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Le défi du samedi
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21 juillet 2012

LE REFLET (Lorraine)

En passant devant le miroir, j’y ai jeté un coup d’œil nonchalant. Il reflétait un morceau de paysage. Ou peut-être est-ce moi qui l’ai cru? Je ne sais pas vraiment. Mais je me suis revu deux ans plus tôt, à ma place habituelle.

C’est l’été. Les peupliers du chemin de halage éclaboussent le canal de leur vertige vert. Sur l’autre berge, assis dans l’herbe sous mon chapeau de paille, je suis le vieil homme quotidien , qui s’en vient tuer le temps. Ici, il fait calme. Quelquefois du haut d'un chaland , lourd, tranquille, on me fait « Bonjour », un signe de main, un sourire vague, le chaland passe, il est passé..

En face, un vélo pédale poussé par le vent. Les cheveux du garçon s’emmêlent,  je vois qu’il est blond, costaud, sans doute ce que les filles appellent aujourd’hui « un beau mec ». La rectitude du canal me fait mal aux yeux, comme le soleil frisant qui étincelle. Et soudain je la vois : une silhouette fine surgie je ne sais d’où, elle court, elle se presse, elle fait des gestes et elle crie, je crois. Oui, elle crie. Personne ne répond.
Le chemin de halage la happe, semble la tirer comme on tire un fardeau, le garçon s’est retourné, elle écarte très haut ses bras frêles, agite comme des oiseaux ses petites mains vides.

Il pédale. Et, j’en jurerais, elle pleure. Il fuit, il s’enfuit, c’est évident, je le vois à son allure qui s’accélère et à la pauvrette qui brusquement, s’arrête, désemparée, désespérée, peut-être ?

J’aurais voulu lui dire que le chagrin ira en s’étiolant, que les larmes perdues ne le feront pas revenir. J’ai fui ainsi, autrefois, sans un mot. J’ai laissé une femme belle et sensible, assez fière pour ne pas m’assaillir ensuite de vains appels. J’étais jeune, j’avais peur de son ascendant, de sa gaîté, de sa force. Plus tard, six ans après, je suis revenu. Elle était plus épanouie encore, elle m’a regardée avec une indifférence qui m’a pétrifié. Moi, je portais son souvenir. Elle, m’avait banni à jamais.

De l’autre côté du canal, la jeune fille a fait demi-tour. Pour elle commence la saison de l’oubli.

Je tourne les yeux vers le miroir. Il ne reflète que moi…

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21 juillet 2012

L'équilibriste (Anémone)


                         Sur le fil tendu de mon rêve,
                         Je pose la pointe du pied.
                         J'avance en tutu pailleté
                         Les jambes gainées de soie brillante.
                         Tête haute,
                         Coiffée superbement de mon huit-reflets,
                         Je marche en équilibre tandis que le soir tombe.
                         Joyeux, les oiseaux se mirent en silence
                         Dans les eaux sombres de l'étang
                         Baigné de lune que je surplombe.

21 juillet 2012

Rêves de nuages (Lise)

Dans la douceur bleutée
D'une tendre journée
Un lac rêve de nuages
Au détour d'un été.
 
Et la vie se promène
Capturant son reflet
Sur les monts et les plaines
Le voici transporté.
 
Aura t-il le courage
D'enfin se retourner
Pour chasser le mirage
Qui le fait espérer.
 
Ou faut il que l'orage
Se mette à gronder
Et lui rende sa place
Par une simple ondée.
 

21 juillet 2012

Joe le miroir (Zigmund)

Joe le miroir

 Joe le miroir était le petit dernier d'une famille prestigieuse.

Fils d'un miroir de sorcière et d'une armoire à glace, il se montra rapidement fantasque, casse cou, brise fer et désespéra sa famille  plutôt "long fleuve tranquille".

Adolescent il s'essaya comme rétroviseur de mobylette, mais il en eut vite assez de regarder derrière lui. 

A l'âge adulte il excerça plusieurs métiers :

d'abord il démarrra comme miroir grossissant dans une parfumerie

puis, il continua sur sa lancée, comme miroir amincissant dans un magasin de vêtements.77510013_p

      Il aurait bien voulu être le miroir  vérité de la belle mère de Blanche Neige P1080676

 mais la place était déjà prise par un fayot qui n'avait pas mégoté sur les dessous de table.

Devenu l'ombre de lui même, il accepta d'être miroir d'angle dans le "trois miroirs" d'un ophtalmo mais il ne fit pas long feu  car "équateur" et "periphérie"les deux autres miroirs  le prenaient de haut.schema1

    

Puis il fut embauché comme intermittent du spectacle dans un labyrinthe de foire, mais là,  il se sentait isolé,à croire qu'avec l'âge,  il avait du mal à briser la glace...Spiegellab

Après de nombreuses années passées à réfléchir,  il partit en voyage rencontra bien d'autres miroirs (<> ) de tous styles et enfin  décida de prendre sa retraite  en Bretagne. 

 Les promeneurs s'étonnent de cette construction située dans la partie sauvage de l'ile de Houat.

C'est là que Joe a posé ses valises, pour devenir miroir à traverser...

Du haut de sa falaise, serein,  il regarde la mer...

