pas raconter. Depuis ce jour-là, je porte encore mon beau chapeau bleu, ce chapeau dans lequel quelqu’un, pendant que je rêvais, avait découpé quelques oiseaux qui s’envolent encore vers l’horizon.

folon

 

5 avril 2014

Chez l'ornithologue (Joe Krapov)

- Je ne sais pas ce que j’ai, docteur, mais j’ai l’impression d’avoir des oiseaux dans la tête.
- Des oiseaux dans la tête ? Et ils font quoi ? Ils volent ?
- Non, ils chantent !
- C’est quel genre d’oiseaux ? Un rouge-gorge ? Un merle moqueur ? Quelque chose comme un moineau ? Un aigle noir ? Un épervier ? Un rossignol anglais ? Un rossignol de mésamour ? Un oiseau sur un fil ? Un oiseau rouge du buisson ? Un goéland ? Un albatros ? Un perroquet ? Un pigeon ? Un petit oiseau de toutes les couleurs ? Une pie dans un poirier ? Une alouette sur un miroir ? Un condor qui vous demande « Qué pasa ? » ?
- Non, c’est plutôt un oiseau de nuit. Un de ceux qui ont des grands yeux et qui… hululent !
- Les hiboux ?
- Oui, c’est ça, les hiboux !
- Et qu’est-ce qu’ils vous chantent, les hiboux ?
- Un truc bizarre !


- Oui je vois. Ca n’est pas du tout ça, Monsieur !
- ???
- Vous n’entendez pas des chants d’oiseaux, vous avez un air de piaf !
- Soyez poli, Docteur !
- Ce que je voulais dire c’est que vous avez un air de Piaf dans la tête !
- Et… Et dites... Qu’est-ce que je dois faire pour m’en débarrasser ?
- Mettez des boules Quiès pour dormir la nuit et dès que vous en avez l’occasion, ouvrez la cage aux oiseaux ! Regardez-les s’envoler, c’est beau !
- Merci Docteur. Je vous dois combien ?
- Ca fera 72 euros.
- 72 euros ? Mais vous êtes un vrai rapace, vous alors !
- Tss ! Tss ! Tss ! S’il vous plaît ! Pas de nom d’oiseaux dans mon cabinet ! J’en ai déjà plein la tête !

DDS 292 Folon

5 avril 2014

Avec un chapeau (Minuitdixhuit)

Je ne  m’en souviens pas bien, mais je suis né comme ça, parait-il,  avec un chapeau.

L’obstétricien avait prévenu ma mère.

-Y’a un chapeau.

Sans doute était-il plus habitué aux casquettes ou aux bonnets, mais là, c’était un chapeau, incontestablement.

-Je peux l’ôter, si vous voulez, c’est assez simple si on le fait tout de suite, avait-il dit, regardez…

Il avait creusé un orifice à la base du chapeau,

-Le crane est bien formé.

Mais ma mère avait dit,

-Non, je l’ai fait comme ça, avec un chapeau.

Et puis le temps a passé, c’est juste pour mon dixième anniversaire que j’ai enfin pu sortir de la ville pour aller passer quelques vacances, de Pâques, à la campagne, chez une sœur de ma mère.

-On va chercher les œufs avait braillé ma tante.

Mais on ne les avait pas trouvés.

Moi je m’en fichais, je savais bien où ils étaient, les œufs.

On est rentré en ville, et j’ai bien fait attention à pas dire non avec la tête, ni oui non plus.

Fallait que je fasse attention à ma nichée.

 

5 avril 2014

Des idées au pinceau (Djoe L'Indien)

J'ai dans la tête, en liberté, un tas d'idées :
Idée en l'air de voyager tel un oiseau,
Idée en mer de patauger comme un roseau,
Elles sont là, soir et matin, dévergondées.

J'ai dans la tête, et sans nuage, un ciel tout bleu,
Un ciel si bleu que le soleil me le jalouse
Tant que le soir de rouge sang pare sa blouse ;
Pourtant pour moi joie est ce feu devant mes yeux...

Il y a là tant de couleurs qu'un jour un peintre
A décidé de les fixer sur un tableau,
Du bleu de l'encre entre les mots au bleu de l'eau
Qui se reflète au fond des cieux comme une une étreinte.

