Suite de Sebarjo (rsylvie)
EDEN DOG chez le Baron de la Fiente (Sebarjo)
Milord et Milady, le chien et la chienne du baron de la Fiente -qui par ailleurs produit un excellent champagne (voir étiquette ici-bas)– se reposaient au soleil, allongés inhabituellement sur le dos dans le gazon fraîchement tondu par Nicolas le jardinier, près du bassin où des carpes japonaises bullaient paresseusement.
La gueule levée vers l'azur d'un ciel limpide, ils discouraient librement en évitant tout (ac)croc... Les banalités d'usages fusèrent, pour lancer les débats et s'orientèrent évidemment sur la climatologie et autres niaiseries météorologiques.
Milord : fait chaud hein ??? J'en frétille de la queue...
Milady : J'en ai le poil tout retourné !!! Les rayons du soleil me chatouillent tout le corps, j'en ai la truffe humide... Hmmm... La canicule est de retour, dirait-on...
Milord, un temps : Quand tu penses que Canicule vient du latin Canicula et que cela signifie Petite chienne, ça me donne chaud... O Ma belle, M'amie Lady, ma petite chienne... (il pousse quelques jappements évocateurs)
Milady : Et quand tu penses également que ces crétins d'humains, lorsqu'il pleut des cordes, parlent d'un temps à ne pas sortir un chien... Quellle absurdité !!!
Milord , déçu que son approche n'ait pas fonctionné et se disant qu'il l'avait dans l'os, mais bon joueur malgré tout : Tu l'as dit, chérie... Ils sont fous ces humains !!!
Milady : Mais regarde, il y a tout de même quelques nuages qui approchent...
Milord : Effectivement... Tiens, c'est amusant... Regarde-bien ce cumulus, il ressemble à un cubitus, non ?
Milady : Oh Milord, nous sortons à peine de gamelle, et toi tu penses déjà à manger !!!
Milord : Que veux-tu, je suis un gourmet panseur !!!
Un long temps... l'un panse tandis que l'une pense, tant la profondeur philosophique de ces derniers propos est intense et apéritive...
Milady : Dis donc Milord, je viens de voir des espèces de cloportes sauter deci-delà...
Ne me dis pas qu'ils viennent du bassin aux carpes !!!... Allez, avoue, tu ne t'es donc pas baigné ce mâtin ??? Tu es encore plein des puces !!!
Milord : Enfin ma puce euh...M'amilady... tu sais bien que je trouve le bain trop bath !!! I'm so british !!! je ne le manquerai sous aucun prétexte ! Ce n'est pas la peine de me passer un savon !!! ... Ce doit être encore des poux à Toto...
Milady : Oh oui tu as raison, je l'avais oublié ce garnement !!! Oh, quel sale gosse tout de même !!! Le Baron devrait dire à la gouvernante Pou-pou-ne de lui raser la tête, sinon on ne s'en sortira jamais...
Milord : Ouh là !!! Comme tu y vas !! Tu connais Pou-pou-ne ???!!! Si monsieur le Baron lui dit de lui raser la tête, elle va la lui couper carrément !!! O + O = plus de tête à Toto !!!
Milady : Tu as raison, je n'y avais pas sangé...
Milord : parlons-en plutôt au précepteur, Joe Krapov, il s'y connaît en cochon lui...
Nicolas et Toto se dirigent vers les deux cabots, l'air cabotin... Que va-t-il arriver à nos deux héros canins ??? Vont-ils succomber à cause de ces serpents qui sifflent déjà sur leur pomme ???
Juste le temps d’une page de publicité, pour un excellent champagne, laissons Milord et Milady moelleusement languissants au soleil, pour revenir une petite heure en arrière. C’est à dire au moment où, Joe Krapov précepteur de son état fait intrusion dans la pièce où l’attend le petit Toto. Comme à son habitude, le garçonnet n’a de cesse de gesticuler tant l’anxiété de la situation le tenaille. Il a surpris 10 minutes plus tôt, entre la gouvernante et Mr Krapov une conversation à son sujet dont la tournure l’a quelque peu inquiété. En gros, les propos étaient les suivants :
-« ça ne peut plus durer ! déjà 8 semaines que je fais de mon mieux pour endiguer ce fléaut,,,, Et ce p’tit garnement, qui ne suit aucune de mes consigne, et n’en fait qu’à sa tête. Va voir de quel bois j’me chauffe » !
Joe qui ne sait quoi refuser à Pou-pou-ne (qui elle par contre, s’est toujours refusée à lui) profite de la situation pour proposer ses services, avec l’intention à peine dissimuler d’amadouer la belle.
-« Pou-pou-ne, je suis votre homme. A nous deux, c’est bien foutaise si nous n’arrivons pas à bout de cette petite crapule pouilleuse » !
c’est ainsi, que sans avoir eu le temps de dire ouf, Toto qui avait suivi le plus docilement possible son précepteur afin de ne pas envenimer les foudres de guerre qu’il pensait recevoir, ou éviter la volée de bois vert qu’il savait mériter faute aux souris déposées par inadvertance dans le lit de sa sœur Mimie, s’est retrouvé pieds et poings liés contre le torse velu de Mr Krapov. Qui le maintenait la tête au dessus d’une barrique en bois, disposée pour la situation à l’extérieur de la cuisine. Que mademoiselle Pou-pou-ne avait délaissée, le temps d’une tonsure salvatrice envers la communauté Fientesque de ces lieux.
Ni les cris, ni les larmes du garnement ne firent renoncer nos deux tortionnaires. C’est ainsi, qu’au bout d’1/4 d’heure, « y avait plus un ch’veux sur la tête à Toto » !
Fourbus et quelque peu courbaturés des coups donnés par l’enfant, nos deux protagonistes le laissèrent meurtri sur l’herbe pour se diriger de nouveau vers la cuisine, y prendre un bon verre de cidre réparateur. Les yeux larmoyants, le cœur plein de haine notre Toto n’a de cesse de crier VENGEANCE, quand son regard tombe sur le rasoir laissé là. Qu’il s’empresse de mettre aussitôt dans sa poche.