Homme libre toujours tu chériras la mer...

 img060830_1544_copie_1

 

 

21 juillet 2012

A travers un reflet (Djoe l'Indien)



J'avais choisi cette maisonnette car j'aimais l'endroit où elle avait posé ses fondations : tout en haut d'une colline, juste à l’aplomb d'une falaise qui se perdait dans le lointain d'une vallée dont elle semblait être la gardienne.
Je l'avais visitée un matin où la-dite vallée était noyée de brumes, alors que le soleil se hissait par-dessus les crêtes qui lui faisaient face. Les ors matinaux d'un dieu s'éveillant se déversaient sur le brouillard en contrebas, et j'étais tout simplement tombé amoureux.

Ce matin-là je m'éveillais un peu après que le soleil ait franchi les montagnes qui pointaient d'une mer de nuages. Le ciel avait déjà pris la couleur bleue d'une chaude journée de printemps, l'astre du jour était rond et d'un jaune déjà vif, malgré la fraîcheur qui se battait encore sur la campagne. J'ouvrais les volets donnant sur la terrasse qui jouxtait la falaise pour profiter d'un petit déjeuner en plein air, de ce plein air qui me permettait de plonger mes yeux encore rêveurs dans les nuages de la vallée.
Surprise !
Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Que faisait donc cette ouverture dans le ciel ? Fenêtre, porte ? Que sais-je... Elle flottait là, au dessus de la vallée, à quelques pas du rebord de la falaise, dansant légèrement au gré d'une légère bise. Au travers j'apercevais un ailleurs qui semblait au moins aussi agréable que le lieu où je me trouvais. Un ruisseau semblait chanter une ballade douce à un arbre étrange qui se tenait à ses côtés, et celui-ci semblait apprécier la chose, assez pour faire onduler ces branches au rythme de cette musique.

Que faire ?
Je me sentais irrésistiblement curieux, Mais comment atteindre cette porte ?
En m'avançant il m'a semblé que l'air semblait étrangement réel, comme une passerelle lancée depuis le bord de la terrasse. J'ai posé un pied... Qui n'a pas traversé le vide. Cela semblait même assez solide pour me supporter.
J'avouerai tout de même que c'est le coeur battant que j'ai levé le second pied pour le faire avancer devant le premier ! Mais une fois le premier pas fait, pourquoi reculer ? Et c'est ainsi que, la sueur au front, j'ai atteint l'ouverture et m'y suis engouffré. Quel soulagement lorsque j'ai à nouveau foulé la terre ferme. Il régnait une douce chaleur malgré la petite brise qui courait, le soleil était déjà haut dans le ciel et jetait ses rayons que quelques poissons reflétaient dans la rivière.

J'ai commencé à longer la rivière sans trop faire de bruit, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre : monde peuplé de créatures énormes assoiffées de chair fraîche ? Ou au contraire quelques paisibles herbivore sans animosité ?
Je l'ai suivie longtemps sans voir rien d'autre que des reflets aux couleurs étranges dans le ruisseau, qui ne correspondaient nullement avec ce que je voyais autour de moi. Par contre il me sembla plusieurs fois que le paysage se reflétait dans le ciel, juste de petits morceaux, comme si des miroirs avaient été accrochés à d'invisibles nuages... Peut-être étaient-ce d'autres ouvertures vers d'autres mondes, qui sait ? C'est à ce moment-là que je me suis demandé comment j'allais retourner dans le mien, d'ailleurs. Mais bien vite je me suis persuadé qu'il me suffirait de remonter la rivière dans l'autre sens.

Bientôt je trouvais un sentier qui s'éloignait de la rivière, et au loin aperçus une petite maison, ou une cabane. Même que de la fumée semblait s'en échapper, formant un léger nuage bleuâtre. J'ai donc pris ce sentier, je n'avais rien à perdre. Au bout d'une dizaine de minutes, il n'y avait plus de doute, c'était une petite maison de bois bordée de haies en fleur.
C'est alors qu'un bruit de course me fit me retourner ! Le temps de dire "ouf", un grand lapin blanc me passa sous le nez en criant "je suis en retard, je suis en retard !", les yeux rivés sur une montre qui sonnait.

C'est à ce moment-là que je me suis réveillé. Effectivement, je n'allais pas tarder à être en retard si je ne me levais pas tout de suite.
J'ouvre les volets donnant sur la terrasse qui jouxtent la falaise pour profiter d'un petit déjeuner en plein air, de ce plein air qui me permet de plonger mes yeux encore rêveurs dans les nuages de la vallée.
Mais...
Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Que fait donc cette ouverture dans le ciel ?

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21 juillet 2012

Hé ! pstt ! (Célestine)

Hé ! pstt ! Tu veux jouer à un jeu ? Oui, toi, le passant qui passe, le lecteur qui lit, tu veux jouer avec moi ? Il y a combien de temps que tu n’as pas joué à un jeu vraiment drôle ? Oh, ne t’inquiète pas, ce n’est pas difficile, c’est gratuit, et tu ne risques rien !

Tu veux jouer ? Alors approche. Plus près voyons, je ne vais pas te mordre ! Bon sang ce que tu peux être coincé, engoncé dans je ne sais quels principes ! Hein ? Mais non, je n’exagère pas. Allez, approche encore. Là, tout près. Tu sens ? Tu sens ce contact rafraîchissant  sur ta joue ? Ne t’y fie pas, je suis chaud comme la braise ! Bien, ouvre tes yeux. Mais pas comme ça, pas avec cet air idiot, concentre-toi un peu ! Voila : regarde !