Quand je m'endors la tête vide au noir du soir
Parfois la nuit au fond d'un rêve il en naît une
Qu'aurait bien pu souffler sans bruit le dieu Neptune :
Mes rêves sont des esprits fous le déversoir !

Elles sont toutes j'en ai peur si farfelues,
Pour les cacher le rigolo a rajouté
Un grand chapeau au fond duquel sans hésiter
Y ont dansé les folles et les saugrenues.

Dedans ma tête, et ce gibus, soudainement,
Par le pinceau les voici là toutes figées
Mais je ne sais si un beau jour de s'envoler
Elles ne vont pas essayer, espièglement...

5 avril 2014

Participation de bongopinot

FOLON

 

L'HOMME AU CHAPEAU

 

 

 

Regardez cette homme là- haut,

Et son allure un peu rétro

Il a des gestes toujours cordiaux

Il nous salut,retirant son chapeau.

 

Il a le regard bienveillant

Envers tous les passants

Et son sourire nous envoute

Chaque fois qu'il croise notre route

 

Mais, qui est cet homme au chapeau ?

Qui aime côtoyer les oiseaux

Et rêve de prendre son envole

Bien plus haut que la coupole

 

C’est  un très grand  magicien

Et aussi un merveilleux musicien

Des colombes sortent de son chapeau

Et des notes de musique de son manteau

 

Il cache encore sous ce chapeau

Tant de joies et tant de mots,

Et les couleurs de l’arc-en-ciel.

Mais jamais rien de superficiel

 

Il est l’ami des grands et des petits

Si vous le croisez,  vous serez conquis

Vous n'avez plus qu'à le chercher !

Cet homme au chapeau, qui m’a inspirée...

 

5 avril 2014

Participation de Mamido

Mam01


Maman a toujours su ce qui ferait plaisir à ses enfants.

A la maison, l’argent n’emplissait pas les coffres et pourtant nous n’avons jamais manqué du nécessaire. Pour le superflu, c’était un peu plus compliqué, mais malgré tout, mes parents savaient accomplir des miracles.
Ils emplissaient chaque jour la maison de  rires et de chansons. Maman savait ajuster ses pas de danse aux refrains qu’égrenait le violon de mon père, n’hésitant pas à nous entrainer, mon frère et moi,  dans cette joyeuse sarabande.

Et il ne faut pas oublier les cadeaux précieux fabriqués de leurs mains habiles.
Tous les jouets de notre enfance : voitures et camions, jeu de quilles et cheval de bois, dominos et échiquiers, poupées et doudous… sculptés et usinés dans l’atelier de mon père, cousus, brodés ou tricotés par les doigts de fée de ma mère.

Je me souviens du dernier Noël que celle-ci passa à nos côtés. Elle était déjà affaiblie par la maladie et je ne sais par quel tour de magie elle fabriqua ses cadeaux sans qu’on s’en aperçoive. Sans doute prit-elle sur le temps où nous étions en classe, sur celui où nous dormions également, ajoutant la fatigue à la maladie, usant ses dernières forces pour voir, une dernière fois, le plaisir briller dans nos yeux. Je ne doute pas que mon père fut son complice, comme toujours. Il l’avait toujours été, il n’y avait aucune raison pour que ça ne dure pas, jusqu’au bout.

A moi, elle offrit une magnifique couverture faite de mille et un patchworks. Elle l’avait cousue de tous les tissus qui avaient peuplés mon enfance. Celui de ma première brassière, ceux de mes robes préférées, ceux des différents rideaux qui avaient orné ma chambre, ceux de ses robes à elles, ceux des chemises de mon père, de ses pantalons de velours, de ses salopettes de travail… Elle les avait assemblés avec art, harmonisant les couleurs pour en faire un régal pour mes yeux, un trésor sous mes doigts, un chef d’œuvre éternel de chaleur et de tendresse.

Lorsqu’à son tour, mon frère déballa son paquet, il découvrit ce dont il rêvait depuis deux ans au moins, depuis surtout qu’il avait acheté à la foire de la St André ce livre d’occasion  expliquant quelques tours de magie.
Un costume  de magicien composé d’une cape et d’un chapeau, dont la soie bleue nuit était parsemée d’oiseaux multicolores brodés au petit point et qui semblaient tout droit sortir du paradis.
Je reconnus le tissu d’un ancien dessus de lit et le chapeau de mariage de mon père.
Mais pas mon frère, non, pas lui.
Il n’y vit qu’un habit qui allait, c’était certain, dès qu’il l’aurait revêtu, lui permettre de réussir les tours auxquels il s’entrainait depuis des mois et tous ceux qu’il apprendrait par la suite.
Il jura à ma mère ce jour-là, qu’il deviendrait le plus grand magicien de tous les temps. Ma mère sourit de ce sourire éclatant et mystérieux que nous aimions tant et assura que c’était ce qu’elle croyait du plus profond de son cœur.