-« pardon Monsieur Nicolas, mais j’ai oublié mon chapeau. Vous vous doutez bien que par ce soleil, il me faut maintenant redoubler de vigilance » ! Surpris de tant de lucidité, le jardinier ne peut qu’acquiescer un
-« va petit… tu me retrouveras dans le quartier de mes chères odorantes »
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Toto s’enfuit en direction du château, dont il se détourne dès que le brave homme n’est plus dans son champ de vision. Et, c’est pas à pas, sans faire le moindre bruit, que le garnement rebrousse chemin pour venir le rasoir en main se jeter sur Milord et Milady, deux magnifiques setter irlandais au poil soyeux. En s’écriant :
- -Dis donc Milord, je viens de voir des espèces de cloportes sauter deci-delà...
Ne me dis pas qu'ils viennent du bassin aux carpes !!!...
Allez, avoue, tu ne t'es donc pas baigné ce matin ???
Tu es encore plein des puces !!! et bien j’ai la solution ….. »
Mais allons plutôt retrouver ….
Suite de MAP (Joye)
Suite de Joe Krapov (Sebarjo)
Les premiers saltimbanques
Nous formions, elle et moi, un curieux équipage.
On eût dit une reine et j’eusse été son page !
Mais c’est moi qui dardais de mon bel aiguillon
Le quadrille léger
De la gent papillon
Dont nous étions les passagers.
Qu’elle fût callipyge ou pas, nul ne l’occulte :
Tous ses adorateurs lui vouaient un gros culte.
Ses appas dénudés enflammaient les nuages
Et c’est à l’aventure
Par doux vagabondages
Que nous parcourions la nature.
Nous semions ici bas l’ivresse, le plaisir,
Le trouble et l’émotion sous forme du désir.
Chacun était touché de nos traits insidieux,
On nous aimait beaucoup :
J’étais enfant des dieux
Et je faisais mouche à tout coup.
Cette image de nous qu’à présent je contemple
Soulève mon courroux. Je cherche en vain le temple
Où nous pourrions encore aujourd’hui essaimer.
Je ne suis pas miraud
Et je sais bien qu’aimer
N’est plus donné qu’à des héros.
Danser la capucine en ces temps n’a plus cours
Et vous n’accordez plus à ces charmants discours
Du dieu Amour grande importance en vérité.
Cette époque est foutue.
Faites sans nos bontés :
Eros ne bande plus, Aphrodite s’est tue.
Edouard Toudouze. - Eros et Aphrodite (Musée des Beaux-Arts de Rennes
Suite par Sebarjo :
Mais danser les Canards en ces jours reprend le cours
Sur des musiques aux mille canards qui suivent toujours
d' improbables chenilles déguenillées et déjantées,
Débandades corporelles, orgiaques et inhibées.
Pantalon a survi à la farce du monde
Et se dévoile à la face des blondes
aussi hagardes de l'Est que de Lyon
Et, niaisement l'amour reste au niveau du cale-sons.
Car à Apollon, Pantalon a fait ce Tour
Montparnasse et les dieux dans leurs carcasses
Déversent inlassablement sur leur mont parnasse
Les sanglots longs de l'amour qui tourne court.
La mayonnaise ne monte plus bien haut,
Le vinaigre reste à l'aigre et le vin triste subsiste
L'âme aura bientôt perdu tout ce qu'elle avait de beau
Au ryhtme de crises en thèmes aquoiboinistes.
Sans son arc de triomphe,
Eros ne bande décidément plus,
Tandis qu'Aphrodite sur un divan ronfle.
Cette époque est véritablement foutue !
Suite de Tiphaine (Joye)
Chapitre LXVII (Tiphaine)
Le plaisir ne dure qu’un temps.
Akinisi et Anosmik étaient étendus, comme sans vie, ils regardaient le ciel.
Cette planète était étrange et ne ressemblait guère à la leur.
L’herbe rose, le ciel orange et jusqu’à ce soleil aux rayons bleus ne cessaient d’émerveiller la jeune voyageuse.
Son compagnon, lui, essayait de calculer l’éternité que devrait leur prendre le trajet retour.
Akinisi : Regarde ! Mon amour ! Comme ils sont beaux ces nuages !
Anosmik : Oui, oui…
Akinisi : Oh ! Vise un peu celui-là ! On dirait notre fusée !
Anosmik : Moi je trouve qu’on dirait une bite…
Akinisi : Pffff… Tu ne comprends vraiment rien à la poésie du monde, toi… Oh ! Tu as vu le gros nuage là-bas ? Regarde ! Tu ne trouves pas que ça ressemble à un de ces angelots joufflus qu’on voit dans les vieux livres ?
Anosmik : Hum…
Akinisi : Quoi ?
Anosmik : Rien, rien…
Akinisi : Mais si, vas-y…
Anosmik : On dirait juste une grosse paire de fesses, c’est tout.
Akinisi se leva rageusement et fit mine de s’en aller. Anosmik ne dit rien. Il avait la rage profonde mais discrète. De même que la douleur.
Relevant la tête, il aperçut au loin l’adversité. Comme tous les soirs, elle tissait… Voulant se rattraper de sa précédente maladresse, et peut-être motivé par le fait que cette romantique personne était la seule du sexe opposé à des années lumière à la ronde, il interpella courtoisement sa compagne qui s’éloignait à présent :
- Mignonne ! Regarde l’adversité tout là-bas ! Que te semble-t-elle tisser, ma douce ?
Akinisi scruta l’horizon un long moment, puis déclara pensivement :
- Desseins… de noirs… desseins…
Perplexe, Anosmik se rembrunit soudain.
Il ne comprendrait décidément jamais rien aux femmes…
Et la fin, par Joye…
Le défi #67 bis
Chapitre LXVII
***
Où,
nus, allongés sur le dos, nos deux héros* discourent de la forme des
nuages, de la caresse du soleil sur la peau, des petites bêtes qui
peuplent la lande et du plaisir, tandis qu’à l’horizon, l’adversité
tisse ses noirs desseins.
Cette semaine, vous nous donnerez votre version du chapitre 67 de ce
roman fleuve dont nous ne lirons pas le début faute de l'avoir jamais
retrouvé.