Tu ne vois rien ? Un petit effort, tout de même, je ne vais pas te mâcher tout le travail ! Contemple bien le monde. Ne vois-tu pas comme tout est bizarre à l’intérieur de moi ? Ne vois-tu pas que tout est inversé ? Observe bien le reflet des choses. N’as-tu pas envie de pénétrer dans ce nouveau monde, qui ressemble au vrai, et qui en est pourtant si différent ? N’as-tu pas envie de tenter l’expérience de ma traversée, pour aller voir de l’autre côté ? Vois comme les gens que tu côtoies en permanence te paraissent soudain mystérieux. Vois comme ce chemin qui est connu pour partir à droite quand tu sors de chez toi, prend une nouvelle et étrange courbe vers la gauche, vois comme ce jardin n’est plus où tu l’attendais. Excitant, n’est-ce pas ? Je sens que tu te poses plein de questions, déjà…Le jeu en vaut la chandelle, crois-moi. Certains miroirs te renvoient un reflet indésirable ou carrément décevant. Ils te trouvent trop de défauts. Trop gros. Trop vieux, trop maigre, trop pâle…Ce sont de piètres glaces, des miroirs aux alouettes.

Il n’en va pas de même pour moi. Je suis un miroir peu ordinaire.

Un bon conseil : chaque fois que la vie te paraîtra trop routinière, trop banale, trop réglée, amuse-toi à la regarder à travers moi. Je te ferai découvrir des mondes insoupçonnés.

Je m’appelle Imagination.

21 juillet 2012

Ah si Psyché l’avait su ! (SklabeZ)

Ayant un programme très chargé, il se lève, ce matin-là, bien plus tôt que d’habitude. Au menu de la journée plusieurs rendez-vous qu’il a dû avancer à cause de cette fichue visite médicale annuelle.



Après une douche rapide, il revient dans la chambre à coucher. Sa compagne dort encore et il n’a vraiment pas le cœur à la réveiller. À tâtons dans le noir, évitant la grande psyché articulée sur son châssis Art déco, il se dirige silencieusement vers la commode et entrouvre lentement les tiroirs. Il en sort un slip et une paire de chaussettes légères. La fin de l’habillage se passera dans le couloir où il récupère, costard, chemise et cravate dans la grande penderie.



La matinée est maintenant bien avancée et c’est l’heure pour lui de rejoindre l’infirmerie, le staff médical l’attend.



Après s’être déshabillé dans la petite cabine, il se dirige, en slip et en chaussettes, vers la salle où l’attendent le médecin de l’entreprise et ses deux assistantes. Le « Bonjour Monsieur » des infirmières s’étouffe dans un étranglement. Elles se regardent, gênées alors que le doc sourit béatement.



Un rapide coup d’œil sur lui-même et il comprend subitement. Son sang se glace. Tain !!!  jure-t-il. Ma réputation est faite !



L’histoire va courir comme une trainée de poudre dans toute la compagnie et ses collaborateurs, comme ses collègues des autres établissements vont pouvoir le chambrer.



Ce matin, en s’habillant dans le noir, il s’est trompé de tiroir. S’il avait pu se regarder dans le miroir comme il le fait habituellement ce ne serait certainement pas arrivé. Le slip qu’il a enfilé n’était pas le sien, il a pris une petite culotte affriolante, en tulle brodé et dentelle. La honte !

21 juillet 2012

Replet reflet (Poupoune)


Il paraît qu’on se voit toujours plus grosse qu’on est.

Bon, moi, je ne peux pas vraiment dire, ça fait trop longtemps que je ne peux plus me voir en entier dans un miroir… ou alors de bien trop loin pour pouvoir juger. Mais t’as remarqué ? Les filles qui te disent ça sont toujours des poids plumes. C’est généralement des gonzesses qu’ont jamais eu un pet de graisse en trop, ou carrément des maigrichonnes qui te font pitié et à qui tu filerais bien la moitié de ta barre chocolatée hyper-protéinée de quatre heures pour qu’elles se remplument un peu… Çà, j’ai jamais entendu une grosse me servir le beau discours des rondeurs pleines de charme et des formes à assumer ! C’est toujours des sacs d’os, qu’en ont plein la bouche de la beauté des rondes. Alors que t’en vois jamais une manger normalement à table ou se jeter sur les chocolats à Noël ! Ça aime les grosses, mais ça veut surtout pas prendre trois grammes et risquer d’être serré dans son 36 en mettant une noisette de beurre dans ses haricots verts… Et c’est toujours ces nanas-là, nourries à la laitue (sans vinaigrette) et à la tisane (sans sucre ou alors une sucrette merci ça ira) qui t’expliquent que non, vraiment, t’as pas besoin de régime, sans déconner, c’est joli les bourrelets…

Bon, moi, je ne te cache pas que les maigres, j’aime pas. Si on avait été faites pour avoir les os apparents, ben on n’aurait pas tant de trucs entre le squelette et la peau. Et puis une femme avec des formes de femme, je trouve ça plus joli qu’une femme avec des formes de porte-manteau. Mais y a formes et formes. Quand tes formes débordent du miroir et que t’as jamais assez de recul pour voir les deux bords de ta culotte de cheval, c’est que c’est plus des formes : t’es devenue difforme. Et je me bats royalement les miches de savoir qu’une pétasse qui n’a jamais atteint et n’atteindra jamais cinquante kilos trouve que je devrais assumer mes rondeurs.