Elle mourut quelques mois plus tard.

Trop tôt pour voir le chagrin anéantir mon père suffisamment pour qu’il enferme le violon dans son étui et ne le ressorte que douze ans plus tard, au mariage de sa fille.

Trop tôt pour voir mon frère devenir le magicien renommé qu’il est aujourd’hui, partout réclamé dans le monde pour ses tours féériques. Par quelle magie porte-t-il toujours la cape et le chapeau que maman lui avait fabriqué pour ses dix ans ? Ceux-ci semblent avoir grandi avec lui et le temps n’a en rien terni l’éclatante soie bleue et le chatoyant plumage des oiseaux qui paraissent prêts à s’envoler.

Trop tôt, enfin, pour voir sa couverture étalée sur mon lit d’épouse comblée où, soir après  soir, ses petits-enfants, joyeux et chahuteurs, viennent réclamer leur lot de chaleur et de tendresse.


Rive de Gier, le 30 Mars 2014

5 avril 2014

Rêve de barbouilleuse ! (JAK)

 

Dans les bras de Morphée j’ai fait, un rêve étrange

J’étais l’égale de Picasso. Le divin  Michel Ange,

En personne,  paraissait afin de m’idolâtrer

Léonard, en retrait dessinait un Vitruve

Qui ne valait  rien, comparé à mon œuvre.

 

Mais  mon époux furibond, par mes vivats réveillé

Brutalement d’un ton sec  m’a ramenée à la réalité

« -Non mais des fois t’as besoin  de bramer

Pour une carte postale bien croquée par Folon

Sur laquelle  ton fils a griffonné pour ton anniversaire !

Ne pourrais-tu pas essayer de te taire ?»

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Alors là déçue, je me suis tu.

 Puis j’ai pris mes pinceaux

Pour, dans une piètre ébauche, tenter illico presto  

De réparer l’offense faite à ce Génial  JM Folon

Les défiants, ces étoiles divines m’ont servi d’étalons.

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 Jak pour samedi défi 292 Folon

5 avril 2014

Participation de Prudence Petitpas

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5 avril 2014

Libres et poètes (Célestine)

Cet homme en pardessus, qui marche, cet homme qui vole parfois

Tel Diego libre dans sa tête, ce pourrait être toi ou moi.

Il est tout de gris revêtu, mais dans sa tête mille éclairs,

 Des millions d’oiseaux et de fleurs forment un arc en ciel d’étoiles.

 

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Bien sûr il court après son rêve, un rêve flou, un rêve grand

Mais il est libre et il dérobe son absurdité au destin

Comme un gamin grandi trop vite

 

 

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Il traverse des univers d’une bizarre poésie

Et nous bouscule le regard par son propos étourdissant

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Il nous apporte du bonheur, ce drôle de bonhomme étrange

Sous son chapeau que trame-t-il ? Met-il le monde dans sa manche 

Comme un prestidigitateur qui  nous embrume de colombes ?

 

 

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Ne sont-ils un peu magiciens ? Ne sont-ils donc un peu cousins,

Ces trois-là que rien ne sépare ? Je vous confonds depuis toujours

Vous êtes mes oncles de cœur et votre grain de poésie

L’air de ne pas y toucher va réveiller mon cœur d’enfant

Tout en réinventant le monde à sa façon.

 

 

  1.        Gilbert Garcin, photographe génial
  2.        Jean-Michel Folon peintre poète et sculpteur
  3.        Jacques Tati, éternel vacancier qui fait du pédalo sur la
  4.        vague de nos rêves…
5 avril 2014

Participation d' Adrienne perdue dans les méandres du Web (la participation, pas Adrienne)

1897105380[1]

 

Autrefois,
on mettait le képi dans la cage
et on sortait avec l’oiseau sur la tête.

Aujourd’hui
on tient les oiseaux enfermés
sous le chapeau.

 

Liberté
je crie ton nom.

***

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Le défi du samedi
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