Soyez fidèles aux promesses de cette introduction et
gardez-vous de conclure l'histoire, il n'est pas impossible qu'on vous
demande de poursuivre le texte (selon une règle de constitution des
binômes tenue secrète pour l'instant) d'un de vos co_partenaires de
défi lors d'une semaine à venir.
* libre à vous de les placer dans le règne animal de votre choix — y compris de fantaisie— et de leur attribuer le sexe qu'il vous plaira de leur voir arborer.
Nous avions attribué les suites à donner :
Il est l'heure de les poster (certaines patientent depuis fort longtemps à l'ombre de notre protection).
Pour ceux qui n'auraient pas joué la première fois, et que l'envie démangera, nous suggérons qu'ils choisissent un texte dans la production du#67 (cliquer sur " toutes les archives" en bas de colonne de gauche et tout en bas de la nouvelle page qui apparaît retrouvez le tag #67, cliquer sur lui) et qu'ils nous envoient leur propre suite (en copiant dans leur courriel ou document joint le texte qui les a inspirés en tête de leur version). On acceptera également des textes qui répondraient à la consigne 67 sans constituer de suite pour autant.
Toujours :
samedidefi@hotmail.fr
Auto-satisfaction à partager entre mille
SOUS LA LUNE (Joye)
Sous la lune
quelques-unes
De mes pensées se défont
Elles m'échappent
Elles se drapent
Dans leurs manteaux de saison
C'est vrai, j'avais toujours imaginé qu'elles termineraient leurs courses derrière cette porte secrète au bout d'un jardin qui appartenait à cet inconnu dont je rêvais, lui qui serait un jour à moi, mais je ne pouvais pas en être sûre. Je volais des moments dans mes journées bien chargées, essayant vainement de savoir comment procurer la clé qui m'ouvrirait cette porte. Parfois, je me disais que c'était le secret du bonheur. Parfois je me disais que c'était tout simplement l'amour. Lors des jours de chagrin, j'étais convaincue qu'il ne s'y trouvait rien ; il suffisait d'un simple rayon de soleil le matin au coin de ma fenêtre pour me convaincre qu'il s'y trouvait les émeraudes d'une grande fortune égarée. Tout ce qu'il me fallait, ces jours-là, c'était la clé qui m'ouvrirait cette porte. Parce que je savais que si je n'arrivais jamais à trouver la porte, la porte et l'inconnu me trouveraient.
Le temps passa. Je grandis. Peu à peu, j'oubliai la porte. Et l'inconnu. De temps à autre, j'y pensais, mais en riant, parce que je savais que ce n'était qu'une lubie de gamine. La vie est rigoureuse pour ses apprentis. Peu à peu, je me rendis compte que le vrai bonheur n'existait pas. Et que même s'il existait, ce n'était pas mon destin d'être heureuse. J'acceptai.
C'était un jour comme un autre quand je le connus. Pas comme dans les histoires d'amour, où la héroïne s'évanouit et se réveille aux bras d'un bel homme au regard tendre. Il n'était ni beau, ni tendre. Au contraire, c'était un homme brutal, comme je découvris la nuit des noces. Comme il me le rappelait jour après jour après satané jour. Des insultes. Suivie par des gifles. Qui devinrent des coups. Qui devinrent, eux, des raclées. Des raclées qui devinrent une correction. Un œil au beurre noir. Deux côtes cassées. Trois nuits à l'hosto.
J'oublie combien de temps passa ainsi. Je ne sais pas pourquoi personne ne demanda jamais d'où venaient mes bleus ou mes fractures, mes chutes invraisemblables, des brûlures répugnantes. Moi, je ne pensai pas à les expliquer. Je sais que le personnel aux urgences me connaissaient de vue et de nom. Mais c'était clair que tout le monde s' en foutait. La vie est rigoureuse pour ses apprentis.
Lentement, je réussis quand même à ne plus provoquer les plus grosses rages. Lui les garda alors pour les jours de fête. Mais c'est vrai que le ménage était souvent en fête. Je ne sais plus comment ni pourquoi, mais je pris l'habitude d'écrire un peu chaque jour. Pour une raison quelconque, mettre quelques mots sur une page d'un de mes vieux cahiers avec un Bic ancien soulagea la douleur lourde qui m'accompagna. Il rendait moins fort le bourdonnement constant dans mes oreilles.
Un jour, je regardais un peu les pages de mon cahier. C'était d'un cours de français l'année où j'entrai en troisième. Je ne me souvenais plus du nom du prof qui nous avait expliqué ce que c'était qu'un haïku et qui nous encouragea alors d'en faire. Je regardai un peu la page vide où j'aurais dû commettre un poème. Elle était encore vide. Soudain, mon crayon gratta rapidement trois lignes, automatiquement, comme si j'avais toujours connu ces mots. Devant mes yeux étonnés, je vis :
Lune qui danse
Parmi les beaux nuages :
Curieux hasard.
Je restai bouche-bée devant la page. Moi, j'écrivis un haïku ? Non, c'était une erreur, je me trompai. Ce n'était pas moi qui venais d'écrire ces mots.
Je me concentrais trop fort. Erreur. Je n'entendis pas la porte rouge au fond du jardin qui claqua, ni les pas titubants sur l'escalier. Je ne sentis pas son odeur, je ne m'aperçus pas de sa présence avant que sa grosse main dure m'ait saisie par le cou pour me jeter par terre comme un vieux chiffon déchiré. La danse alla commencer, ne manquait que sa musique. Mais le chef d'orchestre resta à son tour figé devant ma page.
- C'est quoi cette merde ? hurla-t-il. Il passa deux moments à fixer difficilement la page.
Deux minutes passèrent dans le silence total. Et puis il commença à rire. À hurler comme un vent hivernal et vicieux. Et ensuite commença la musique. Avant la dernière mesure, il prit le vieux cahier et le déchira en petits morceaux, laissant son partenaire immobile sur le plancher joliment décoré par les confettis et le sang. Il fallut six mois avant de pouvoir tenir un stylo dans mes doigts cassés.
Mais je sais maintenant ce qui se trouve derrière cette porte rouge au fond du jardin. Un cadavre qui porte un vieux stylo Bic foncé enfoncé dans une des jugulaires.
Curieux hasard.