Moi, je me vois peut-être plus grosse que je suis, n’empêche que s’il y a bien avant tout un regard qui compte, c’est le mien ! Et puis je ne me vois pas toujours si grosse… Parfois je me trouve presque baisable et quand je suis amoureuse, il m’arrive même de me voir jolie. Pas mince non plus, hein, même si l’amour me fait toujours perdre du poids, c’est pas à ce point quand même, mais jolie… Le seul problème, c’est qu’après la modeste perte de poids due à mes histoires d’amour foireuses, il y a toujours l’énorme prise de poids due à la déprime consécutive et au final, j’ai rien gagné. A part une surcharge pondérale que des connasses filiformes vont prétendre trouver pleine de charme.

Je saurais pas t’expliquer dans quel état d’énervement ça me met, d’entendre des brindilles me donner des leçons sur la façon dont je devrais accepter mes formes ! Cela-dit, tu commences à comprendre, non ? Tu vois, je doute pas une seconde que vous vous attendiez vraiment à ce qu’on vous trouve gentilles quand vous faites l’éloge des grosses, en revanche, ce que je ne comprends pas, c’est comment vous pouvez nous croire assez stupides pour imaginer qu’on vous croie sincères. Franchement ? Regarde-toi ! Non, là, tu peux pas te voir, je suis devant… Tiens, rien que ça : je te cache tout entière, au point que même en te penchant t’arrives pas à t’apercevoir, tellement je le remplis avec mes si jolies rondeurs, le miroir ! Mais crois-moi sur parole : un seul coup d’œil à ta carcasse suffit amplement pour comprendre qu’une silhouette pareille, c’est du boulot… tu ne trompes personne. Tu t’acharnes à rester squelettique, quitte à t’affamer que c’en est honteux, et tu viens m’asséner tes belles paroles, dégoulinantes d’une condescendance qui voudrait se faire passer pour de la compassion, pour m’expliquer que l’important, c’est de se sentir bien dans son corps et de s’accepter comme on est ? Mais moi je t’emmerde, miss monde ! Et puis si je te dis que je suis au régime, c’est sûrement pas pour avoir ton avis sur la question, c’est juste pour que t’arrêtes d’essayer de me fourguer systématiquement tous les bonbons, chocolats et autres sucreries qu’on t’offre et que t’as même pas la politesse de goûter, tellement t’as peur de devenir moi. Non, viens pas me dire le contraire…

Regarde à quoi je ressemble et ose me dire que c’est joli. Allez, regarde ! T’aimerais te voir comme ça tous les matins dans ton miroir ? Ah, tu passerais peut-être un peu moins de temps à t’admirer, hein, si t’en avais, de ces fameuses rondeurs pleines de charme, non ? Mais tu sais quoi ? Il ne sera pas dit que je t’aurai jugée sans savoir… On va tranquillement prendre le temps de vérifier… Tu vas voir, ce sera pas si long : je sais y faire, depuis le temps ! Tu veux encore du soda, pour faire couler ta dernière barquette de frites ? Vas-y, c’est bien… voilà. Après tu reprendras un peu de pizza, avant le dessert, hein ? Si si… je la mouline, si tu veux. On va pas lésiner non plus, hein, c’est que j’ai pas l’intention de te garder en pension à vie ! Mais regarde : quelques jours à peine et t’as déjà un joli petit bidon plein de charme… t’es contente ? Tu l’assumes, ta rondeur naissante ? Tu te sens prête à t’accepter comme tu seras quand j’en aurai fini avec toi ? Non, réponds pas ! C’était purement rhétorique. Et on parle pas la bouche pleine.

Je vais te laisser attachée là pendant le gavage, hein ? Bien face au miroir, que tu ne puisses pas fuir ton reflet… c’est qu’il va falloir t’habituer, hein ? Et tu sais ce qu’on fera, toi et moi, quand t’auras assez enflé et que tu te seras assez vue ? Du shoping. Des essayages, du moins. Que tu voies à quel point c’est charmant, les rondeurs qu’aucun putain de pantalon ne met jamais en valeur et qu’aucune foutue robe n’atténue jamais ! On choisira des boutiques où t’es obligée de sortir de la cabine d’essayage pour te regarder, tu sais ? Tu verras comme c’est plaisant de devoir toujours demander la taille au-dessus de la plus grande taille exposée en rayon, et qu’une pétasse de vendeuse te réponde du même air que toutes les poufs de moins de cinquante kilos que non, on ne fait pas plus grand, non, désolée…

A ce moment-là, on reparlera de cette histoire des formes à assumer, d’accord ? Et quand on sera tombées d’accord, histoire d’amortir mon investissement et de te faire payer la leçon, je te mangerai.

Ben quoi ? Vous, les femmes minces qui êtes de si bon conseil pour les grosses, vous savez bien que si on est si grosses, c’est forcément qu’on bouffe tout ce qui nous tombe sous la main, non ? Mais t’en fais pas : avant de t’entamer, je te détacherai et je te laisserai seule quelques jours avec ton joli reflet rondouillard… et si tu ne te trouves pas si appétissante, tu pourras toujours casser le miroir et te saigner toi-même avant que je le fasse…

Mais allez : en attendant, mange-moi ce kouign amann, tu m’en diras des nouvelles.

21 juillet 2012

Le reflet des jours qui passent (KatyL)

Sacré miroir ! Je t’ai choisi grossissant pour me maquiller sans mes lunettes de lecture, mais voici que du coup tu me montres les imperfections, les rides naissantes, les sillons de vie en gros plan !

Ce n’est pas facile sur le coup, mais dès que l’on revient au format « normal »tout parait déjà mieux !