Car ce soir, la lune dansera bien parmi les beaux nuages.
Que deviennent
Mes poèmes
Quand ils prennent l'horizon
Où partent
Toutes ces cartes
Qui se décrochent de mes cloisons
Certaines
Me reviennent
Un peu plus troublées que de raison
Défi #80 (Vegas sur sarthe)
Monsieur Jeannot Lapin, ayant carotté tout l'été, se trouva tout ventru dès l'automne venu; pourtant sa gourmandise dépassant sa couardise le mit au pied d'un mur qui sentait bon, pour sûr!
"Nom d'un pet de lapin, qui a faim trouve moyen" se dit le flatulent glouton cherchant une solution.
Il tomba à la dérobée sur une porte qui l'était tout autant, toute de lierre encadrée, enclavée, délavée. Jeannot Lapin par l'odeur alléché se tint à peu près ce langage: "Si ma carrure de fourrure passe par l'embrasure, foin des ferrures et d'la serrure, je vais bouffer, ça c'est sûr !"
Mais dans la région on ne prend pas les portes pour des gonds et les charnières ne sont pas nées d'hier...
"Que le diable t'emporte, je t'aurai, foutue porte!" s'écria le lapin qui ne craignait plus rien. "Ce matin, un lapin a tué un chasseur, ce n'est pas un bout d'bois qui va me faire peur!"
"ça tu l'auras voulu, vieux machin vermoulu" crie t'il au portillon qui en sort de ses gonds.
"Ah! Tu m'as dégondée, y'en a qu'ont essayé... y z'ont eu des problèmes" grince la vieille porte qui connait ses classiques.
Cela dit, il fut très rapide et Jeannot Lapin emporté par l'élan tomba en clapissant..... dans un bouillon bouillant.
"Le beau gars que voilà, appelle-moi Petula" dit un poulet de Loué coiffé d'un champignon, assis sur des navets et un tas de jambon.
"A secouer le destin
tombe
le fruit du hasard"
"ça va " dit le lapin "j'ai déjà l'feu au cul, pas besoin d'un haïku! Que fais-tu là, Petula? What do you do there ?" (Jeannot était un peu rabbit à l'occasion)
"Moi, j'attends le chou vert... et pis les pommes de terre" répond la pétulante Petula.
"Fais pas tant de mystère, là ça sent le Jasnières" s'inquiète Jeannot dans son fond de veau.
"Ah Ah!" caquette Petula, le bec enfariné, "un Jeannot au Jasnières et dopé aux carottes, c'est tout ce qu'il nous faut, maintenant on mijote".
Jeannot comprit trop tard que la porte sournoise
masquait un vrai terroir: la marmite sarthoise!
Refrain: (Revisité)
Moi je sais où elle habite
On l'appelle "La Marmite".
Vendange (Phil)
Bienheureux
hasard
Ma
venue parmi les vignes.
L’or
est dans le verre.
Il y a tant
d’années. Plusieurs décennies.
Et me voici de
retour. J’ai laissé le vieux Québec derrière moi. J’en suis parti sans regret.
Il s’agissait de tourner une page. Je n’ai même pas pris l’accent,
s’étonne-t-on maintenant, tandis que j’embrasse l’un après l’autre les oncles
et les tantes, les cousins et les cousines.
Demain ce sera la
vendange et nous irons entre les rangs mordorés couper les grappes gorgées de
sucre. Bientôt les rires et les appels fuseront dans la légère brume du matin.
J’aurai la sensation d’une communion entre nous. Peut-être y aura-t-il de la
rosée. Peut-être nos doigts seront-ils gourds à force de triturer du froid,
alors il faudra prendre garde au coup de sécateur, un accident est si vite
arrivé.
A un moment
quelqu’un décrétera que ce sera l’heure de la pause. Alors l’un des oncles,
celui qui est devenu le patron, se dirigera vers la petite porte rouge ouvrant
dans le tuffeau.
A ce moment,
j’échangerai un regard de connivence avec Emilie, ma jolie cousine. Oh, je
sais, elle n’est plus une jouvencelle. Je vais sur mes cinquante, et elle a
quelques années de moins. Mais qu’importe. Il me plait qu’elle soit toujours ma
jolie cousine. J’aime la manière dont la vie a marqué son visage.
Ce regard, nous
l’échangerons, car derrière la petite porte rouge, nous nous souviendrons que
se dresse un palais magnifique, mais c’est un secret, à ce qu’il paraît. C’est
du moins ce qu’on nous disait lorsque nous étions enfants et que nos jeux nous
portaient par ici : derrière la porte, il y a un secret. Un secret
terrible, même, ajoutaient certains pour nous faire peur.
En fait de secret,
je sais bien ce qu’il y a, moi, derrière cette porte dont on garde jalousement
la clé. Le mystère n’est pas bien grand. Il s’agit juste de savoir si l’oncle
ramènera du bourgueil ou bien du chinon. Si ce sera un vin d’une année
quelconque ou au contraire une œuvre d’art sculptée par les aléas de la météo.
Je regarde Emilie.
Oh, ce qu’autrefois j’ai été amoureux ! Dans ses yeux je lis encore la
connivence, et voilà que ça me donne envie de chanter, comme autrefois, que…
…¯Moi, j'avais le soleil
Jour
et nuit dans les yeux d'Emilie¯.
Derrière la porte (Laura)
Parlent tes mots
Qui apaisent
Mes peurs
Derrière la porte,
Posent tes pas
Sans partir.
Repose ta peau
Pour parer
Mes pores
Tu me fais tourner la tête
Mon manège à moi, c’est toi
C’est un tendre hasard
Si derrière la porte
Il y a ton regard
Welcome to reality, Marie! (Val)
Marie, après un long hiver, avait un jour trouvé refuge au pays des illusions. C’était doux. Et elle y était bien. Au pays des illusions, c’était toujours le printemps. Il y faisait bon. Au pays des illusions, on ne devenait jamais adulte. Toujours le printemps! Marie y aurait toujours dix ans. Le pays des illusions, c’est des chagrins qui s’en vont. Marie le savait bien. Elle remerciait chaque jour cet heureux hasard qui lui avait offert cette prison dorée.
Marie savait plus ou moins comment sortir du pays des illusions. Tout au bout du pays des illusions, il y avait une porte, que personne n’avait jamais osé emprunter. Elle avait entendu mille versions, les unes plus noires que les autres, sur ce qui se trouvait derrière cette porte. Certains disaient que derrière la porte, il y avait l’hiver. D’autres pensaient que derrière la porte, c’était le monde des adultes, ou alors celui de la réalité, ce qui revenait au même...
Marie était parfois tentée par cette porte que personne n’osait même regarder. Elle était curieuse, un peu attirée par cette réalité des adultes que dans les romans, on décrivait belle. Un jour, Marie voulut ouvrir la porte. Elle hésita, mais le vieux hibou qui parle anglais la rassura, lui assurant que si jamais elle était trop déçue par ce qu’elle trouverait derrière la porte, elle pourrait toujours faire demi tour, et retrouver les polochons pour champ de bataille et autres amis du monde des illusions.
Marie se dit un matin : « Les lutins doivent dormir , c’est le moment, allons voir! ». Et elle ouvrit la porte. Derrière la porte, c’était l’hiver. Derrière la porte, c’était le monde des adultes. C’était la réalité brute et cruelle. Le hibou avait menti. Elle voulut faire demi tour mais la porte ne s’ouvrait que dans un sens. On ne pouvait jamais faire marche arrière.
***
Marie vit là, maintenant. Le pays des illusions est loin.
Ici, c’est la réalité. Marie a froid. Marie a cent ans. Ici, les lettres viennent mourir dans la neige. Ici, il n’y a même pas de bonbons pour la mémoire. Marie oubliera les illusions.
Marie ne sait pas comment on se protège.
Marie est morte.
Marie, sous les rêves, il y a parfois des pièges.
Pourquoi la vie, ça s'arrête ?
Est-ce que l'amour, ça se prête ?
Est-ce que la Terre tourne bien ronde ?
Les cadeaux , dis, c'est pour tout le monde ?
On dit souvent que
Le hasard fait bien les choses
« On » se rassure
Comme il peut…
PORTE VUE (Tiniak)
PORTE VUE
Non, merci... un défi dès le matin ?
Merci... non... ou alors très tôt alors... parce que, bon
when I wake up early in the morning
lift my head
I'm still yawning
when I'm in the middle of a dream
stay in bed
float up stream
please don't wake me
no, don't shake me
leave me where I am
revenez plus tard
j'aurai conquis le hasard
en quelques couplets
pour l'heure, permettez
que je boucle mon rêve
oui, c'est un rêve à boucler...
sans trêve...
un fichier qui sonore
un défi qui s'honore
à la nuitée laminée
d'avoir tant bataillé
pour garder son secret
secret
...
PORTE VUE
Je vois... un jardin... il est sale
Des arbres mangent... une lune pâle
bavent du lière sur les buissons
Ce jardin est un abandon... épais... profond,
il s'y empêtre des saisons
un confus amalgame
d'odeurs... de couleurs... flamme,
terreuses... piteuses...
et réchappées de quelque drame
Ici, le règne du végétal
l'emporte sur l'autre... animal
avec... une arrogance... totale
J'avance... du moins, je le pense... je l'espère
Prudence... plat, mon pied sur la terre
qui grogne... maudit ma présence... et me pousse
J'avance... dans l'indifférence... de la mousse
Je vois... comme une lisière... c'est un mur
Parfois... c'est une montagne... envahie de verdure
J'ai froid... je voudrais quitter... ce vilain cauchemar
Et quoi !... là... là, comme j'avais... ravalé tout espoir
Une porte
Une porte... l'ouvrir ?
Une porte ! ...Qu'en dire ?
que je pourrais... en quelque sorte
me délivrer de ce délire
pour trouver quoi ? ...derrière la porte :
bien mieux ? ...bien pire ?
Je l'ouvre... les yeux fermés
J'en passe le seuil... troublé
Je tire la porte derrière moi
J'ouvre les yeux
Je vois...
(là, boucler)
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version audio déjà bouclée :
http://pavupapri.hautetfort.com/archive/2009/11/06/porte-vue.html
Plante à genêt (Walrus)
"Ouvre la porte Richard !
Ouvre la porte j'ai pas ma clef !
Ouvre la porte Richard !
Qu'est-ce que t'attends pour te réveiller ?"
Et Jean (sans terre) de tambouriner à la porte dérobée (je ne sais où par je ne sais trop qui, mais actuellemnt intégrée au pied de la muraille en un coin discret couvert de lierre).
Régulièrement, Jean tentait ainsi de faire croire que le Coeur de Lion était au chateau, en proie à l'humeur noire et se désintéressant de la conduite des affaires du royaume.
Mais il n'y avait rien ni personne derrière cette porte, pas même un couloir, pas même un réduit, juste un secret de Polichinelle.
Et le bon peuple pensait :
C'est quoi ce bazar ?
Nous prendrait-il par hasard
Pour des connards ?
Marina(de) les pieds dans l'eau (Joe Krapov)
Entrée du pays des merveilles ?
Placard caché de Barbe-bleue ?
Huis clos de la chambre jaune ?
Niche du chien des Baskerville ?
Résidence des dix petits nègres ?
Repaire secret d’Arsène Lupin ?
Détective privé
De jugeote mais pas d’hypothèses,
Je prends des coups sur le citron
Mais je retiens votre attention :
« Ca vaut mieux que d’attraper la scarlatine »
Ou la grippe A/H1N1
Appentis de l’hôtel où Verlaine et Rimbaud se tirèrent
Dessus ?
Maison de berger dans le maquis corse où Marbeuf engrossa Laetitia la grenouille
Pour que Napoléon soit l’orgueil des Bretons ?
Arrière du 21 où habite l’assassin ?
Issue de secours du pensionnat où Paul Meurisse est entouré de diaboliques ?
Fabrique d’emplois fictifs en manoir de Corrèze ?
Banque de blanchiment de listings accablants ?
Usine d’eau gazeuse pour désaltérer l’amateur d’odes rocambolesques ou abracadabrantesques ?
Cachot d’Edmond Dantesque ?