Katy1   Katy2

Je pense à ces belles actrices qui voient leur visage se faner comme les roses, et les contrats s’arrêter, et entendre  les hommes dire sur leur passage : « Mon Dieu comme elle a changé, elle a vieilli !!» et les regards se tourner vers des femmes bien plus jeunes épanouies, fraîches ! Quel supplice pour elles ! Certaines résistent, d’autres font de la chirurgie inesthétique à mes yeux car cela se voit, elles ressemblent toutes avec leurs bouches siliconée à des poupées « Barbie » et finissent par avoir le même visage inexpressif, les yeux tirés derrière les oreilles ! Comme je les plains !

Je me suis fait une raison depuis un moment déjà à ce changement tranquille contre lequel on ne peut rien, aussi j’accentue mes ridules par un sourire plus grand, mon visage qui porte le poids des années, des douleurs et des joies de la vie pétille dans sa maturité et pose sur les autres un indulgent regard.

Je vois le bleu du ciel en toute chose, dans le regard de mes amies, de mes enfants, je sais que tout est éphémère, je vis sans y penser vraiment, j’ai peur de perdre mon temps, le temps reste la chose la plus précieuse, et surtout je ne suis pas malade, alors va pour quelques rides rassurantes !

Katy3   Katy4

Le reflet de la vie dont l’eau est la mère….le reflet du ciel, notre devenir.

 

21 juillet 2012

LE MIROIR DES SORCIERS (Venise)

 

           Debout et vacillant le vieux Jules cherchait son reflet dans le miroir.

Son image, tantôt, se dérobait pour se voiler dans une chevelure cendrée.

D’une apparence cadavérique, le miroir lui tendit une coupe ciselée d’or

Les courbures du miroir le mettaient pour la première fois en contact avec les galaxies les plus lointaines.

Participation de Venise

Par mille flexions, tous les temps vécus et à vivre communiquaient entre eux.

Entre Bételgeuse et Orion, le vieux Jules frémissait d’une nouvelle jeunesse. La toute nouvelle douceur du visage la lumière particulière qui l’éclairait trompait sa mémoire.

Il croyait à nouveau posséder le jour et but à nouveau dans la coupe ciselée d’or.

Dans un silence d’aquarium, je vis soudain la bouche de Jules se tordre et le miroir qui se jouait de son reflet lui révéla brutalement la face oxydée par l’alcool.

De grands oiseaux maladroits se cognaient sur les bordures intérieures du miroir.

Le front contre le miroir Jules crut discerner une silhouette féminine qui s’enfonçait obliquement dans les ténèbres.

Le miroir se mit à rire avant de se réfugier dans un silence total. Jules avait trop voyagé, le miroir ne le reconnaissait plus !

21 juillet 2012

Mon beau miroir (MAP)

 

Cadre

 

Miroir, mon beau miroir

Te voilà tout là-haut

entre le ciel et l’eau

riche d’une rivière

que tu as su capter.

Ton attente immobile

c’est le temps arrêté !

Bel instant préservé

qui nous porte à rêver !

21 juillet 2012

Miroir, gentil miroir!!!‏ (Mamido)

Le miroir de l’impasse de la soif.

Mamido203


C’était la veuve d’un capitaine au long cours, qui passait en mer le plus clair de son temps et ne rentrait chez lui que pour y rêver et y préparer sa prochaine campagne.

Jadis, durant son enfance, son père avait imaginé pour sa fille un tout autre chemin, jonché de roses. Il la rêvait mariée à un homme de bien, influent et riche. Il la voyait vivre avec insouciance, dans le confort cossu d’une magnifique villa, au bord de la mer. Dans le sud de la France, peut-être… En tout cas, dans une région où la chaleur du soleil baignait le paysage à longueur d’année.

Au lieu de cela, elle avait épousé un modeste capitaine de la marine marchande et vivait dans la ruelle obscure d’une petite ville, battue par des vents marins humides et froids les trois-quarts du temps. Elle demeurait dans la modeste maison de pierres grises héritée de son défunt mari, parcourue de courants d’airs glacés qui l’obligeaient à faire du feu été comme hiver. Sans parler des trombes d’eau, giclant sur ses carreaux presque tous les jours. Un vrai déluge !  Elle ne sortait que très rarement, principalement le matin de bonne heure, lorsque la marée était basse et découvrait les rochers. Elle se rendait alors sur la grève pour y dénicher des coquillages.

Elle passait le reste de son temps dans le salon de sa vieille maison, avec pour seule compagnie, un chat gris, taciturne et sauvage, rebelle aux caresses. Tout en brodant, elle regardait par la fenêtre. Elle avait vue sur le port et pouvait apercevoir les mats des navires qui y étaient ancrés et les voiles gonflées de ceux qui rentraient et sortaient. Avant, du même endroit, elle avait guetté, le cœur rempli d’allégresse, le retour annoncé du capitaine. Maintenant, c’est d’un œil distrait qu’elle suivait au-dessus du va-et-vient des bateaux, le vol criard des goélands.