Détective privé
De jugeote mais pas de références,
Je me mange des mandales
En tentant de mettre le mystère K.O.
« Ca vaut mieux que d’avaler d’la mort aux rats »
(de Montsouris)
Prison de hasard
Où l’on m’a bouclé, lié
A un fauteuil glauque !
Dans cette pièce hermétique
L’eau monte à vitesse grand V.
J’ai beau gigoter, hurler, appeler à l’aide Watson, Scotland Yard, Lestrade,
Maigret, Bourrel, Julie Lescaut, Tintin ou Rouletabille,
Personne ne vient à mon secours.
Mais que fait la police ?
(Elle compte les manifestants : 1, 1, 2, 2, 3, 3, 4, 4, etc. !)
Détective privé
D’assistance, de portable, de secrétaire,
De vie bientôt !
Inspecteur sans gadget,
Les genoux un peu mous,
Les pieds qui font « Glou-Glou »
Dans le repaire de Fu-Manchu
Détective pourvu
D’une existence exaltante et haletante
« Ca vaut mieux que faire le zouave au pont de l’Alma »
Qu’ils disaient !
Aujourd’hui, je ne vois pas trop la différence !
Ah les ados ! (Borsolina)
Ah les ados !
C’était pour ce soir, Mathieu l’avait décidé. Depuis qu’il avait vu cette inscription à l’intérieur de la porte de la grande armoire de l’aumônerie, il n’arrêtait pas d’y penser. Il avait d’ailleurs appelé Samy pour la lui montrer et celui-ci avait lu :
A la nuit tombée
Ce n’est pas par pur hasard
La porte du jardin
et s’était écrié :
- Ben la porte du jardin quoi ? Ca veut rien dire ton truc, c’est trop naze ! Pfff
Mathieu lui avait alors répondu :
- Mais arrête ! Tu sais bien : la porte au fond du cloitre, parait qu’il y a un passage secret qui mène direct au dortoir des filles. C’est de notoriété m’enfin ! Même mon frère m’en avait parlé à l’époque où il était pensionnaire lui aussi.
- N’importe quoi ! Quelque chose en toi ne tourne pas rond mon pote ! Tu rêves, on pourra jamais rejoindre les filles.
- Crois-moi, on tente ! Viens on va chercher Flo, j’suis sûr qu’il sera partant !
- Ca c’est vraiment toi… quand t’as une idée en tête tu l’as pas ailleurs !
Le soir venu, les garçons attendirent l’extinction des lumières du pensionnat pour filer en douce dans la cour. Ils traversèrent le cloitre en courant, la pénombre leur glaçait déjà le sang lorsqu’ils arrivèrent essoufflés devant la porte. Samy commençait déjà à trépigner et essayait de dissuader ses deux amis. Mais ils ne lui laissèrent pas le choix et commencèrent à traficoter la serrure rouillée de la porte. A leur grand étonnement, celle-ci n’était pas verrouillée et s’ouvrit dans un grincement qui aurait réveillé un mort. Les trois copains se trouvaient alors devant cette entrée plongée dans le noir. Mathieu dit : « Allez les gars, à vos lampes-torches, on y va. » Mais malgré son ton autoritaire et l’excitation de l’expédition, on pouvait déceler une légère inquiétude dans sa voix. Il entra le premier, pour donner l’exemple. Mais surtout il ne voulait pas perdre la face en se dégonflant.
Ils avancèrent alors dans une sorte de petit tunnel vouté en pierre. Le sol en terre battue craquait sous leurs pas. Ils ne disaient mot.
Rapidement, les trois garçons arrivèrent à un croisement : le passage se partageait en trois. A droite et au centre, le tunnel semblait continuer, alors qu’à gauche, il y avait un escalier. Flo, surnommé monsieur GPS, dit que l’escalier semblait trop près de la porte pour mener au dortoir des filles. Il restait alors le tunnel de droite et celui du milieu, Samy proposa celui de droite, Mathieu et Flo s’exclamèrent alors : « On prend celui du milieu ! »
Alors qu’ils longeaient le passage souterrain depuis quelques minutes, la lampe de Samy rendit l’âme. Ses deux amis éclatèrent de rire. Mais tandis qu’ils se moquaient gentiment de leur camarade, ils ne firent pas attention au sol qui se dérobait sous leurs pieds. Les trois garçons hurlant glissèrent sur une pente très raide et tombèrent dans une grande galerie. Samy pleurnichait et reprochait à Mathieu de l’avoir entrainé dans cette aventure. Mais Mathieu et Flo étaient subjugués par le lieu où ils se retrouvaient.
La grotte, immense, était magnifique. Elle était creusée à même la pierre et de nombreuses sculptures très étranges tapissaient les parois. Les garçons, intrigués, s’approchèrent en silence afin d’admirer ce magnifique tableau.
- Dis, Math, tu sais ce que ça représente ?
- Non, aucune idée… D’où ça sort ça ? C’est vraiment bizarre…
Leurs lampes parcouraient lentement les murs puis le plafond. C’est à cet instant que les garçons virent des milliers de petits yeux qui brillaient dans le noir et les regardaient. Samy, sautant dans les bras de Flo, poussa un cri strident et les milliers de paires d’yeux commencèrent à bouger dans tous les sens. Les chauves-souris, gardiennes tranquilles de ce temple, s’envolèrent toutes en même temps dans un brouhaha terrible et plongèrent tout droit sur les trois amis. Mathieu cria : « Courez, courez !!! ». Ils se mirent à courir aussi vite que leurs jambes le leur permettaient vers un autre tunnel qui se trouvaient dans le fond de la galerie. Virage à droite, virage à gauche, tout droit, « plus vite, plus vite » une petite montée, encore tout droit, le bruit des volatiles derrière eux s’amenuisaient au fur et à mesure de leur fuite, mais les enfants galopaient toujours jusqu’au moment où ils finirent par retomber sur le premier croisement qu’ils avaient vu après avoir passé la porte du cloitre. Ils étaient revenus à leur point de départ. Ils n’hésitèrent qu’un quart de seconde, et d’un signe de tête, se dirigèrent vers la sortie. A toute vitesse, ils arrivèrent devant la porte qui était maintenant fermée, mais impossible de l’ouvrir malgré les coups qu’ils lui assenaient. Il ne restait alors qu’une solution : l’escalier. Obligés de rebrousser chemin, il ne leur fallu pas longtemps pour grimper quatre à quatre les marches de l’escalier surplombé par une autre porte. Elle était fermée elle aussi. Ils tambourinèrent de leurs poings en criant à l’aide quand enfin ils entendirent le cliquetis d’une clé de l’autre côté. « Vite, vite, ouvrez-nous ! » La porte finit par céder, les garçons se précipitèrent à l’intérieur. « Mais que faites-vous là ? » leur aboya madame de Bouveret. Ils avaient atterri dans la chambre de la surveillante générale du pensionnat des filles.