Mais elle n’aimait rien tant qu’observer les scènes de famille qui se déroulaient sous ses fenêtres. Aujourd’hui, elle surveillait les allées et venues de ses voisins d’en face qui quittaient une masure de briques rouges, toute délabrée. Un départ  définitif si elle en croyait les ballots de linge et de vaisselle que l’homme empilait dans une petite charrette à bras. Pour finir, il y fit grimper sa femme portant, comme un précieux fardeau, un enfant dans une corbeille à linge en osier. Celui-ci était emmitouflé sous plusieurs couches de couverture d’où seul son visage ravissant émergeait.  Il vint à l’esprit de la veuve, alors qu’elle suivait du regard la charrette jusqu’à ce qu’elle disparaisse au coin de la rue, qu’elle n’avait jamais eu d’enfant avec le capitaine et que maintenant il était définitivement trop tard.
Pour éviter de s’enfermer dans des regrets inutiles, elle reporta son attention sur les bruits qui montaient, juste devant chez elle. Elle entendait des litanies de mendiants, au pied de son immeuble. D’un ton geignard, ils réclamaient la charité et, visiblement, les passants semblaient se laisser apitoyer par leurs plaintes.
Amusée, elle pensa que c’était parce qu’ils n’assistaient pas quotidiennement au départ de ceux-ci, à la tombée de la nuit. Ils ne voyaient jamais le paralytique se dresser sur ses deux jambes et partir en marchant, en dansant même, quelquefois, si la journée avait été bonne. Ni le muet interpeler l’aveugle à grands cris pour aller boire en sa compagnie l’argent qu’ils avaient soutiré aux gens durant la journée. Et encore moins celui-ci le suivre, d’un pas décidé, sans lunettes et sans canne. Leur entrée dans l’estaminet faisait luire la vitre de la porte d’un éclair dans l’azur du ciel, créé par le soleil couchant.

C’est d’ailleurs souvent à cette heure de la journée, entre chien et loup, alors qu’elle abandonnait son poste face à la rue désertée, qu’il remontait à la mémoire de la veuve des souvenirs de sa vie d’avant, du temps du capitaine. Elle se remémorait les longues soirées devant la cheminée durant lesquelles, blottie contre son épaule, elle l’écoutait lui raconter ses voyages et lui promettre de l’emmener un jour.
Sans cesse, lui revenait à l’esprit, la dernière journée qu’il avait passé à la maison, avant de retourner en mer. Il ne s’était produit aucun évènement marquant, ce jour-là, sinon que, boudeuse à l’idée de sa longue absence, elle s’était enfermée dans le silence et l’avait laissé partir sans un adieu.
Elle se souvenait que pour tenter de l’amadouer et de la consoler, mais en vain, il avait promis de lui ramener ce grand miroir, à l’entourage doré, dont il lui avait si souvent parlé et qui lui faisait envie. Il avait repéré celui-ci dans une petite boutique de l’impasse de la soif, à Santiago… Elle s’était contentée alors de lui sourire tristement et de soupirer, sans un mot. Il était parti, elle avait couru derrière lui, mais trop tard.

Et il n’était jamais revenu. On n’avait jamais retrouvé trace ni du navire, ni de son équipage, ni de sa cargaison, tous disparus lors du voyage du retour.
Maintenant, pendant ses longues nuits d’insomnie, elle se plaisait à croire que le miroir était intact, au fond de l’eau et qu’il se trouvait, peut-être, quelque sirène pour venir s’y mirer à sa place et, qui sait, tenir compagnie au fantôme du capitaine.


Rive de Gier, le 3 Décembre 2011

14 juillet 2012

Défi #203 -Défi de l'été-

Troisième photo proposée pour ce défi de l'été :

Cadre

Nous attendons avec plaisir vos réflexions sur ces reflets

à samedidefi@hotmail.fr

14 juillet 2012

Nous l'ont fait bien épicé...

14 juillet 2012

JAKE'S, A TRUE STORY (Joye)

elsie_the_cow

L’épicerie en ville avait la tête gigantesque d’Elsie la Vache, celle qui assurait elle toute seule le lait, le beurre et la glace qu’on pouvait y acheter. Maman n’en achetait pas, nous avions du lait chez nous qui venait de nos vaches qui ne ressemblaient point du tout à la belle Elsie. Les nôtres vaches étaient noires et blanches. Elsie était blonde. Elle souriait. Nos vaches ne souriaient pas, mais il y en avait une ou deux qui aimait que je leur gratte la couronne, cet os bizarre qui se trouvait entre leurs oreilles.

Quand on passait devant Elsie à l’épicierie, elle nous saluait. Je ne me souviens plus de ce qu’elle disait, ce n’était pas « moo ». Je me souviens parfaitement de son collier de marguerites et du tablier qu’elle portait parfois. Nos vaches à nous ne portaient pas de tablier, ni de collier de marguerites. J’ai décidé que c’était normal parce que nos vaches à nous habitaient à la campagne, et Elsie habitait en ville. Normal. Tout en ville était différent de chez nous à la campagne.

Captain Kangaroo and Mr Green Jeans

Mais plus qu’Elsie, l’épicerie en ville avait aussi mon premier amoureux qui s’appelait Jake. L’épicerie portait son nom. Je trouvais très chouette que l’épicerie porte son nom. C’était un homme grand et mince. Il n’avait pas beaucoup de cheveux. Je pensais qu’il ressemblait très fort à Mr. Green Jeans, l’ami de Captain Kangaroo à la télé. Lui aussi portait un tablier blanc, mais un tablier pour hommes. Maman ne portait pas de tablier. Papa non plus. Jake était exceptionnel.

J’étais toujours heureuse de le voir et il me rendait le compliment. Il y toujours une sucette pour moi. Ce n'était jamais une sucette verte ou jaune, je ne les aimais pas. C'était toujours une sucette violette ou rouge. Elles étaient les meilleures. J’étais sûre que les autres enfants ne recevait pas de sucette, après tout, Jake n’offrait jamais de sucette à ma maman. Seulement à moi. Chez moi, s'il n'y avait pas de sucettes pour tout le monde, personne ne recevait de sucette. C'était différent en ville.

saftpopsingle

 

Jake était célibataire et moi aussi. L'homme de mes rêves avait la quarantaine, et moi, deux ans et demie.

14 juillet 2012

Drôle de dialogue dans l'épicerie (MAP)

-         Bonjour Madame !

-         Bonjour Madame ! Vous désirez ?

-         Deux savants de Marseille  s’il vous plaît !

-         Oh il ne m’en reste plus qu’un ! J’attends une livraison mais le taxi a eu du retard !

-         Bon je le prends ! C’est pour mon gamin, ça va l’aider à faire ses devoirs  de vacances !

-         Oh comme je vous comprends, moi-même je suis obligée de lui passer un savant presque chaque soir pour qu’il se mette au travail !!!  Il vous faut quelque chose d’autre ?

-         Oui, auriez-vous une passoire à un trou ?

-         Vous voulez dire un entonnoir ?

-         Oh oui bien sûr j’oublie toujours ce mot !!!

-         Gros trou, petit trou ???

-         Petit trou, c’est pour mettre mes économies !

-         Une chaussette ne ferait-elle pas mieux l’affaire ?

-         Oh non elle se troue trop facilement ! De toute façon c’est pour mettre de l’argent liquide !

-         En effet ! Et avec ça ?

-         Avec ça … je viens de vous le dire,  je mets mon argent liquide !!!

-         Euh, je voulais vous demander si vous aviez besoin d’autre chose !

-         Oui, auriez-vous des buvards ?

-         Laissez-moi deviner, c’est pour effacer vos dettes !

-         Pas du tout, c’est pour mon mari après sa douche ! Depuis qu’il s’est fait tatouer une ancre sur le dos il ne veut plus utiliser que du buvard pour se sécher !!!

-         Bleus, blancs ou rouges les buvards ?

-         Trois paquets de chaque, comme ça le petit pourra fabriquer des drapeaux pour le 14 juillet !

-         Très bien, vous voulez de la colle pour faire tenir les buvards ensemble ?

-         Oui, mais une colle qui ne tache pas ! Je ne voudrais pas salir les buvards !

-         Bien, voilà vos achats. Cela nous fera …

-         Attendez !!! Ne me dites rien,  je suis allergique aux chiffres !!! Je ne voudrais pas  faire une crise dans votre magasin !

-         Mais …

-         Je prends le tout et j’envoie mon gamin vous régler tout ça !

-         Euh !!!!

-         Au revoir Madame !

-          !!!!!!!!!!!!!!!!

14 juillet 2012

PAIN D'EPICES AU CHOCOLAT (Anémone)

Préparation: 30 minutes
Cuisson: 1H
Pour 8 personnes

200 g de chocolat noir
250 g de farine
200 g de miel
60 g de sucre en poudre
2 verres de lait
1 cuiller à café de bicarbonate de soude
3 jaunes d'oeufs
1 pincée de clous de girofle en poudre
2 pincées de gingembre râpé
2 pincées de cannelle
1 pincée de poivre blanc
2 pincées de sel fin.
1.Faites fondre sur feu doux le miel, le sucre,
les épices et le sel dans le lait.
2. Fouettez les jaunes d'oeufs et incorporez-les
sans jamais laisser bouillir.
3.Incorporez également la farine mélangée avec le
bicarbonate de soude.
4.Faites fondre le chocolat au bain-marie et
ajoutez-le à la préparation.
5. Bien battre la pâte jusqu'à un mélange homogène
et verser dans un moule à cake en silicone. S'il ne
l'est pas, utiliser du papier cuisson ou bien beurrer
le moule.
6. Couvrir d'une feuille d'alu et cuire à four moyen
(180° pendant 1H. Vérifier avec la lame d'un couteau
si le pain d'épices est cuit.

BON APPETIT!

Anémone

14 juillet 2012

Rue des pas perdus (Djoe l'Indien)



Je ne sais plus comment j'étais arrivé là.
A vrai dire je ne savais plus vraiment où j'étais. "Rue des pas perdus", indiquait un de ces vieux panneaux émaillés de bleu perché sur le mur d'un petit immeuble. Il avait dû en voir passer, des passants aux pas nonchalant errant dans sa ruelle. A n'en plus savoir les compter, je crois !
Un léger rayon de soleil le faisait vibrer au son de mes talons sur les pavés. Un autre le faisait sourire, et il me reste à ce jour l'étrange certitude qu'il m'avait fait un clin d'oeil... Suivant son regard je me retournais et tombais nez-à-nez avec ce qui ressemblait fort à une petite boutique. De quoi ? Mystère. Trônaient au-dessus de la porte ces mots en lettres dorées : "Parfums d'ailleurs". Enfin, dorées... Il fut un temps où elles avaient dû être dorées mais ce temps était passé, tout comme la couleur.

Il faisait sombre à l'intérieur, et à travers la vitrine je voyais surtout le reflet du mur qui me tournait le dos. J'approchais, le nez bientôt collé à la vitre, la main au dessus des yeux pour tenter de briser la lumière. La pièce semblait petite, toute de bois vêtue, mais je ne voyais pas grand chose.
J'ai donc poussé la porte, ne m'attendant absolument pas à ce qu'elle s'ouvre, ce qu'elle fit pourtant. Sans grincer, sans forcer, sans coincer. J'aurais presque pu être inquiet, si j'avais été dans un film d'horreur, si le soleil avait été couché et si la lune avait projeté des ombres dansantes contre les pavés ! Mais je suis entré sans trop y penser, bien qu'hésitant quelque peu.