Secret flirté (Captaine Lili)
Une porte ouvrait le mur.
Une
vieille porte en bois tissé d’herbes folles.
Il
suffisait de pousser.
Derrière,
il vit un pommier.
Et
puis un châtaigner.
Son
pied buta contre un coffret.
Pour
le déclaveter, il dut froisser une bolée de feuilles d’automne.
Trois
papiers à déplier…
Cœur au
hasard
Un voyageur,
Fêlure dans le mur
C’est ta
chance, ta force, ta dissonance
C’est ta chance, ta source, ta
dissidence
C’est ta chance, ton appétit, ton
essence
Et tout un
peu tremble
Et le reste s’éteint
Juste dans nos ventres
Un nœud, une faim
Froissement de vent…
Un
marron tomba.
Il
leva la tête.
Une
jeune femme balançait ses jambes et sa jupe entre les branches.
un secret (trop) bien gardé (Poupoune)
L’endroit était comme sur les photos : une belle maison ancienne à flanc de coteau, un grand jardin ni trop sauvage ni trop propret, à l’écart de la route et assez loin de tout pour se croire seul au monde… Exactement ce qu’il me fallait pour ces vacances. Le vieux proprio n’en finissait plus de me donner des consignes et, quand il m’a enfin remis les clés, il a dit :
- Une dernière chose. N’ouvrez pas cette porte. Jamais. En aucune circonstance.
Je ne l’avais même pas remarquée : vieille, envahie de végétation, dans un coin du jardin que je n’aurais sans doute pas eu l’idée d’explorer. Je ne sais pas pourquoi il a fallu qu’il m’en parle. Pour m’interdire d’y aller en plus.
Sur le coup je n’y ai guère prêté attention, mais en me couchant je me suis aperçue que je ne pensais qu’à ça. Que pouvait-il bien y avoir derrière cette fichue porte ?
Evidemment, je me suis imaginé un tas de choses : une chambre de tortures, la planque diurne d’un vampire, un équipement complet de sex toys, une collection de cadavres, une geôle puante où le vieux aurait séquestré des jeunes-femmes, un repaire de généreuses harpies aux aboiements lubriques offrant leur cellulite et leurs nichons blafards à de quelconques fouines en robes synthétiques fendues jusqu’aux néons de leur croupe ovipare… les trucs classiques, quoi.
J’ai super mal dormi.
Le lendemain, j’ai collé mon oreille à la porte. Rien. Pas de hurlements de loup-garou ou d’enfants violentés, pas de grognements de chien à trois têtes, pas de pleurs de femme violée, aucun bruit louche, en somme. Pas d’odeur pestilentielle non plus trahissant l’éventuelle présence d’un ou plusieurs corps en putréfaction.
Ça m’agaçait. Pire : ça m’obsédait déjà. J’ai essayé de me convaincre que ce n’était qu’une cave à vin et que le vieux avait juste peur que je lui descende ses meilleures bouteilles, mais rien n’y faisait. J’avais besoin de savoir.
Le jour suivant, je suis allée frapper à la porte. Après tout, hein… Un vieil ermite oublié, un bâtard difforme caché… mais non. Non plus. Ou alors sourds. Ou asociaux. J’ai frappé assez fort et assez longtemps pour réveiller un mort et personne n’a ouvert.
Oh ! et puis après tout, qu’est-ce que ça pouvait bien foutre si je l’ouvrais, cette satanée porte ? C’est vrai, quoi, merde…
J’ai fouillé toute la maison en quête d’une clé, sans succès. Evidemment.
Le jour suivant je suis retournée devant la porte. J’ai essayé de l’ouvrir. Elle n’était pas verrouillée… Oui. J’aurais pu essayer ça avant de retourner la baraque. Bien sûr. Et la porte, LA porte, cette putain de saloperie de porte de mes deux qui m’avait déjà gâché mes premiers jours de vacances était donc ouverte. Des jours à me demander ce qu’il pouvait bien y avoir derrière et là… je n’osais pas entrer. Le vieux était peut-être un sorcier maléfique qui me jetterait un sort affreux si jamais je désobéissais ? Un truc du genre :
hasard ou blizzard
guide les pas du curieux
malheur en son cœur
Mouais. Ou un truc du genre formule de sorcier maléfique, quoi. J’ai jeté un œil alentour pour vérifier qu’il n’y avait personne. Personne. Alors comment le saurait-il, le vieux, si j’entrais ? Parce qu’il était sorcier. Oui. Bon…
Quelque chose – la mauvaise conscience ? – m’empêchait d’entrer malgré tout. J’ai dû rester pas loin d’une éternité devant cette porte entrouverte et d’un coup, je sais pas… j’ai flippé. Toutes les conneries que j’avais imaginées, là… alors je me suis précipitée dans la maison et j’ai sorti les clés de ma poche pour m’enfermer à l’intérieur. C’est là que je l’ai vue. Bêtement sur le trousseau que m’avait filé le vieux. Une belle grosse clé bien rouillée, exactement comme celle que j’espérais trouver. Alors j’ai pris mon courage à deux mains et je suis retournée devant la porte. J’ai essayé la clé et c’était bien la bonne. J’ai fermé cette foutue porte à double tour sur son putain de mystère et je suis retournée quant à moi m’enfermer dans la maison. A compter de ce jour je me suis mise à entendre des bruits étranges en provenance de la porte… Je n’y ai pas tenu : foutues pour foutues, j’ai passé la fin de mes vacances chez moi à me gaver d’antidépresseurs. Cette histoire m’avait rendue dingue.