Effectivement, plusieurs parfums m'ont semblé venir danser autour de moi, comme pour me souhaiter la bienvenue. Effectivement, la pièce était petite, également. Quelques mètres carrés, tout au plus 10. Adossée au mur qui se trouvait sur ma droite, une sorte de bibliothèque massive agrémentée d'une multitude de tiroirs et petite porte. Elle recouvrait la totalité du mur et avait dû être montée à l'intérieur, impossible qu'elle pu passer par la porte. Dans le fond de la pièce un petit comptoir surmonté d'un bougeoir à trois branches disposées en triangle. Il n'y avait personne. Il n'y avait pas d'autre porte non plus, donnant sur une éventuelle arrière boutique. A vrai dire il n'y avait rien d'autre que ce que j'ai énuméré. Si ce n'est ces légers parfums... et une certaine dose de curiosité.

Je commençais à dévisager ce meuble, admirant sa facture. Ciselures, enluminures, marqueteries de bois et de nacres, dorures et argentures...
J'approchais la main d'un tiroir pour l'ouvrir, curiosité oblige. Un arc-en-ciel de senteurs épicées en sortit soudain, et tout c'est coloré des décors d'un de ces ailleurs annoncés au dessus de l'entrée ! Des saris mordorés ou rougeoyants décorés d'arabesques brodées enveloppaient des danseuses brunes aux yeux noirs étincelants. J'entrevis même un tigre passer au loin en feulant sous les ombrages, alors qu'une musique semblait venir de nulle part.
Je refermais bien vite le tiroir sous le coup de la surprise. Pourtant, ma main en cherchait déjà un autre, avide de savoir ce qu'elle pourrait y découvrir. Un parfum de cannelle sur un fond de bouddha allongé s'en échappa sous une couleur de coucher de soleil. Le suivant m'enroba de vanille pendant que d'espiègles lémuriens m'observaient depuis les arbres sous lesquels je me trouvais, au milieu des sonorités de la jungle toute proche !
Et j'ai joué ainsi à voyager jusqu'à en être épuisé, tout comme si j'avais parcouru à pieds toutes ces merveilles !

Je n'avais toujours vu personne lorsque j'ai repassé la porte de la boutique, et n'ai aucune idée du temps que j'ai pu passer à l'intérieur. J'avais bien pris garde à refermer soigneusement tous les tiroirs avant de sortir, puis j'ai repris mon errance dans les rues de la ville. Il ne me restait rien que l'impression d'être suivi de mille parfums d'ailleurs, portés par une foule dansante et riante. Je me retournais parfois mais ne voyait rien ni personne.
J'ai quelquefois essayé de retrouver la boutique sans jamais y parvenir. Personne ne la connaissait, ni même n'en avait entendu parler. Pas plus que de la "Rue des pas perdus", d'ailleurs...

14 juillet 2012

Polaroïds (Captaine Lili)

« Si l’épice rit, c’est qu’elle est joyeuse » fredonnait  le grand-père.  

Assis dans son fauteuil à bascule, il pensait à grand-mère.

Petite fille, avec son tablier, elle plongeait, tous les jeudis, sa main menue dans le bocal de sucreries. Et lui, le fils de l’épicier, succombait à sa mine gourmande.

14 juillet 2012

Petit commerce (Walrus)

Résultat sans doute d’une frustration ancienne -elle n’a jamais reçu de “petit magasin” pour sa Saint Nicolas (mais pourquoi lui en aurais-je offert un ? Je n’en avais pas reçu moi-même et de toute façon je n’ai pas la fibre mercantile)- ma fille avait fourni aux siennes la panoplie totale du parfait petit commerçant de quartier, arnaqueur mais sympathique.

Et quand je dis “totale” je ne raconte pas de blague : auvent multicolore, comptoir, rayonnages, tiroirs, caddie, caisse enregistreuse avec scanner incorporé, monnaie de singe, tout ! En bois ! Sauf l’auvent et la monnaie. C’était alors la pleine mode du jouet écololigneux, aujourd’hui recyclable via la chaudière à bois.

J’entends de loin vos gros sabots : “Et la marchandise ?”

Ben oui, la marchandise également, et elle aussi en bois : sardines, petits pois, cornichons, saucisses de Francfort, asperges, fonds d’artichauts, haricots princesses, etc, etc en bois, bien rangés dans leurs boîtes (en fer), pains et brioches en bois, légumes en bois, y avait même des tomates constituées de tranches de bois assemblées par du scratch, ce qui permettait de les découper au moyen d’un couteau... en bois.

“Mais où veut-il en venir ?” vous demandez-vous...

Ben à ceci : l’année précédente, elles avaient déjà reçu une cuisine, elle aussi toute en bois. Si bien qu’elles se foutaient complètement du magasin et utilisaient le contenu de ses boîtes pour se jouer leur petit Top Chef.

Et devinez qui qui devait, pour éviter qu’on se prenne la pelle du siècle en marchant sur les petits pois, faire réintégrer leur contenant au contenu ainsi dispersé à travers toute la maison, hein ? Devinez !

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Le défi du samedi
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