A la fin de l’été, je suis juste retournée rendre ses clés au vieux, mais j’ai même pas voulu approcher de la maison. Quand il m’a demandé, avec un sourire en coin et un clin d’œil complice, si j’avais mis longtemps à l’ouvrir, la porte, j’ai juste fait « hin hin » et je me suis barrée loin de lui, de son trou et de cette histoire à la con qui n’en était même pas une.
Quand, quelques mois plus tard, on a retrouvé derrière cette porte les restes de mes amis et du buffet qu’ils avaient préparé pour me faire une surprise pour mon anniversaire, je me suis sentie con.
Tir’ eul’ bobinett’ eul’ ch’villett’ cherra (Papistache)
M’l’avait dit la mèr’, faut pas, faut pas, jamais, i’faut pas jamais s’mêler d's affair’s aux z’aut’. C’que l’pèr’ toujours i’y’répétait, eul’père,
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
du temps qu’i suçait pas ’cor’ eul’ pissenlits par la racin’.
Eul soir, les gens i’disaient comm’ ça, qu’derrièr” la port’ à Mathurin, à des fois, comm’ ça, b’en, paraît — moi j’chais pas, jamais j’y suis-t-allé toquer à la port’ à Mathurin — paraît, à des fois, qu’y’avait des cris qu’on les z’entendait si qu’on collait s’n’oreill’ à la serrur’ à la port’ à Mathurin. Jamais r’en entendu. B’en trop peur qu’la mèr’ é’m’file un’ roust’ avec eul nerf eud‘ bœu’. Mathurin l’était pas l’genr’ qu’on fréquentait, nous autres, à c’tt’époqu’. Mathurin,
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Un’ fois, un’ fois seul’ment, j’lai poussée la porte à Mathurin. La mèr’ l’était ret’nue à la m’son rapport à sa phlébit’ qu’avait tourné façon manièr’ à des ulcèr’s. J’y’a collé mon nœil à c’tt’ foutue bon sang d’tabernac’ ed’serrur‘.
C’te porte è’ m’a chu
‘acristi’ bordel d’ hasard
Tout drêt su’ la goul’
B’en les voisins, l’en ont eu des cris, c’tt’ fois, c’taient les miens. I’m’aiment pas les voisins. I’disent
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
B’en
m’croyez pas ou b’en m’croyez pas, y’en a pas un qu’est v’nu m’aider à
m’rel’ver, j’m’en su’s traîné tout seul jusqu’au gourbi où qu’là mèr’
è’ braillait rapport à sa phlébit’ qu’avait tourné manièr’ d’ulcèr’s...
et p’is l’lend’main, b’en... la port’, l’était r’mise tout’ drête comm’
si que r’en n’eud’ r’en s’avait passé.
Comm’
j’vous dis, c’t un mystèr qu’est mystérieux, c’tt’ affair’. J’en sais
pas p’us que c’qu’j’en dis et pourtant j’y ai tout dit ce qu’j’en
savais.
Le commentaire de Valérie me fait songer que j'ai oublié de citer la source à laquelle j'ai puisé les paroles. Je suis allé écouter la version de Noir Désir, je l'ai aimée. Moi, bien sûr, vu mon âge, c'est Jacques Brel qui m'avait touché le premier. Je ne résiste pas à l'envie d'insérer une vidéo.
La porte du Hasard (MAP)
« Jamais je n’aurais cru cela possible ! Non, non, ce ne peut être vrai !!!!
Pourquoi ai-je découvert cette maudite porte lors de cette balade en forêt,
Bon sang qu’est-ce qui m’arrive !!! »
…………………………………………………………….
Vous vous demandez sans doute chers amis pourquoi ce personnage, appelons-le
A.H. simplement, paraît si perdu et tourmenté !
Eh bien voici son histoire :
En ce début d’automne le temps était au beau, il régnait encore une chaleur quasi-estivale et A.H décida d’en profiter pour faire une marche en forêt dans un coin qu’il n’avait pas encore « exploré » ! Les arbres offraient à la vue leur feuillage aux couleurs chaudes et lumineuses, l’air était embaumé des senteurs automnales. A.H. avançait d’un bon pas tout en faisant voler à son passage les feuilles mortes accumulées au sol retrouvant avec amusement les gestes de son enfance ! Il se surprit même à fredonner un petit refrain maintes fois entendu dans sa jeunesse :
« Il court, il court le furet,
le furet du bois Mesdames,
il court, il court le furet
le furet du bois joli. »
A.H. se sentait bien, il sifflotait ce même air et continuait à avancer sur le sentier forestier. Entre les troncs des arbres on distinguait des murets de pierres sèches recouverts de mousse et de lichens. Des pans de murs ensuite surgissaient témoignant d’anciennes présences et puis tout à coup cette porte énigmatique enserrée dans de solides blocs de calcaire taillés envahis par le lierre. Cette apparition produisait un effet théâtral surtout parce qu’il y avait cet écriteau énigmatique :
Porte du HASARD
A pousser très doucement
Laissez-vous surprendre !
Qu’auriez-vous fait à la place de A.H. très curieux de nature ? Eh bien oui, il suivit l’indication donnée aussi doucement que possible, il entra et voilà ce qu’il vit après que la porte se fut refermée d’elle-même derrière lui de façon définitive :
La même porte, mais cette fois-ci façon cauchemar !
« Il court il court le furet… »
Une autre porte, encore une autre !
Le HASARD !!! Ha,ha,ha, LAISSEZ-VOUS SURPRENDRE !!!
« Le furet du bois Mesdames … »
Des portes,
rien que des portes
mais jamais aucune sortie !!!
« Le furet du bois joli !!! »
« Le HASARD joli,
surpris,
surpris au piège !
Pas de sortie !
Tout doucement
derrière la porte
c’est la folie
qui vous attend !
* * *
P.S. Ce récit fantastique peut se terminer ainsi mais j’ai réservé une porte de sortie pour les claustrophobes. Si j’ai appelé le personnage A.H. c’est bien sûr en pensant à Alfred Hitchcock
qui serait en pleine recherche d’un nouveau scénario à faire trembler de peur dans les chaumières.
:-)